Fyctia
Chapitre 29 - Olivia
Lorsque j’ouvre les yeux, je suis parcourue par un frisson glacial ; j’ai un mauvais pressentiment. Mais Liam est à côté de moi, alors je me blottis davantage contre lui. J’ai fait un nouveau cauchemar. Raphaël était là, il venait à l’hôpital.
Je ne me souviens pas m’être endormie. Liam était à côté de moi dans le lit, et je me suis détendue, la tête contre son cœur, apaisée par sa proximité et sa main dans mes cheveux. Nos baisers tournent en boucle dans mon esprit, et je ne sais pas ce que cela signifie.
Je sais qu’il m’attire irrésistiblement, mais cela ne m’empêche pas de m’inquiéter : j’ai beaucoup trop peur de me laisser aller à mes sentiments. Pourtant, sa présence m’apaise et me réconforte.
Des coups sont frappés à la porte, et je souris lorsque Louisa, une infirmière que je connais bien, entre dans la pièce. Elle me jette un regard faussement accusateur :
– Olivia, tu sais que les visites la nuit sont interdites.
A ces mots, Liam ouvre les yeux. Ses cheveux sont en bataille, sa chemise froissée, et il semble ne pas savoir où il se trouve. Il est attendrissant. Il regarde autour de lui, puis s’écarte de moi, penaud, comme s’il avait été pris dans une situation compromettante.
– Ah, ces enfants, dit Louisa en levant les yeux au ciel.
Je croise le regard de Liam et nous nous sourions malicieusement. Louisa prend mes constantes et m’annonce :
– Tu vas devoir rester à l’hôpital encore quelques jours. Si ton cher et tendre souhaite dormir à tes côtés, préviens-moi, je lui installerai un lit.
– Merci, Louisa.
Cette femme est remarquable : elle a toujours travaillé ici, et elle est plus une mère pour moi que ma propre mère. Elle s’arrange toujours pour que je ne manque de rien lorsque je suis à l’hôpital, et je lui en suis reconnaissante.
Je la suis du regard pendant qu’elle sort de la chambre, quand mes yeux sont attirés par quelque chose : un bouquet de fleurs. Je fronce les sourcils. Elles n’étaient pas là hier.
Je reste un instant focalisée dessus : des pivoines, symbole de la guérison, et accessoirement l’une de mes fleurs préférées.
– Liam ? je l’interpelle.
Il se retourne vers moi, encore à moitié endormi, attendant que je poursuive. Je ne détourne pas les yeux du bouquet :
– Est-ce que tu es allé m’acheter des fleurs ?
Son regard suit le mien et je sens qu’il se crispe légèrement.
– Non, ce n’est pas moi.
Il se lève et se dirige vers la petite commode et inspecte le bouquet :
– Il n’y a pas de carte. Tu sais de qui elles pourraient venir ?
Un frisson me parcourt l’échine et je m’empare de mon téléphone, un peu fébrile. Les larmes me montent aux yeux lorsque je vois une unique notification sur l’écran :
Inconnu : Alors, je t’ai fait peur, bébé ? J’espère que ces fleurs sont à ton goût.
Le message est accompagné d’une photo de Liam et moi, endormis cette nuit sur mon lit d’hôpital. Je ne dis rien, ne souhaitant pas alarmer Liam, mais mon cœur s’emballe et les machines se mettent à sonner de tous les côtés.
Mon fiancé accourt vers moi, inquiet :
– Olivia ! Que t’arrive-t-il ?
Je ne parviens pas à répondre, sentant instantanément les prémisses d’une crise d’angoisse, et il appuie sur le bouton d’appel des infirmières. L’une d’elles arrive presque aussitôt et tente de me calmer.
Au bout de quelques minutes, mes constantes redeviennent stables, et Liam me prend dans ses bras, murmurant des mots doux à mon oreille. Lorsqu’il est certain que je suis détendue, il s’éloigne pour me laisser respirer.
