Eva Baldaras Rendez-vous à Noël Chapitre 1 - 22 décembre

Chapitre 1 - 22 décembre

— Je trouve l’idée complètement absurde !

— L’idée d’un séminaire à Aspen la semaine de Noël ou celle de te retrouver H24 pendant quatre jours avec Phil ?

Ma collègue et meilleure amie, Madeline, roule des yeux avant d’aspirer sur la paille de son mojito. Ses longs cheveux blonds resplendissent sous les jeux de lumière du bar, et ses iris bleus attrapent les éclats colorés, les rendant encore plus vibrants. Nous sommes dans un after Works new-yorkais branché, un endroit où les rêves des amateurs de karaoké se réalisent... ou se brisent.


Mes yeux verts scrutent la scène avec une pointe d’amusement.


L’atmosphère embaume l'alcool et la foule, un mélange enivrant de musique et de voix.


Je repose mon verre sur le comptoir et grimace à l'écoute de la voix de la fille qui massacre un tube de Taylor Swift. J'ajuste machinalement une mèche de mes cheveux bruns mi-longs derrière l'oreille. Contrairement à Madeline, j’ai toujours préféré un style plus décontracté : un jean bien coupé, un pull douillet et des bottines confortables.

Mad secoue frénétiquement sa tête en agitant son doigt devant mon nez.

— Phil ? Je pense pouvoir gérer, me répond-elle en simulant un vomissement.

— Dit-elle alors qu’elle adore quand Phil la couvre de compliments, la taquiné-je.

Phil, un collègue légèrement collant qui tente par tous les moyens de l’inviter à sortir. Mad n’y est pas indifférente, elle préfère simplement être courtisée longtemps. J’ignore pourquoi, chacun ses raisons personnelles.

— L’idée de partager ma chambre avec quelqu’un avec lequel je travaille ! Comme si la boîte n’avait pas les moyens de nous offrir un espace individualisé ! s’indigne-t-elle, le visage rougi par l’énervement et peut-être un peu par l'alcool.

Mad n’a pas tort. Itechnologie nage dans les profits grâce à nos logiciels révolutionnaires qui intègrent une IA sécurisée. Mais notre PDG rêve d’une entreprise unie, et quoi de mieux qu’une coloc forcée pendant quatre jours pour ressouder les troupes ?

Je papillonne des cils en m’efforçant de détendre l’atmosphère.

— Tu t’en sortiras !

Mon amie me dévisage comme si j’étais un extraterrestre.

— Cher Madeline, veux-tu officiellement être ma moitié pendant notre séjour professionnel à Aspen ? Jusqu’à ce que Noël nous sépare ?! demandé-je non sans une pointe d’ironie.

Elle secoue la tête de frustration, mais ses yeux brillent d’un intérêt subit.

— Bill nous laisse choisir avec qui nous serons ? me demande-t-elle la bouche grande ouverte.

Je hausse une épaule.

— Disons que j’ai des passe-droits.

La musique monte d’un cran. Une nouvelle fille prend le relais, massacrant avec enthousiasme une autre chanson. Tant, que mes oreilles saignent.

Pire que la précédente, si vous voulez mon avis.

— Naturellement ! Madame la développeuse la plus en vogue, consacrant tout son temps à son job et à Bill !

Mad lance une pique, évoquant ma relation professionnelle avec mon patron, celle que je préfère éviter de détailler, surtout sachant ce qu’elle m'affirme : j’ai toutes mes heures à moi depuis un an, depuis que… eh bien, depuis que tout a changé.

Je choisis de rester dans le thème de la légèreté. Inutile de gâcher la soirée, n’est-ce pas ? L’unique que je m’octroie avec Mad chaque semaine.

— Pas tout à fait, je dors la nuit, tenté-je de plaisanter.

Elle hausse un sourcil parfaitement dessiné, puis recoiffe machinalement sa chevelure soyeuse. Ses yeux me scrutent.

— Seule.

Je réalise une moue, ne trouvant quoi répondre à cela, puisqu’elle le sait déjà. N’obtenant pas de réplique de ma part, son regard se dirige vers la scène et moi, vers mon verre à moitié vidé.


L’écran de mon iPhone s’allume. J’espère que ce n’est pas Bill. Mon projet est presque bouclé et il commence sérieusement à m’agacer à prendre des nouvelles sur son état d’avancement.

