Fyctia
Chapitre Final
J'aime beaucoup faire des recherches sur le passé d'un bâtiment, j'aime voir comment c'était fait avant.
Nous éclairons chaque zone du manoir dans lequel nous nous enfonçons un peu plus, Gaby et moi, à la recherche de Vicky qui nous fait perdre du temps.
— Vicky, BORDEL ! Je m'énerve.
J'ai énormément de patience, mais à un moment donné, il ne faut pas oublier pourquoi nous sommes là. Gaby est mûré dans un silence que je n'aime pas. Je mets ça sur le compte de la colère qui l'envahit. Il finit par me lâcher la main.
— C'est immense ici. On doit se séparer, Phoebe.
— Hein ?
Ma bible personne dit de ne jamais explorer seul.
— C'est mort. T'es fou ? Je demande, choquée.
Il ne répond rien, balayant toujours l'espace avec sa lampe torche.
— Il n'y a personne ici, à part cette espèce de merdeuse qui se planque, tu ne risques rien. T'as ton téléphone et j'ai le mien.
Je n'ai visiblement pas le choix.
— Ça va... Je vais à l'étage, je dis.
Après tout, il n'a pas tort. Nous n'avons pas quitté les lieux et nous avons procédé à une visite de jour. À part quelques vieux meubles, de la paperasse et le passé tragique de la vieille bicoque, il n'y a pas âme qui vit. Sois forte, Phoebe. J'ai besoin de m'encourager pour me donner la force nécessaire pour gravir les marches qui mènent à l'étage. Je tremble comme une feuille. Je pousse la première porte qui s'ouvre dans un grincement. Rien. J'attaque la seconde. Idem. Quand mon téléphone se met à vibrer dans ma main, je sursaute.
Je redescend, toujours apeurée malgré tout. Elle est prévenue, il me connait. Je vais lui péter un boulon dessus. Ce temps qu'elle nous a fait perdre est tellement précieux... Je rejoins la cave et je vois au loin, le faisceau lumineux de la lampe de Gaby.
— Vicky, t'es morte, j'annonce en m'enfonçant un peu plus dans la cave.
Il n'y a rien de spécial ici. Ce qui était autrefois une salle des tortures a disparu, ou presque. Tantôt, j'ai pris quelques photos des chaînes accrochées au mur.
— Elle est où ? Je soupire.
Il pointe le doigt derrière moi. Je me retourne et je pousse un cri d'horreur en faisant quelques pas en arrière. Ma meilleure amie est enchaînée au mur. Une marre de sang l'entoure.
— Je t'avais dit que c'était fait, dit Gaby.
Mes yeux croisent les siens. Il a le regard sombre d'un psychopathe. Ce n'est plus l'amour de ma vie que j'ai en face de moi. Je me rappelle du SMS que je lui ai envoyé. Le dernier : « Je vais la tuer ».
— Qu'est-ce que t'as fait ? Je demande, tremblante
Ma voix n'est qu'un murmure. Je continue de reculer. Il tend la main vers moi. Je trébuche.
— Gabriel... Tu me fais peur. Je t'en prie...
Il avance vers moi.
— Aide-moi, Phoebe.
L'espace d'un instant, je crois lire de la détresse dans ses yeux avant que de nouveau, ils ne deviennent sombres. Il se rue sur moi. Allongés au sol, il se met à califourchon sur moi et plaque mes bras au dessus de ma tête.
— Tic, tac...
Je crie. Je pleure. Je me débat. D'une force que je ne lui soupçonne pas, il me redresse et vient m'enchaîner aux côtés du corps inerte de mon amie. Je lui balance mon genou entre les cuisses. Il ne ressent aucune douleur. Il rit. Il rit d'une manière qui me glace le sang.
— Pitié, Gaby. Nous allons nous marier. Nous allons vivre notre plus belle vie ! Je le supplie.
Il continue de rire.
— Gaby ? Il répète.
Je repense aux SMS que nous avons reçu de la part de Vicky, plus tôt. Je repense aux siens. Ma vie défile soudainement devant moi. Si c'est une mise en scène, c'est le moment d'y mettre un terme.