Avant qu’il s’inquiète plus, je décide de crever l’abcès :
– Les fleurs viennent de Raphaël.
Tous ses muscles se tendent et il relève ses yeux étincelants de colère vers moi.
– Qu’est-ce qui te fait dire ça ?
Après avoir poussé un profond soupir, je me lance :
– Je suis sortie avec Raphaël pendant trois ans. Nous nous sommes séparés il y a environ deux ans en très mauvais termes. Il était …violent.
Son regard se voile lorsque je prononce ces mots, tandis que des gouttelettes salées roulent à nouveau sur mes joues. Je prends une grande inspiration, essayant de trouver la force de poursuivre mon histoire.
– J’ai fini par réussir à sortir de cette relation en changeant de numéro de téléphone et en ne donnant plus de nouvelles. Mais cela n’a pas fonctionné : il m’a retrouvée instantanément car il savait où j’habitais. Depuis, il me traque et me harcèle.
J’ai du mal à continuer, des souvenirs de ces instants passés refaisant surface dans mon esprit. Ses coups, ses menaces, sa séquestration… Avant que je me perde dans mes propres pensées, Liam prend la parole :
– Qu’est-ce qu’il cherche ?
– Je pense qu’il veut que l’on se remette ensemble. Il ne supporte pas de m’avoir perdue, et d’avoir de moins en moins d’emprise sur moi. Il me fait du chantage, Liam. Il est partout, où que j’aille, quoi que je fasse, peu importe si je change de numéro ou d’adresse. Il me retrouve toujours.
Liam s’approche de moi, revient sur le lit à mes côtés et m’attire contre lui :
– Je suis tombé sur des messages, vendredi soir, quand tu m’as donné le code de ton téléphone pour le livreur.
Mon Dieu ! Comment a-t-il pu voir quelque chose venant de Raphaël ? Je m’évertue pourtant à tout cacher, ne rien laisser paraître.
Puis soudain, je saisis : quand je suis revenue de la douche, des messages de Raphaël se sont affichés sur mon portable. Je lève le visage vers Liam pour dire quelque chose, mais il me devance :
– Avant que tu ne t’énerves contre moi, sache que je voulais t’en parler, mais que je ne savais pas comment faire pour ne pas te braquer. Je craignais que tu te renfermes et que tu m’empêches de t’aider, alors j’attendais le bon moment. Je ne voulais pas entrer dans ton espace privé, ni tomber sur quelque chose qui ne m’était pas adressé. Mais surtout, j’attendais que ça vienne de toi. Je suis désolé.
Il a dit ces phrases très vite, sans articuler, mais je comprends instantanément qu’il culpabilise d’être tombé sur ces messages. Pourtant, même si une part de moi se sent honteuse, l’autre est soulagée : il a vu ce qu’il me demandait, il sait donc ce que je vais dire ensuite. Ce constat me pousse à continuer :
– Rien n’est plus suffisant pour lui, il me demande toujours davantage. Il a disparu pendant quelques mois, et je pensais qu’il s’était lassé, mais il est revenu un peu avant la soirée caritative que j’ai organisée en octobre. Depuis, il est hors de contrôle. Il m’envoie des photos de moi prises à mon insu, des photos de toi, me demande de plus en plus… J’ai peur, Liam. Il est dangereux.
Je marque une pause.
– Si je ne te l’ai pas dit, c’est parce que je ne voulais pas que tu sois impliqué et qu’il finisse par s’en prendre à toi. Je ne sais pas de quoi il est capable. Il est… fou.
Liam, qui m’a écoutée jusqu’ici sans intervenir ou presque, reste silencieux un instant avant de reprendre la parole :
– Est-ce que tu es d’accord pour aller voir la police ?
– Je ne peux pas, Liam. Il EST la police.
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mima77
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Aline Puricelli
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Angel Guyot
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Aline Puricelli
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Emerziane
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lorrely
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Aline Puricelli
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