Fyctia

NB: Ce chapitre ne devait faire que deux parties mais après correction il en fera trois :)

— Pardon ! m’exclamé-je avec une brutalité reflétant mon étonnement.

Oups, je viens d’agresser verbalement ma patronne. J’ai décidé que je ne me laisserai plus faire, mais là, c’est peut-être trop d’un seul coup ? Quand je vous dis que la maladresse est innée chez moi.

— Mettons votre attitude sur le compte de la surprise. Il serait temps d’aller vous préparer ! m’assène-t-elle.

Sidérée par son comportement, je bégaie :

— Mad...madame, l’émission ne devait pas commencer dans une semaine ?

— En effet, mademoiselle White, mais avant l’entrée dans le jeu une période de quatre jours d’isolement est nécessaire. Ils vous couperont totalement du monde extérieur afin qu’aucune information ne fuite.

“Isolement”, “coupure du monde”, ces mots ne me plaisent pas. Durant plusieurs semaines, je vais rester enfermée, sans le moindre contact avec le reste du monde. Cette constatation m’effraie, je réalise que je ne reverrai personne pendant un long moment. Inconsciemment, mon visage fait une grimace de mécontentement. La réaction de ma patronne m’importe peu, après tout, c’est elle qui m’a mis dans une telle situation. Il semble que ma résolution se met doucement en place, je montre enfin qui est la vraie Flora. Celle qui ne se laisse pas marcher dessus !

Après avoir fini d’échanger les dernières banalités avec elle, je me précipite vers mon espace de travail. Mon portable ! Je dois absolument mettre la main dessus. C’est une urgence nationale ! Je fouille mon bureau, mon manteau, où ai-je bien pu le poser ce matin en arrivant ? Tout d’un coup, une lumière surgit dans ma tête, il doit sûrement être dans ma sacoche, je ne vois pas d’autres possibilités. Après une recherche longue et, périlleuse dans les tréfonds de mon sac à main, je trouve enfin le précieux sésame. Rosa, Rosa où es-tu ? Son numéro apparaît finalement sous mes yeux. Mes doigts tremblant de stress commencent à taper sur le clavier numérique.

• Moi: ROSA ! Tu te souviens du coaching que tu m’avais proposé ? Est-il toujours d’actualité ?

Je marche près de mon bureau pour calmer mon angoisse, ce qui semble produire l’effet inverse. Quand enfin la vibration de mon téléphone se fait entendre, je me rue littéralement sur celui-ci.

• Rosa: Évidemment ma belle, tu veux commencer quand ? J’ai deux trois créneaux de libres.
• Moi: Eh bien idéalement ce soir. C’est un cas de force majeure ! Je pars dans deux jours pour l’émission.

Je crois les doigts pour qu’elle puisse m’aider, sans cela, je vais me planter royalement.

• Rosa: Ah oui effectivement ! Viens à l’appartement, nous ferons un cours exprès.
• Moi: Tu me sauves la vie, je t’adore.

Le regard des autres m’importe peu à cet instant et je saute de joie.

— Qu’est-ce qui t’arrive pour que tu sois aussi contente ? s’exclame une voix bien connue.

Me prenant par surprise, je sursaute et pousse un cri aigu qui déconcerte mes collègues. Cet imbécile est fier de m’avoir fait peur. Il a de la chance d’être mon meilleur ami, sinon, je lui aurais mis mon pied où je pense. Je lui raconte mon entrevue avec la sorcière et vu les grimaces visibles sur son visage, il semble aussi abasourdi que moi. Je lui explique que nous nous reverrons ce soir pour le coaching. Au vu du sourire qui orne ses lèvres, cette séance risque d’être drôle.

Le reste de la journée est bien calme. Un bâillement m’échappe vivement que ce soit l’heure de partir. Passer la soirée avec mes amis me fera du bien.

Après m'être changé chez moi rapidement, je file en direction de l’appartement de Dean et Rosa. C’est essoufflée que j'atteins leur cocon. Nous discutons pendant un instant, ils me font rire et je me relaxe. Le stress qui est présent depuis deux jours commence doucement à se dissiper.

— Bon Flora, on repousse le moment depuis ton arrivée, il faut que l’on entame le coaching. Tu n’as que deux jours pour y parvenir. Ce soir, nous allons étudier deux-trois techniques de base, tu pourras les reproduire tranquillement quand tu seras rentrée.

— Tu ne peux pas m’aider les deux jours Rosa ? Tu sais à quel point c’est important ! la supplié-je avec force.

— Ma belle, c’est comme un contrôle, il faut réviser en amont, mais la veille il faut éviter sinon tu perds tes moyens. Je te donnerai de petites cartes avec des conseils pour que tu puisses travailler pendant ton enfermement sans que personne ne s’en rende compte.

Elle a vraiment pensé à tout, je n’en reviens pas ! C’est une vraie copine ça. Plus je les regarde, plus je me dis que j’ai de la chance. Même si on ne va pas se mentir, la jalousie est aussi présente, ils sont tellement mignons ensemble, je les envie.

Nous amorçons le cours, j’ai l’impression d’être à l’école. Les têtes de Dean et Flora me fixent, le surnom que me donne sans cesse mon ami pourrait devenir réalité aujourd’hui. Je me sens tellement petite devant eux.

— La première chose qu’il faut apprendre, c’est la posture. Si tu es toute courbée devant ces apollons, ton aventure se terminera très tôt. Prends le gros bouquin qui est sur la table.

Je me lève du canapé pour le saisir. Qu’est-ce qu’il est imposant ! Je ne pensais pas que les recettes de cuisine pouvaient être aussi lourdes !

— Tu poses ce livre sur ta tête de manière à ce qu’il tienne seul. Ensuite, tu vas faire un aller-retour entre la cuisine et le salon sans que le livre tombe. Pour cela, tu dois la garder droite, tout comme ton dos. C’est la meilleure astuce pour apprendre à se tenir correctement, enchaîne-t-elle avec professionnalisme.

Rosa doit se moquer de moi, je sais parfaitement marcher décemment. Cet exercice est ridicule et doit être facile. Je me saisis du fardeau puis le mets sur ma tête comme elle me l’a demandé. Un poids immense se pose sur mon crâne, bon d’accord, peut-être que ce ne sera pas si simple. Je commence à marcher, ce maudit livre me déséquilibre à plusieurs reprises. En arrivant près de la table basse, ma gaucherie légendaire reprend le dessus et je me prends les pieds dans leur magnifique tapis. Battant les bras pour retenir ma chute, ce sont finalement ceux de Dean qui me retienne. Durant une dizaine de minutes supplémentaires, je m’entraîne sans relâche pour enfin parvenir à rester droite. Ce que je parviens à faire non sans mal.

— Bien, maintenant que tu as réussi ce premier exercice, nous allons passer au deuxième, il consiste à séduire un homme par le regard, pour que tu puisses ensuite l’embrasser.

Les choses se compliquent pour moi, avec qui veut-elle que je fasse cet apprentissage au juste ?

A suivre