Fyctia

Flora

Les minutes qui nous séparent de cette fameuse découverte des dieux viennent de s’écouler. Les filles sont parties retrouver le monde extérieur à l’instant, en faisant toutefois un détour par le plateau afin de raconter, je suppose, leur aventure. Comme si toutes les femmes n’avaient pas existé, nous reprenons naturellement le cours du jeu. C’est Apollon qui franchit en premier le seuil de la porte, et je remarque tout de suite que sa peau couleur caramel plaît énormément à Lydia. Je crois même apercevoir un filet de bave... Non, je plaisante ! Ce dernier a une carrure très imposante. À côté de lui, je passe pour une naine. Ses muscles sont visibles, notamment ceux au niveau des biceps. Il doit mesurer un mètre quatre-vingt-dix, un corps qui pourrait, au premier abord, faire peur. En réalité, ce doit être un gros nounours, qui sait montrer les griffes quand il le faut. Il fait la bise à tout le monde, habitué à ces embrassades. Lydia rougit lorsque c’est à son tour. Je cache mon sourire derrière ma main, j’ai l’impression d’assister à une rencontre entre deux ados. Ils sont en plein bug, chacun observe l’autre, c’est très mignon. L'arrivée d’un deuxième Dieu me force à les couper dans leur admiration. Celui qui franchit le seuil de la porte est à mon grand désespoir, Hermès. Comme son prédécesseur, il se présente à nous, content de faire notre connaissance. Lorsque ses yeux me fixent, une gêne immense s’empare de moi. Je ne suis clairement pas à l’aise avec cet individu, de son vrai nom : Gary. Même son prénom est moyennement intéressant. Bizarrement, tout chez lui me rebute. Et dire que j’aurais pu être avec Juliann directement. Là, je vais devoir me rapprocher de lui, un exercice pas simple pour moi. Espérons qu’il me facilite les choses. Cette semaine promet d’être épique ! Je suis interrompue dans mes pensées lorsque la voix annonce que le prochain Dieu qui doit arriver est Zeus.

Oh mon Dieu ! Le moment tant attendu arrive ! Je ne suis pas prête, enfin… en fait non pas du tout ! À cet instant, je comprends enfin la réaction de Lydia tout à l’heure, et l’appréhension qu’elle a dû ressentir. La peur traverse tous les pores de ma peau, me donnant des frissons. En l’espace de quelques instants, mon corps surchauffe. Est-il aussi séduisant qu’en photo ? Sera-t-il aussi sympathique et drôle que lors de nos rendez-vous ? Je suis impatiente de le savoir. Nous nous approchons tous de la porte qui se situe non loin de la piscine, j'irai bien faire un plongeon pour calmer mon excitation, mais je pense que ce ne sera pas du meilleur effet.

La porte qui cache le fameux dieu s’ouvre brusquement me faisant sursauter. Sa carrure est imposante et m’impressionne. Pourtant, il est loin de ressembler à Stan alias Apollon, qui doit au bas mot faire dix centimètres de plus que lui, et peser quelques kilos de plus. Mais son visage strict, sa barbe de trois jours et ses cheveux indisciplinés font encore grimper la température. Pourquoi ai-je si chaud tout d’un coup ? Je n’ai jamais ressenti ce genre de sensation auparavant, suis-je en train de tomber malade ? Lydia interrompt le fil de mes pensées. Zeus se trouve devant moi, je devais être plongée sacrément loin dans ma réflexion pour ne pas l’avoir vu s’approcher. Nous nous fixons sans dire un mot, car j’ai déjà l’impression de le connaître. Ce qui n’est pas totalement faux puisque nous avons passé une semaine à discuter, sans nous voir. J'ai ce sentiment que nos échanges ont exacerbé notre alchimie. Il finit par détacher son regard du mien pour se pencher et me faire la bise. Lorsque sa barbe rencontre ma pommette, un sentiment très agréable s’empare de moi.

-Juliann enchanté, annonce-t-il d’une voix basse et rauque

J’en ai presque des frissons ! Je souris bêtement, comme une enfant devant sa star préférée. Flora, tu devrais arrêter, il va te prendre pour une imbécile ! Hé oh, là-dedans, on se réveille ! Prenant conscience que je passe pour une débile, j’essaie d’adopter une attitude normale, ce qui semble être le cas vu le clin d’oeil qu’il vient de m’adresser. À cet instant, je dois sûrement avoir les joues qui rougissent. Franchement Flora, on dirait une adolescente-là, reprends-toi !

-Moi, c’est Flora, lui indiqué-je, toujours gênée de mon comportement.

-Eh Zeus, Flora est ma prétendante au cas où tu l’aurais oublié ! s’insurge Gary.

Mes yeux se ferment, j’inspire à fond pour garder mon calme : voilà, le pseudo mâle alpha qui ressemble plus à un louveteau qu’autre chose, ajoute son grain de sel. S’il s’ennuie, le bout de plastique ambulant pourra lui tenir compagnie ! Ils devraient avoir des choses à se dire entre personnes dotées d’un QI inégalable !

- Gary, Flora n’est pas un jouet ou un passe-temps. Je sais très bien pourquoi tu l’as choisi. Crois-moi, je ne laisserais pas tomber, affirme-t-il avec puissance.

À ces mots, une vague de chaleur vient envahir le creux de mon ventre. Je mords inconsciemment ma lèvre, sous le charme de cet homme de caractère qui n’hésite pas à sortir les griffes. Gary le toise d’un oeil mauvais. On dirait un combat entre une fourmi et un lion, je vous laisse deviner qui va gagner. La petite bestiole s’approche de moi pour m’enlacer. Son bras commence à s’enrouler autour de ma taille, je déteste ce genre de rapprochement ! Immédiatement, je le dégage d’un grand coup de coude pour qu’il comprenne que je ne suis pas sa propriété. Malheureusement pour lui, il se prend les pieds dans l’un des transats et finit sa course dans la piscine. Je pince les lèvres pour éviter de rire. Mon regard croise celui de Juliann, complice, qui a autant envie de rire que moi. Malgré tout, je ne ressens aucune culpabilité. Ce bain aura, je l’espère le mérite de le rafraîchir.

La maladresse est un boulet que je traîne depuis des années et qui me cause bien des occasions gênantes, comme celle que je vis actuellement. Mes yeux sont rivés sur Juliann, je l'admire tel un véritable Dieu, c'en est perturbant. Bien sûr, ça ne plaît pas à Hermès qui tente de sortir de l'eau. Son visage fermé et son front plissé en sont la preuve. Seulement, je m'en fiche. Pour une fois, j'ai envie de m'amuser.

La tension est palpable dans la pièce, une sensation que je ne saurais pas définir. Pourtant, quelque chose de fort, de puissant émane entre Juliann et moi quand nous nous dévisageons. Un sentiment qui commence vraiment à me prendre aux tripes !