A.Eli Quand l'esprit de Noël rime avec JAMAIS DE LA VIE ! Chapitre 6 - Partie 1

Chapitre 6 - Partie 1

— Re bonsoir Miss Sourire, me dit-il avec un soupçon de moquerie dans la voix.


Son ton léger et son attitude de vainqueur parviennent en un rien de temps à énerver toutes les cellules de mon corps. Ce petit sourire accroché à ses lèvres suffit à incendier mon sang.


— Monsieur, répondis-je, agacée. Que puis-je faire pour vous ?


En bon joueur qu’il est, il appose ses deux avants bras sur le comptoir et me toise de sa hauteur. Il reste figé dans cette position quelques secondes avant de se redresser, les mains dans les poches et de me répondre le plus naturellement du monde :


— Et bien, j’aimerais beaucoup connaître votre prénom.


— Je ne suis pas certaine que vous en ayez besoin pour profiter de votre soirée. Vous désirez autre chose ? je ne peux m’empêcher de rétorquer, impatiente de clore cette discussion.


Afin d’y mettre un terme au plus vite, je jette des coups d’œil entre lui et la vitrine de pop-corn, espérant qu’il comprenne le sous-entendu et s’en aille. Je ne peux l’expliquer, mais en sa présence, je ressens de la frustration, beaucoup de frustration ! J’ai terriblement envie qu’il me laisse tranquille et en même temps, j’espère qu’il s’éternise auprès de moi juste pour le plaisir d’entrer en confrontation avec lui. Un jeu du chat et de la souris. Un jeu auquel je joue peut-être seule d’ailleurs. Enfin bon !


— Je crains que de ne pas connaître votre prénom durant toute la soirée me perturbe et m’empêche de profiter de ce film qui d’après ce qu’on m’a dit a de très bons retours, affirme-t-il, son sourire s’élargissant.


— Bien sûr qu’on vous l’a dit. Moi. Il y a environ quinze minutes. Bon vous voulez quelque chose ou vous êtes juste là pour passer le temps pendant que votre compagne attend sagement dans la salle ? M’emporté-je.


Non mais oh ! Faut pas pousser ! Déjà il me fait perdre mon temps, je vais devoir partir plus tard pour finir le nettoyage. Et en plus, il veut faire copain-copain avec moi pendant que sa femme patiente docilement pendant qu’il rapporte les pop-corn ou les sodas ou peu importe !


— Ma compagne, comme vous dites, ne m’attend pas, n’ayez aucune inquiétude là-dessus. Elle ne m’en voudra pas de l’abandonner quelques instants.


Non mais alors lui vraiment ! Il ne manque pas de culot. Il passe son temps libre à discuter avec une autre femme que la sienne et il a l’air d’en être fier.


— Bon écoutez, reprends-je d’une voix tremblante, tiraillée entre l’envie de l’envoyer bouler et l’inquiétude de voir sa femme arriver et comprendre la situation. Hors de question que je fasse une scène avec elle dans le coin.


Les mains à plat sur le comptoir, j’hausse des sourcils et renchéris donc, un ton plus bas :

— Je termine ma journée dans dix minutes. Donc si vous ne désirez rien, je vais vous laisser et retourner à mon nettoyage.


Un éclair de génie passe dans le regard de Monsieur Je Ne Lâche Pas l’Affaire qui semble enfin comprendre qu’il m’agace. Il lève les mains en signe de reddition et sans se départir de son éternel sourire en coin, se retourne et commence à effectuer quelques pas en direction de la salle.


Rassurée de le voir s’éloigner, je passe de l’autre côté du comptoir et me dirige vers le couloir où se trouve le petit placard qui contient nos stocks de produits et outils de ménage. Ce passage est très étroit et mène jusqu’aux toilettes pour femmes. Afin d’optimiser l’espace, nos étagères de rangement sont dissimulées dans le mur mais malgré ça, il faut y passer un par un. Lorsqu’on y est, il devient impossible d’ouvrir entièrement la porte du placard car elle bloque l’accès au couloir. Je me faufile donc jusque-là, récupère le produit vitre afin de nettoyer la vitrine des produits. En refermant la porte, je réalise que l’endroit est bien plus sombre que d’habitude. Et pour cause. Il est de nouveau là. Avec sa carrure imposante et ses avant-bras reposants sur les deux pans du mur, il me bloque totalement le passage et je me sens piégée. C’est définitivement moi la souris. Sans aucun doute.


Je n’ai pas peur de lui. Je n’ai pas le sentiment qu’il pourrait m’arriver quelque chose de mal. Mais on ne va pas se mentir, se retrouver coincée entre quatre murs, sans aucune échappatoire possible et avec un Monsieur Musculature de Bucheron qui vous bloque le passage, ce n’est pas la situation la plus zen possible.


Sa voix grave et profonde retentit et bloque momentanément ma respiration. Ça doit être le stress. Forcément.


— Écoutez… Commence-t-il, augmentant volontairement ou non ma propre panique.


Désespérément, j’effectue un pas vers l’avant pensant qu’il aura la décence de se reculer. Que nenni ! Il reste droit comme un i et semble réellement amusé par ma vaine tentative. Ça y est, il m’agace à nouveau. Est-ce qu’il a seulement conscience qu’une telle situation pourrait s’avérer extrêmement anxiogène pour certaines personnes ? Abruti ! J’hésite pendant un quart de seconde à me replier sur moi-même pour lui faire comprendre qu’il ne peut pas bloquer quelqu’un comme ça, ne connaissant pas la personne qu’il a face à lui. Puis je me ravise. Il veut jouer au grand garçon intimidant. Parfait. Je vais lui montrer qu’il ne m’impressionne pas.


Déterminée à ne pas le laisser prendre le dessus sur la situation, je marche droit vers lui, prête à entrer en contact physique si nécessaire. Bon, on ne va pas se mentir, en cas de corps-à-corps, j’ai plus de chance de finir par tomber sur les fesses à cause de l’impact plutôt que lui. Si j’arrive ne serait-ce qu’à le bousculer légèrement, ce sera déjà pour moi une grande victoire. Mais peu importe ! Je fonce et me retrouve à quelques centimètres de lui, le forçant à baisser la tête. De ma voix la plus claire et la plus distincte possible, je l’avertis en insistant sur chaque syllabe :


— Écartez-vous tout de suite de mon chemin.


Cette fois, ma voix ne tremble pas tant la colère a pris par de mon être.


— Pas avant que vous ne m’ayez dit votre prénom… Et croyez-moi, je finirai par le connaître me répond-il, sûr de lui.


— Non mais c’est quoi votre problème ! Qu’est-ce que ça peut bien vous faire de connaître mon prénom ! Je ne le répèterai pas une troisième fois, écartez-vous de mon passage ! Lui clamé-je, à deux doigts de perdre le contrôle et de me mettre à hurler.


La porte du cinéma s’ouvre et Monsieur Très Énervant rompt momentanément le contact visuel. Ni une, ni deux, je profite de son inattention pour me faufiler entre lui et le mur. A la hâte, je retourne derrière le comptoir. La surprise qui se lit dans son regard me fait jubiler. Et toc !


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3 commentaires

Lexa Reverse

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Il y a 2 ans

Mise à jour de la pluie de likes :)

iris monroe

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Il y a 2 ans

Bonne inspiration à toi.

John Doe

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Il y a 2 ans

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