Tu sais pourquoi il te relance. Pour que tu acceptes ce verre qu’il ne cesse de te réclamer.

Je chasse ma pensée d’un coup de balai virtuel.

Pourquoi lui ai-je donné une ouverture la dernière fois ? Pourquoi lui ai-je dit : nous verrons en décembre ?

Je soupire.

Parce que j’ai toujours été lâche. Préférant fuir.

Comme ce fameux soir, où j’ai quitté…

Mon regard se pose sur mon écran, encore éclairé. Je lis le message.


Je voulais juste savoir comment tu allais.


Mon souffle se coupe. Ma paume se plaque sur ma poitrine pour tenter de calmer mon cœur qui s’emballe. J’ai l’impression qu’il désire s’envoler vers sa moitié que j’ai laissé s’échapper il y a douze mois.

Une chaleur diffuse emplit mon être des pieds à la tête. Comme s’il était là. Tout près.

C’est impossible. Il est à Paris. Moi à New York.

Le sang pulse fort dans mes veines. Tant, que j’en ai mal. Que mes oreilles bourdonnent et se bouchent. Je ressens presque son regard picoter ma nuque, son parfum musqué flotter dans l’air. L'odeur familière, celle qui me faisait sentir en sécurité.

Mes mains tremblant, mes jambes flageolent. Je prends une grande inspiration et je me retourne d’un coup.

Pensant le trouver là. Juste derrière moi.

Mes yeux se plissent dans toute cette semi-obscurité qui m’entoure.

Je ne le vois pas.


Les faisceaux de lumière balayent la pièce et captent une silhouette qui franchit la porte trop tôt pour que je la découvre. Trop tard pour que je confirme son identité.


D’une main tremblante, je remets une mèche rebelle derrière mon oreille, pendant que celle-ci remarque que Mad se trouve sous les feux des projecteurs le micro à la main. Indifférente à mon état émotionnel.


Nous nous étions donné rendez-vous à Noël. Une promesse faite en l’air. Comme celle que l’on fait à quelqu’un de se revoir, alors qu’on sait qu’on ne le reverra jamais.


Je suis dingue, à espérer qu’il viendrait me rejoindre comme par miracle. Il ignore où je me trouve. Je ne lui ai jamais donné de mes nouvelles. Il ne m’a jamais contacté. Jusqu’à ce soir.


Il a tenu sa promesse.


Juste en face de moi, derrière le comptoir, je repère le barman aux allures de bad boy. Ses mèches noires encadrent son visage et des serpents tatoués s’enroulent autour de ses bras. Il essuie machinalement des verres. Tant de banalité m’étouffe.

Pourquoi suis-je ici, alors qu’il n’est pas là ?


Avec Grant, tout était exaltant.


J’avale d’un trait ce qui reste de ma boisson, pour me ressaisir.

Seulement, mon téléphone remet ça.


Notre rendez-vous à Noël c’est bientôt. Dis-moi où et quand.


Ma bouche s’entrouvre, cherchant l’air qu’il ne trouve plus. Son SMS me prend de court. Je n’y ai pas réfléchi. Ou plutôt, si. Je ne pensais pas qu’il…

Mon iPhone bipe.


Sauf si tu ne veux pas.


Ma tête tourne. Mon cœur exécute des saltos. Je devrais lui répondre. J’en suis incapable.


Moi Grant, je t’aime tellement que ton parfum musqué reste gravé sur mon corps.

Je t’aime toujours tant, que l’empreinte de ta peau sur la mienne subsiste comme un tatouage indélébile.

Tant, que je te vois partout, depuis un an.


Je lui dois une explication.


Et je vais le perdre par ma faute. Définitivement.


Tu as aimé ce chapitre ?

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9 commentaires

Ava Montastier

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Il y a 7 mois

Très énigmatique et sympathique ce départ 😊

Eva Baldaras

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Il y a 7 mois

Merci ☺️

ilyana d.f

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Il y a 7 mois

Bon flash concours à toi, je passe mettre des likes de soutiens, n'hésite pas à passer aussi sur mon histoire🤗🙌

The whispering feather

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Il y a 7 mois

Petits likes de soutiens, n'hésite pas à faire de même et bon courage pour le concours😉💕

Eva Baldaras

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Il y a 7 mois

Merci

natha_lit

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Il y a 7 mois

Oh ce grant prend de la place 🥰 dans son cœur

Eva Baldaras

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Il y a 7 mois

Oui 😁
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