Amass Résignée? Jamais! Chapitre 23

Chapitre 23

—Cinq! commença à décompter le dictateur.

Charlène, gonflée d’adrénaline, se focalisait sur cette leçon de Lilith: « Les hommes sont des coqs, ils ne savent que faire les fiers pour protéger leur tas de fumier ». Avec ce corollaire : plus ils cherchent à paraître grand et fort, plus ils sont faibles. C’était encore une de ces leçons qui étaient plus facile à appliquer dans un bureau que devant un dictateur entouré de soldats armés de mitraillettes !

— Vous allez condamner les exactions de cette nuit et organiser des élections; rétorqua la jeune femme, sans montrer à quel point elle était impressionnée.

— Et pourquoi donc ? Parce que vous avez une belle paire de fesses ? Vous êtes complètement idiote ! Quatre !

— Bien. Nous n’avons donc rien à nous dire !


Charlène lui tourna le dos et, sans attendre de réponse, repartit vers la foule.

— Et vous ferez quoi quand vous aurez les pieds en sang à force de danser ? jeta Rodrigo Gomez Borchas, surpris de voir qu’elle n’essayait même pas de discuter.

Elle revint sur ses pas pour lui expliquer ce qu’il n’avait pas encore compris.

— Je vais dire qui je suis à cette foule qui vous déteste. Je mènerai la révolution moi-même avec toutes ces femmes, et ce soir, ce sera moi qui dirigerai ce pays et vous qui serez en prison ! Vous n’êtes déjà plus rien ! Regardez vos soldats, ils sont à moi ! Les uns sont couverts de rouge à lèvres, les autres portent nos soutiens-gorges à la ceinture en guise de fétiche ! Jamais ils ne nous tireront dessus ! Il suffit que je leur dise mon nom pour qu’ils me suivent et je devrais prendre votre défense pour éviter qu’il vous assassine. Si vous ne cédez pas, c’est ce qui vous arrivera !


L’homme gonfla sa poitrine et éclata de rire.

— Mes troupes n’attendent qu’une chose : que je leur donne la permission de vous embarquer dans leurs baraquements pour s’amuser avec vous ! Vous allez leur dire votre nom ? Comme si cela avait de l’importance ! Vous êtes qui ? Personne ! Vous êtes peut-être quelqu’un en Europe, mais ici vous n’êtes rien !

— Je suis la fille de Smythie Bangalore et vous ne pouvez pas gagner! Si par miracle vous gagnez cette fois-ci, dans un an ou dans dix ans, la pression populaire et internationale aura votre peau !

Rodrigo Gomez Borchas fit un pas en arrière, ses épaules retombèrent. En un éclair, il avait perdu toute sa superbe !


— Vous êtes… vous êtes la fille de Smythie Bangalore ? bégaya-t-il.

— C’est elle qui m’a élevée. Négociez aujourd’hui et vous pourrez laisser le pouvoir avec en contrepartie, une sortie honorable. Après tout, vous ne ferez que vous incliner devant les plus belles filles de votre pays. Et ça, c’est la grande classe, n’est-ce pas ?

Rodrigo Gomez Borchas était maintenant très pâle : il n’ignorait pas que Smythie Bangalore œuvrait depuis des années dans son pays. Elle organisait les manifestations, finançait des radios pirates, préparait les futurs dirigeants, s’assurait qu’ils aient des solutions pérennes à tous les problèmes de société. Sa mort avait déclenché des élans de sympathie qui s’étaient transformés en émeute dans plusieurs villes du Salaguay. La présence de sa fille allait catalyser toutes les énergies contre lui, et même ses plus proches collaborateurs risquaient de le trahir ! Il réalisa que Charlène avait raison : céder aujourd’hui devant cette révolution douce était sa meilleure porte de sortie. Il avait juste à négocier son immunité contre « justice et élections »

— Et vous, que voulez-vous ? demanda-t-il.

— Rien. Ou presque. Je cherche une femme, une Croate. Il est possible qu’elle se soit installée ici durant les vingt dernières années avec un petit garçon.


Le visage de l’homme se décomposa encore plus. Il s’attendait à ce que Charlène lui réclame de l’argent pour ses futurs combats, une place dans le gouvernement ou bien des noms de personnes qui puissent l’aider à faire la révolution dans les pays voisins, des armes peut-être même, mais cette demande si banale était tout simplement ahurissante !

— Et c’est pour ça que vous avez causé tout ce cirque ? s’exclama-t-il. Je viens de perdre le pouvoir à cause de… d’une pétasse d’Européenne qui vivrait chez nous ? Vivrait ?

Une rumeur pressante se fit entendre derrière eux. Les cadres de l’opposition se frayaient un passage à travers la foule. Après avoir laissé Charlène et ses danseuses prendre tant de risque, ils s’inquiétaient maintenant de ne pas avoir été conviés à cette négociation. Ils étaient vexés que cette jeune Européenne réussisse en douceur là où ils avaient échoué depuis des années. Pire : eux qui pensaient diriger le pays le soir même, allaient être contraints de se plier à un processus démocratique. Charlène leur avait volé leur révolution !


— Voilà la troupe de coqs avec qui vous allez discuter les détails de notre accord. Je crois que ce serait bien qu’on se serre la main avec le sourire… Prenez en deux ou trois dans votre gouvernement, faites des élections dans quelques mois sous l’égide de l’ONU, ne vous présentez pas et mettez vos flics pourris en tôle. Exigez l’immunité et une pension à vie pour vous.

— Franchement, soupira le président, je préférerais négocier avec vous…

— Vous me fournirez ce que je demande ?

— Demain à votre hôtel, un de mes hommes viendra vous donner toute l’assistance dont vous avez besoin. Vous êtes une dingue, mademoiselle, une très jolie dingue.

— Je ne suis pas dingue, répliqua tristement Charlène, je suis juste amoureuse.


Ils se serrèrent la main avec un grand sourire. La photo de Charlène, avec ses cheveux frisés, ses lunettes noires et son chemisier noué sous la poitrine allaient faire la une de tous les journaux de la planète. Les « coqs » s’avancèrent pour entamer avec le président Rodrigo Gomez Borchas, une négociation qui était déjà terminée. Charlène reprit sa flûte et repartit en dansant rejoindre la troupe des manifestants.

Une heure plus tard, un porte-parole annonçait que le gouvernement organiserait des élections libres avant trois mois et que les policiers coupables d’exactions seraient tous arrêtés et jugés. Après ce succès populaire, Charlène fut portée en triomphe dans toute la ville, la fête dura toute la nuit.


<N’oubliez pas : il faut des like et des partages pour débloquer les chapitres suivants>

Tu as aimé ce chapitre ?

4 commentaires

Ordo

-

Il y a 3 ans

C'est dingue, cette histoire! ça va bien plus loin qu'une simple enquête sur un fils perdu!

Trevoz

-

Il y a 3 ans

Pourquoi ne pas avoir fait la couverture de ton livre à l'image de cette Charlène déchainée?

Amass

-

Il y a 3 ans

C'est tout simplement parce que question dessin et réalisations graphiques, mon niveau de compétence est proche de 0... S'il y a des volontaires...

Ameylie

-

Il y a 3 ans

Girlpower! Yes!
Vous êtes hors connexion. Certaines actions sont désactivées.

Cookies

Nous utilisons des cookies d’origine et des cookies tiers. Ces cookies sont destinés à vous offrir une navigation optimisée sur ce site web et de nous donner un aperçu de son utilisation, en vue de l’amélioration des services que nous offrons. En poursuivant votre navigation, nous considérons que vous acceptez l’usage des cookies.