BettySophie Renaissance ou comment ton amour m'a sauvé Chapitre 5 - JACOB

Chapitre 5 - JACOB

« Beaucoup de biens ne se produiraient pas s’il n’y avait pas de mal dans les êtres. » (Saint Thomas d’Aquin)

Quelques semaines plus tard…

Je ne sais vraiment pas ce que je fais là, si ce n’est suivre les conseils de ma psy. Enfin, mon ancienne psy, qui m’a d’ailleurs recontacté pour passer une soirée ensemble. Je souris en y repensant. Je suis entouré d’anciens camarades du collège public où j’ai passé ma meilleure année scolaire. Pour le moment, je reste près de la buvette et personne ne m’a adressé la parole. On m’a pourtant toujours dit que je ne passais pas inaperçu, même au milieu d’une salle blindée. Mon charme naturel sans doute.

- Salut ! Tu es Jacob Boudoir, n’est-ce pas ?

Je dévisage l’homme qui s’est matérialisé face à moi.

- Oui c’est moi, bravo. Et toi, tu es ?

- Baptiste Cénard. Tu sais, on traînait pas mal ensemble en troisième.

Ah Baptiste, ça me revient maintenant. Une vraie ordure. Je me souviens qu’il martyrisait la pote ronde de ma copine de l’époque. Je la défendais souvent et elle m’a beaucoup aidé scolairement. Je me demande ce qu’elle devient. Comment s’appelait elle déjà ? Un prénom avec beaucoup de « a ». Une jeune femme enceinte prend la parole sur l’estrade :

- Bonsoir à tous. Merci à vous, anciens élèves de notre collège, d’être venus si nombreux ce soir. En général, ce genre de soirées se fait entre anciens du lycée mais j’ai souhaité casser la tradition. J’ai d’ailleurs fait partie de ce collège, me reconnaissez-vous ?

Perso, je ne la remets pas du tout.

- Pour animer cette soirée, nous avons fait appel à un groupe débutant qui cherche à se faire un nom. La chanteuse est une ancienne élève de ce collège. Applaudissez les bien fort !

La salle applaudit mollement. Les membres du groupe arrivent sur scène, dans un nuage de fausse fumée rose qui sent la barbe à papa. Une musique douce jouée au piano s’élève. La fumée se dissipe, un homme se met à chanter. Il est brun et a l’air de se prendre pour un rockeur avec ses fringues, ses boots noirs et ses cheveux gominés. Deux autres membres du groupe sont dévoilés. Une fille brune, assez ronde portant une robe noire est assise au piano. Un mec brun à lunettes plutôt rond lui aussi, également en noir est installé à la batterie. La chanteuse est encore dissimulée. Ils commencent par une intro entraînante puis la chanteuse se dévoile. Mon cœur manque un battement. Elle est magnifique ! Le rockeur commence à chanter mais je n’y prête pas attention, je ne vois qu’elle…et elle se met à chanter. Sa voix pénètre dans mon cœur. Je ne le pensais pas capable de s’emballer autant en écoutant une voix. Cette fille…on dirait un ange tombé du ciel. Les deux voix s’unissent mais je n’entends et ne regarde qu’elle. Elle est la seule habillée en violet et sa robe est ample mais je peux facilement distinguer de belles formes. En regardant autour de moi, je remarque que toute la salle a les yeux rivés sur elle, comme hypnotisée. Mais qui est-elle ?

- Tu arrives à la reconnaître ? je demande à Baptiste qui a l’air physionomiste.

- Non pas du tout. Une beauté pareille, je m’en souviendrai.

- Les gens changent en neuf ans.

- C’est Ariana, dit une voix près de nous.

C’est la principale.

- Salut Jacob, c’est Charline. Je ne pense pas que tu m’aies reconnu.

Ça me fait étonnamment plaisir de la voir.

- Salut, lui dis-je toujours perturbé par cette voix d’ange. Tu vas bien ?

