Fyctia

Je suis plantée sous mon parapluie devant le mur de façade du commerce où trône un joli panneau en bois gravé de simples mots : « Chez Mimi ! ».

Tous mes souvenirs d’enfant me sont revenus en pleine face sans que je m’y attende. Je suis surprise et charmée par l’atmosphère chaleureuse qui se dégage du bâtiment en pierres grises.

Comment une maison totalement délabrée, avec des fuites énormes dans le toit, a pu se métamorphoser en ce joli troquet plein de bonnes ondes ?

Quand on battait les rues et la campagne environnante avec les autres enfants du village, on allait parfois fureter à l’intérieur des vieilles bâtisses inhabitées. On fouillait pour y dénicher des trésors et on s’inventait des histoires d’aventuriers en carton et de princesses en haillons.

Le vieux bar abandonné était notre « Q.G » secret. Je suis toute chamboulée, comme si je retrouvais une vieille amie qui a embelli.

Les vieux murs sont envahis de mousse et de fougères. Seules les menuiseries fraîchement repeintes et la lumière qui s’échappe des fenêtres indiquent que le lieu est habité.

Lily, qui était prête à franchir la porte à la suite de Mila, fait demi-tour et vient me prendre sous le bras.

— Moi aussi ça m’a fait cet effet là quand j’ai vu les miracles qu’a accomplis Mimi. Et tu n’as même pas encore vu l’intérieur !

Je me se laisse entraîner, et effectivement je suis scotchée.

— Oh ! C’est magnifique !

L’intérieur est décoré avec goût et sobriété. Des tables rondes en bois, ainsi que des chaises très simples de la même matière, sont disposées dans la salle à gauche. Des alcôves sont garnies de banquettes qui donnent envie de s’y lover.

Mila est déjà vautrée dans l’une d’entre elles.

Des bouquets de fleurs séchées ornent les murs, ainsi que des photos très réussies de paysages de montagne en noir et blanc. Le tout est très « Feng shui ». Etonnant dans un petit village reculé de montagne.

Le bar à droite est peu chargé. Les alcooliques ne trouveront pas leur bonheur ici. La salle est déjà bien remplie, alors qu’il est à peine midi.

Je repère au fond de la salle un grand homme de dos, qui a l’air bien bâti. Il est en train d’accrocher des fleurs séchées sur un pan de mur nu.

Ce sont les fleurs qui ont attiré mon regard ou le dos musclé taillé en V au-dessus d'un joli fessier ?

Je n’y accorde pas plus d’attention et me tourne vers le bar où la fameuse Mimi vient de faire son apparition.