Fyctia
Chapitre 12 - Olivia
La soirée est à son paroxysme. J’ai croisé les membres de la direction de l’hôpital, et les dons semblent considérables, ce qui me rend extrêmement fière. J’ai fait exprès d'éviter Liam après son intervention tout à l’heure. Je n’arrive pas à comprendre qu’il soit aussi impliqué à l’idée de venir me parler : d’abord aux Tuileries, maintenant ici à deux reprises. Pourtant, jamais auparavant il ne m’avait adressé la parole, et je m’en portais très bien. Mais je ne peux pas mentir, sa présence me trouble et son intérêt soudain me fait tourner la tête. Au fond de moi, j’espère que mes parents ne nous ont pas vus discuter à l’écart de tous : je crains qu’ils ne soient pas très enthousiastes à cette idée, même si nos pères ont échangé une poignée de main vigoureuse que je n’explique toujours pas.
Ces pensées en tête, je rejoins mes parents, postés au centre de la pièce et prenant le temps de saluer chaque personne qu’ils croisent. Lorsqu’ils me voient arriver, les yeux bleus de mon père se plantent dans les miens :
– Olivia, te voilà. Reste donc un peu avec nous !
– Bien sûr papa. Comment se déroule votre soirée ?
– Très bien. Félicitations pour cette première initiative, tout le monde est impressionné par l’organisation.
Après une brève pause, il ajoute, sa main attrapant fermement mon épaule :
– Je suis fier de toi.
Une bouffée de chaleur m’envahit alors que je me répète ces cinq petits mots en boucle. Fier. Il est fier. De moi. Pour la première fois de ma vie, je rends mon père fier. Je suis tellement émue par cette démonstration d’attention que les larmes me montent aux yeux, mais je les ravale dignement en répondant simplement :
– Merci. Je suis contente que cet événement ait pu voir le jour aussi rapidement.
Je me tourne vers ma mère, qui n’a pas dit un mot et qui me regarde avec le sourire artificiel qu’elle réserve aux journalistes. Cependant, dans ses yeux brille un feu glacial prêt à m’engloutir. Je leur souris poliment et me détourne, mais mon père m’interrompt :
– Je t’ai vu discuter avec Liam. C’est bien.
J’arque un sourcil, étonnée :
– Bien ?
– Oui, tu noues des liens avec lui, c’est important.
– Je ne comprends pas : tu m’as toujours déconseillé de m’adresser à cette famille, par peur de l’image que ça pourrait renvoyer, lui rétorqué-je en me retournant.
– Et bien j’ai changé, c’était sans doute une erreur. Je pense au contraire qu’il est préférable pour les affaires de bien connaître ses concurrents.
En entendant cette réponse à laquelle je ne m’attendais pas, je reste interdite l’espace d’un instant, mais je me reprends rapidement. J’ai été tellement formatée à être parfaite aux yeux du monde que je ne me permets pas le moindre petit écart d’attitude. Peut-être que Liam a raison, je me soucie trop du regard des autres. Curieuse, j’annonce à mon père :
– Je t’ai vu serrer la main de Thomas Williams.
Mais plutôt que de se détourner de la conversation comme je pensais qu’il le ferait, il me répond :
– Nous avons des affaires communes au sujet desquelles nous souhaitions discuter.
– Depuis quand travaillons-nous avec eux ?
– Ce n’est pas le cas, mais la crise touche chaque entreprise, et tu le sais aussi bien que moi. Nouer des liens peut s’avérer utile.
– Vous aviez l’air plutôt complices, c’était assez surprenant.
– Nous en reparlerons, Olivia. D’ailleurs, je te demande d'être présente au bureau jeudi matin à 9h précises. Nous recevrons Thomas et son fils pour discuter de notre avenir.
Avant même que je puisse l’interroger davantage, il se tourne vers les journalistes qui attendent la fin de notre conversation pour nous prendre en photo et nous interviewer. Nous posons fièrement tous les trois en souriant, même si je sais qu’il ne s’agit comme d’habitude que d’une façade. Faire semblant m’épuise, mais depuis le temps, je suis rôdée.
Lorsque la séance photos est terminée et que les journalistes sont satisfaits de mes réponses à leurs questions, je me dirige vers le bar pour commander un verre d’eau. En portant le liquide à mes lèvres, je repense à la conversation avec Liam et suis plutôt surprise qu’il ait remarqué que je n’avais pas touché au champagne qu’il m’avait apporté. Il a l’air très observateur.
En réalité, lorsqu’il est venu me rejoindre sur le balcon, j’étais sortie car je sentais le malaise arriver. Grâce à plusieurs années d’entrainement, j’ai réussi à ne rien laisser paraître, mais je sentais mon cœur s’emballer et ma tête tourner : j’ai manqué de peu de m’effondrer face à lui, ce qui m’aurait fortement contrariée.
Je me surprends à le chercher du regard, quand une voix familière m’interpelle derrière moi :
– Hey, Olivia, ma puce, comment te sens-tu ? Tu es enfin disponible ?
Je souris : mon parrain est arrivé. Il m’avait avertie qu’il aurait un peu de retard car il était retenu à l’hôpital. Je me retourne et m’approche de lui pour l’enlacer rapidement :
– Salut, Louis. La soirée se déroule à merveille.
– Je suis heureux de l’apprendre. Tu es sûre que ça va ? Pas de palpitations malgré le stress de toute l’organisation ?
Je le regarde un peu agacée : je n’ai pas envie d’aborder le sujet, mais il me connaît bien, alors je réponds :
– Plus maintenant, mais j’ai eu une petite crise il y a une heure. Ne t’inquiète pas, j’ai pris mes médicaments et tout s’est bien terminé.
Je lui souris pour appuyer mes propos. Comprenant que je n’ai pas envie de m’étendre sur le sujet, il me demande d’être prudente, puis se dirige vers mes parents afin de les saluer.
Alors que je soupire de soulagement, la sonnerie de mon téléphone se met à retentir dans ma pochette. Je le sors et fronce les sourcils : « numéro inconnu, appel indésirable suspecté ». J’envoie sur répondeur et range mon téléphone.
Je m’adosse à un mur en observant les alentours. Liam discute avec une brune que je ne connais pas et semble agacé. Je ne m’en préoccupe pas et promène mon regard sur les autres invités. Je me sens seule. Mes amis ne sont jamais conviés à ces événements, et je ne suis pas assez extravertie pour m’immiscer dans un groupe déjà construit. C’est donc très souvent que je termine mes soirées seule avec une coupe de champagne remplie d’eau, en attendant patiemment de me retirer sans susciter de réactions ou paraître impolie.
Mais alors que mes pensées divaguent et que je me perds dans leur tourbillon, mon téléphone m’interrompt à nouveau. J’ouvre ma pochette en soupirant et découvre, horrifiée, le message suivant :
Inconnu : 10 000€ déposés sur mon compte en banque avant demain midi.
Sinon, tu sais ce que tu risques, bébé.
Mes genoux se dérobent et je manque de défaillir. Je prends sur moi tandis que la panique me gagne : Raphaël est réellement de retour, et recommence son chantage.
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Kenza | Fyctia
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Aline Puricelli
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_Celestya_
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