Fyctia
Cassy
Sa tenue vestimentaire traduit à elle seule ce qui se passe dans ma tête. Une sorte de contraste totale entre le côté très chic de son tailleur pantalon noir cintré à la taille sur un chemisier blanc ; et le décalé des accessoires : bottines cloutées noires, bijoux sombres comme des bracelets et bagues en barbelé et des boucles d’oreille en pendentif avec tête de mort, épingle de sûreté et croix. Ses cheveux, travaillés dans une coupe courte tendance et valorisante, sont aussi noirs que les miens, et son regard sombre, ombré de noir est perçant, presque diabolique.
Lorsque je suis entré dans son bureau pour me présenter, je me suis figé sous la froideur de ce regard et le charisme qu’elle dégage. Elle a levé des yeux sur moi remplis de colère. Les traits de son visage étaient tirés, les sourcils froncés, la bouche pincée.
En l’espace d’une seconde, ce faciès effrayant s’est transformé en un havre accueillant et chaleureux. Son regard s’est empreint d’une lueur caressante et un immense sourire ravageur qui a fait vriller mon estomac, s’est dessiné sur sa bouche.
— Bonjour ! Tu dois être Baptiste, c’est ça ?
— Euh… oui.
Je me suis surpris à bafouiller comme un gosse très intimidé. J’ai fulminé intérieurement contre ma stupidité, mais j'étais bien incapable de faire mieux.
— Bienvenu Baptiste !
Son ton enjoué aurait dû me rassurer mais l’inverse s’est produit. Elle s’est levée en prononçant ses mots et a contourné le bureau pour venir me serrer la main dans une jovialité évidente. Émanait d’elle un dynamisme extraordinaire. Son pas décidé et toute la vigueur qui s’est détaché de ses gestes m’ont presque fait reculer. Mais mes jambes menaçaient de se dérober sous moi si je bougeais. Deux enjambées et elle était face à moi. Impressionnante, son front arrivait à hauteur de ma bouche.
Elle m'a tendu la main dans une expression unique, toujours cette lueur, toujours ce sourire, et une chaleur... J’ai deviné presque un bouillonnement d’énergie autour d’elle, comme une protection qu’elle érige entre elle et le monde, et pourtant attirant pour celui qui veut bien y entrer.
Putain, c’est qui cette femme ! Un extra-terrestre ?
J’ai réussi, tel un automate, à lever la main pour lui serrer la sienne. Une onde presque électrique m’a parcouru quand elle l' a comprimée d’une poigne ferme et déterminée. J'ai bien malgré moi commencé à hisser le drapeau de façon très dérangeante. J'ai rougi instantanément. Alors que j’espérais qu’elle me convie à m’asseoir afin de pouvoir reprendre mes esprits, elle m’a invité à faire le tour du service pour les présentations d’usage.
— Baptiste ? Tu me suis ?
De profil dans l’encadrement de la porte qui mène à la plateforme de travail, son air interrogateur m’a fait réaliser qu’elle attendait que je la suive. J’avais eu une absence !
La tournée des présentations et le contact avec l’équipe m’ont permis de reprendre un peu contenance. Un gars et trois filles m’ont accueilli avec des papillons dans les yeux, le rouge au joue ou un sourire charmeur sur le visage. Si mon sex-appeal n’a pas fonctionné sur Cassy, qui y semble totalement indifférente, il n’en va pas de même pour ses collaborateurs. Habituellement, à moins que l’un d’entre eux ne m’intéresse spontanément, je m’en ficherais, mais là, j’ai senti un courant d’apaisement m’envahir, comme si les choses redevenaient normales. J'avais limite envie de les serrer dans mes bras, juste pour me rassurer sur ma capacité de séduction !
Nous sommes retournés dans le bureau de Cassy. Elle m’a exposé le travail du service marketing, ce que l’entreprise en attend et ce qu’elle espère de moi en temps que graphiste. Assis à ses côtés, j’ai senti sa bulle irradiante m’envelopper et je suis resté presque tétanisé. Aucune réelle question ne m’est venue alors que je pouvais en poser une dizaine. Je crois même que je n’ai quasiment rien mémorisé de ce qu’elle m’a dit.
Tout mon corps était tendu vers elle. Lorsqu’elle était de profil, mon regard était happé par sa bouche, ses lèvres qui bougeaient, sa voix, son odeur enivrante puis, quand elle se tournait vers moi et qu’elle plongeait son regard dans le mien, tout disparaissait. Je me vidais de toute substance. Elle a baissé les yeux à quelques reprises afin de se soustraire à mon regard qui la dévorait, un sourire amusé se dessinant parfois sur ses lèvres, mais ça s’est arrêté là.
Rien, je n’ai absolument pas senti mon charme agir sur elle. Et pour cause, j’étais tellement pétrifié qu’elle a du simplement ressentir la gêne qui masquait tout le reste.
J’ai quitté son bureau en fin de matinée, totalement ébloui par cette femme. Les services suivants, accueil et financier, m’ont semblé dépourvus de tout intérêt.
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Carrie N
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