Elle me répond mais je ne l’écoute que distraitement, mon attention toujours fixée sur Ariana. La chanson se termine et des applaudissements fusent de toute part. Ariana, c’est ça le nom que je cherchais tout à l’heure.

- Ariana ? dit Baptiste en riant. Impossible. Elle était grosse et moche dans mes souvenirs.

Charline lui lance un regard noir.

- C’est bien elle, lui dit-elle sèchement. C’est Ariana Castus. Son groupe s’appelle les BACJ.

- Bonsoir à tous et merci pour vos applaudissements, dit Ariana dans le micro, la voix tremblante. Pardonnez mon manque d’assurance mais c’est un énorme effort pour moi de me retrouver devant vous ce soir.

Elle inspire profondément et j’ai presque envie de monter sur scène pour lui dire qu’elle a été parfaite. Qu’est-ce qu’il m’arrive ?

- Pour ceux d’entre vous qui se souviennent, je suis le « gros sac » de la sixième, cinquième, quatrième et troisième 1. Quatre ans avec la même classe, quatre ans de moqueries sur mon physique qu’on ne jugeait pas « dans les normes ». Je voulais attirer votre attention sur le harcèlement et la grossophobie, car c’est bien ce que c’était.

Elle marque de nouveau une pause et respire profondément. Baptiste ne sait plus où se mettre.

- Je dédie cette prochaine chanson de ma composition à toutes les victimes de harcèlement physique ou moral. Tout en espérant qu’ils ne sont pas trop nombreux.

Elle commence à chanter et nous emporte tous dans son histoire. Le message de sa chanson est clair : personne ne pourra l’empêcher d’accomplir ses rêves. Mes yeux sont de nouveau bloqués sur elle. J’imagine tout ce que cette fille a dû subir et j’ai envie de l’aider. J’ai envie de la rejoindre, même si je chante comme une casserole. J’ai aussi envie de frapper Baptiste qui a mené la vie dure à cette jeune femme qui semble merveilleuse. Ariana donne tout ce qu’elle a sur cette scène. Quand ça se termine, elle tremble et je résiste à l’envie de la prendre dans mes bras…mais ça ne va pas dans ma tête ! Le public applaudit fort et les félicite.

- Merci à tous. Vous ne pouvez pas savoir à quel point ça nous fait du bien.

Ils enchaînent sur d’autres chansons. J’arrive enfin à bouger pour aller me resservir un verre.

- Si j’avais su quelle bombe elle allait devenir, dit Baptiste en me suivant, jamais je ne me serais moqué d’elle. Elle a toujours quelques rondeurs mais ça peut s’arranger.

Je sens cette colère familière arriver. Il faut que je me contrôle. Je compte aller voir Ariana après le concert, je ne veux pas ressembler à un chien enragé.

- Parce que si elle était toujours « une grosse » ce soir, ça aurait été différent ? Tu te serais de nouveau moqué d’elle ?

Il me dévisage.

- Evidemment. Je ne supporte pas les gros.

Ce type est vraiment une raclure.

- Parce que tu crois que tu es parfait toi ?

- Bah ouais.

- Con, grossophobe, suffisant…je suis sûr que tu es macho en plus. Tu as un beau palmarès, mon grand.

Je me sers un verre de jus de pommes et il me prend par le bras.

- Ne joue pas à ça, mec, lui dis-je. Je ne suis pas connu pour savoir garder mon calme.

- Pour qui tu te prends Jacob ? Déjà au collège tu avais cet air supérieur. Ce n’est pas parce que t’es riche que tu dois prendre les gens de haut.

- Ecoute mec, les gars dans ton genre, je leur colle une bonne dérouillée. Mais tu as de la chance, ce soir, j’ai décidé d’être calme. Je vais juste me dégager de ton emprise et…

Je tire mon bras et lui jette mon verre à la figure. Je profite du choc pour m’éclipser et n’entend qu’un « connard » derrière moi. Mes psys seraient fiers. J’ai plus important à faire que me battre ce soir.



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