Carrie N Résistance Explications

Explications

Gustave se lève pour se diriger vers la table où se trouve Cassy, en contournant les nanas qui lui faisaient jusque là un immense sourire. Il les ignore royalement, ce qui les laisse perplexes.


Cassy discute vivement avec les mêmes personnes que la dernière fois, en souriant, gesticulant. Je suis tellement surpris de la voir, que je ne vois pas tout de suite le geste de Gustave qui m’intime de le rejoindre.


Il me tend une perche que je dois saisir. Il faudra néanmoins que j’élucide ce qui ressemble fort à un traquenard !


Mon coeur bat la chamade. Je me lève et contourne à mon tour les deux filles restées bêtement statiques, leurs regards allant de moi à Gustave. Je le rejoins pour parcourir les derniers mètres qui nous séparent de Cassy.


Elle ne cille pas lorsqu’elle me voit. Fidèle à elle-même, elle nous accueille avec un sourire éblouissant. Gustave lui fait la bise. Encore. Je me rappelle que je ne suis pas revenu sur ce détail la dernière fois. Même s’il estime qu’il ne me doit rien, je le ferai parler.


J’attends que Cassy fasse le premier pas. Je me demande comment elle va me saluer. Là encore, aucune hésitation de sa part. Elle me fait la bise, comme elle le ferait à un vieux pote, en posant une main sur mon épaule. Dans la foulée, elle tend la main à Franck qui nous a suivi.


Son contact m’électrise. Mais je ne sais pas comment prendre ce geste. Certes, elle n’a pas eu le culot de me serrer la main, mais putain, c’est quoi cette bise à la con !

Je m’attendais à quoi en même temps ? A ce qu’elle me roule une pelle devant l’assemblée ? Imbécile !

— Vous allez bien les garçons ?

— Ouais ça va. On peut se joindre à vous ?

— Mais bien sûr !

Gustave me lance un clin d’œil lorsque Cassy valide sa proposition. Il semble heureux de son coup. Pas moi. Je n’ai pas envie de m’asseoir avec eux. Je ne suis pas là pour faire copain copine avec la bande à Cassy.

Pourtant je m’exécute, après avoir salué ses amis. A défaut de pouvoir lui parler en tête à tête, je m’assieds à côté d’elle, dans l’expectative de la moindre opportunité qui s’offrira à moi.

Je me sens directement aimanté. Ca va être compliqué de rester stoïque, de ne pas la toucher. Les fourmillements, qui se contentaient de recouvrir mes joues et l’épaule qu’elle a touchée, se permettent d’investir la totalité de mon corps en partant de là où elle se trouve assise, de là où elle regarde Gustave, sans me capter.


Je me demande quelle est leur relation. Pourquoi se font-ils la bise alors que Cassy met un point d’honneur à garder ses distances avec ses collaborateurs ? Comment savait-il où elle se trouvait ? Pourquoi semble-t-il si à l’aise en sa présence ?


Nous commandons chacun une pression. Gustave, habituellement peu loquace, fait pourtant la conversation. Franck le regarde d’un air ahuri, apparemment gêné par la situation. Il finit par m’interpeller dans un murmure.

— C’est quoi ce délire ? Qu’est-ce qu’on fout là ?

Je hausse les épaules. Je souris face à l’air de Franck. Il a un visage si expressif. Je baisse les yeux sur ma bière. Gustave m’offre une occasion en or. Je dois trouver une stratégie pour me retrouver seul avec Cassy. Je finis par me dire que le plus simple est de lui demander de nous isoler, discrètement, au cas où elle m’envoie balader.


Peut-être sait-elle lire dans mes pensées. Lorsque je lève les yeux sur elle, elle me scrute et détourne subitement son regard pour le plonger dans son verre, le rose lui montant aux joues. C’est le moment !

— Comment vas-tu Cassy ?

— Ca va bien merci et toi ?

Toujours le même ton, toujours le même sourire, mais dans son regard, il y a autre chose.

— Bien. As-tu reçu mon SMS ?

— Oui Baptiste.

— Pourquoi ne m’as-tu pas répondu ?

— Il nécessitait une réponse ?

Je percute à cet instant que mon SMS ne posait effectivement aucune question. Mais j’aurais aimé un retour, même un mot, quelque chose. Le genre d’attente que peut avoir une gonzesse en fait. Le genre d’attitude que je déteste. Je passe une main dans mes cheveux et me ressaisis. Je suis une vraie mauviette ! Il est grand temps que ça change.

— Pourrais-tu me consacrer un moment seul à seul ?

Elle ne me sourit plus, me fixe sévèrement puis plonge son regard dans son verre auquel elle semble se retenir. J’attends. Les secondes s’égrainent et elle ne répond pas. Un soupir. Elle relève enfin la tête, regarde derrière moi.

— OK. Je te rejoins d’ici quelques secondes de l’autre côté du bar.


Je regarde en direction de ce dernier. Positionné au centre de l’espace, il fait un cercle au milieu duquel se trouve un mur où sont suspendus les verres à pied, positionnées les bouteilles sur des étagères. L’autre côté du bar n’est donc pas visible. Je regarde Cassy une dernière fois pour m’assurer qu’elle me suivra bien. Elle me fait un signe de tête sous le regard d’un Franck toujours aussi perplexe. Je sais qu’il n’a rien entendu de notre conversation en messe basse. Pour autant, il n’est pas idiot.


Je file vers le bar et me positionne de façon à ce que je ne sois pas visible de la table. J’attends. Une forme de pression monte en moi. Je vais enfin savoir où j’en suis. Foncer ou m’écraser.


Je la vois s’approcher enfin, lentement, une démarche que je ne lui connais pas. L’assurance et le dynamisme habituels ne sont pas là. Lorsque enfin elle arrive face à moi, je me lance. Il est grand temps d’agir.

— Je t’offre quelque chose ?

— Non merci, allons droit au but.

— D’accord. Pourquoi t’es-tu enfuie l’autre nuit ?

— Pourquoi cette question Baptiste ?

— J’ai besoin de savoir.

— Est-ce un comportement qui te surprend ?

— Tu ne réponds pas à ma question là.

Elle fait silence en me fixant intensément. Je le sens mal et ça me gonfle.

— Je ne pensais pas avoir besoin de me justifier. Nous avons passé un bon moment. Mais ça s’arrête là.

Putain ! Non ! Je viens de me prendre un uppercut en plein estomac. Je suis glacé par sa froideur. Je ne comprends pas, pas après le partage de ce moment magique.

— Je ne suis pas d’accord.

— Je ne te demande pas ton avis Baptiste. Je suis désolée si mon attitude t’a blessé mais c’est ainsi.

— Non, ce n’est pas ainsi. Je ne veux pas que ce soit ainsi !

Je viens de l’attraper par les poignets en levant un peu le ton. Je plante mon regard, brûlant, dans le sien. Elle ne cherche pas à fuir mon emprise et soupire.

— Baptiste, qu’attends-tu de moi.

— Je veux passer du temps avec toi, apprendre à te connaître. Il m’a semblé que quelque chose de spécial se passait ce soir là et je n’ai pas compris ta disparition.

— Quelque chose de spécial ? Baptiste. Nous sommes collègues de travail et tu sais ce que j’en pense. Ce qui s’est passé entre nous n’aurait jamais du arriver. Les circonstances ont joué en notre défaveur.

— En notre faveur tu veux dire. J’ai aimé ce moment, vraiment. Je ne regrette rien !

— Parfait. Restons en là alors. Gardons le spécial.

— Non !


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Coupée dans mon élan ! Désolée !

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