— Pardonne-moi, Phoebe...
Il attrape un couteau qui se trouve un peu plus loin. La lame est rouge de sang. C'est certainement celui de ma copine. Comment est-elle arrivée là ? Faisait-elle une blague qui a mal tourné ? Gaby est-il la nouvelle victime masculine de ce lieu chargé d'histoire ? Je hurle de peur à mesure qu'il s'approche.
— Ne me... Rend pas... La tâche... Plus difficile...
Il est prit de spasmes. C'est comme si il cherche à lutter contre quelque chose. Il lâche le couteau.
— Tu dois te battre ! Je crie entre deux flots de larmes.
Je crois au paranormal. Je connais mon fiancé. Ce n'est pas lui. Il est comme possédé. Il ramasse de nouveau le couteau.
— Je t'aime.
La lame transperce mes chairs à la suite de ces trois petits mots. Une douleur intense me déchire. Il réitère son geste à plusieurs reprises. Je sens mon âme quitter mon corps, au point où je me vois. Je suis spectatrice de ma propre mort. Et lui, il est à genou devant mon cadavre. Il pleure toutes les larmes de son corps. Il me secoue. Il secoue Vicky.
— Je suis désolée, qu'il hurle. Je ne voulais pas ! On m'a forcé ! Mon dieu, qu'est-ce que j'ai fais !
Il me libère de mes chaînes. Mon corps sans vie tombe dans ses bras. Ses larmes de douleur glissent sur ma peau, comme ses doigts dans mes cheveux. Après de longues minutes, il se sert de mon sang pour écrire sur l'un des murs, un message particulier.
Fuyez, le diable vit entre ces murs. Il m'a possédé. Il m'a eu. J'ai commis le pire. FUYEZ TANT QUE VOUS LE POUVEZ ET CONDAMNEZ L'ACCÈS À CE MANOIR DE L'HORREUR ! Plus personne ne doit mourir...
Abruti par ce crime horrible qu'il a commis et avec lequel il sera incapable de vivre, il se rend une dernière fois auprès de moi qui crie, au travers de l'au-delà que je le sais non coupable, sans qu'il ne peut l'entendre et il m'embrasse.
— À la vie, à la mort, mon amour. Nous deux, c'est pour l'éternité...
Lentement, il remonte les marches qui mènent au rez-de-chaussée. Il se saisit de son téléphone pour composer le numéro des secours.
— J'ai tué ma fiancée et notre meilleure amie...
Il fournit les coordonnées géographiques exactes et il continue son périple en montant une à une les marches qui mènent désormais à l'étage. Il maintient le contact avec l'opératrice.
— Je ne voulais pas... Je n'étais plus moi...
— Je comprends, monsieur. Restez en ligne avec moi, les secours sont en route, répond la jeune femme
— Ce n'est pas une légende...
Gaby ouvre la seule fenêtre intacte de l'étage qu'il reste.
— Elle était tout pour moi. Je l'ai demandé en mariage il y a quelques heures. Elle a dit oui...
Il monte sur le rebord de la fenêtre. J'ai beau crier, il ne m'entends pas.
— Ne fais pas ça, Gabriel !
— Pardonnez-moi...
Il avance d'un pas décidé et il saute. Son corps atterrit lourdement sur le sol, dans un craquement significatif.
— Je crois qu'il a mit fin à ses jours, relate l'opératrice. Monsieur ? Monsieur, êtes-vous encore là ?
Comme pour moi, je vois son âme se détacher de son corps. Il me rejoint. Derrière nous, nous pouvons voir plusieurs personnes, dont Vicky.
— Bienvenue chez vous.
Le décor n'est plus le même. L'habitation est meublée et il y a de la vie. Celle de tous les défunts des lieux.
38 commentaires
Merixel
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Il y a 3 ans
Sonyawriter
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Il y a 4 ans
Val Kyria
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PhoebeB
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PhoebeB
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Il y a 4 ans