Sonia J. SAM PS : Je serai ton fiancé pour Noël ! Chap 5 -Alcool et conséquences

Chap 5 -Alcool et conséquences

Méline

Lundi matin. Bilan du week-end :

• 48h d’errance dans mon T2.

9 paquets de mouchoirs vidés.

1 portable retrouvé entre les coussins du canapé.

8 appels manqués (dont 5 de Priya et 3 de Ben).


Note à moi-même : se couper du monde ne résout pas les problèmes, ça les reporte ! Et ce report me terrifie, soulève mon estomac et me serre la gorge. À mon âge, il serait grand temps de ne plus croire en la magie. Je suis loin du conte de fées. Mon épopée ressemble davantage à un livre de Tolkien, semée d’embûches et de personnages malfaisants !

Mon pyjama pilou tombe sur le sol, j’ôte une à une les nombreuses couches de vêtements que j’ai superposées telle une carapace contre l’abandon. Seulement, ça aussi, ça ne fonctionne pas. Avec ou sans, je me sens toujours vulnérable.

Après une longue douche brûlante où ma poitrine s’est teintée d’un rouge écrevisse, je passe un jean, un chemisier blanc et une veste, prête à reprendre le chemin du travail. Mes gestes sont lents, je sens bien que mon corps se traîne. Quant à mon miroir, il me veut probablement du mal… Chacun de mes reflets me fait de la peine. J’imagine facilement les réflexions de mes chers collègues : « Oh la la, t'as une p’tite mine ! », « T’as l’air fatiguée ! », ponctuées d’un regard plein d’effroi, comme si mon état était contagieux. Le jour où tu es fatiguée, mal en point ou que sais-je, qu’on se le dise : tu n’as pas besoin de ce genre de remarques ! Une apparence de zombie devrait empêcher les gens de vous parler, voire de vous approcher.

Qu’une oreillette les informe : bad mood à six heures, périmètre de sécurité activé.

Je soupire par anticipation. Les commentaires désobligeants de mes collègues ne sont évidemment pas le pire. Celui-ci s’appelle Arsène. Le recroiser au bureau va être une épreuve. Depuis hier, j’imagine la scène, ce que l’on va bien pouvoir se dire… Je suis partagée entre l’envie de lui hurler dessus et celle de lui poser les millions de questions qui me torturent l’esprit : Pourquoi ? Depuis combien de temps ? M’as-tu seulement aimé ? suivi d’une flopée d’injures.

Mes poumons se compriment, les larmes montent, mais je lève les yeux vers le ciel pour les contenir. Elles ont déjà beaucoup trop coulé par sa faute. En me levant ce matin, je me suis promis de reprendre ma vie en main et de chasser toutes traces de tristesse. J’expire profondément et abuse de l’anticernes pour cacher les dernières heures de sommeil peuplées de cauchemars et de sanglots.

Alors que j’avais presque réussi à tirer un deuxième trait d’eye-liner symétrique avec le premier, un bruit fracassant dans le mur de la salle de bains me fait sursauter. Ce n’est pas la première fois que cela arrive, j’ai alerté Suzanne à ce sujet, mais ça n’a pas eu l’air de l’inquiéter. On a la sensation qu’un tuyau vient d’imploser et qu’il s’est fracassé contre une paroi. Le bruit recommence moins fortement et je reste là, figée, à contempler le carrelage en mosaïque. Mon petit doigt me dit que ça ne présage rien de bon.

Le vibreur de mon portable retentit contre la vasque. Je m’en empare et décroche.

— Oui ? je réponds à ma meilleure amie en cherchant le démaquillant.

— Tu es en vie ! souffle-t-elle avant de s’adresser à quelqu’un d’autre, que je suppose être Sarah : oui, elle a décroché, elle va bien ! Enfin, je crois...

Sa voix se rapproche du téléphone :

— Est-ce que ça va ?

— J’ai connu des jours meilleurs, lancé-je en essayant de terminer mon maquillage.

— Ben aussi a cherché à te joindre, m’informe-t-elle. Il s’inquiète pour toi… comme nous.

— Je suis désolée, mais comme je te l’ai dit, j’avais besoin d’être seule. Je vais bientôt partir, lui annoncé-je en rangeant ma trousse.

Je rejoins le salon et m’apprête à récupérer mon ordinateur quand Priya m’interrompt :

— Tu n’as pas reçu le mail d’Arsène ?

À l’évocation de son nom, mon estomac se révolte.

— Non…, murmuré-je la gorge serrée.

Illico presto, j’allume mon PC.

— Tu n’as pas non plus regardé par ta fenêtre, constate Priya.

Je jette un œil au-dehors, de minuscules flocons tourbillonnent dans le ciel blanc et les trottoirs sont recouverts de poudre blanche.

— Il neige, remarqué-je, et alors ?

Quel pouvait bien être le rapport avec le mail d’Arsène ?

Je m’assois au moment où ma messagerie s’ouvre, tandis que ma binôme me résume le message de notre patron.

— À cause des intempéries, il nous impose le télétravail jusqu’à nouvel ordre. L’équipe fera une visio vendredi pour faire le point.

— Les intempéries ? répété-je d’un timbre moqueur. C’est trois centimètres de neige ! On ne vit pas au Canada !

Mes yeux découvrent le mail et le survolent. Je ne vois aucune bienveillance dans les propos de notre responsable, et je ne peux m’empêcher de me demander si ça a un rapport avec moi. Mes épaules s’affaissent. Je ne sais pas si cela me soulage ou m’attriste.

— Toujours avec nous ? s’alarme Priya.

— Oui, oui, murmuré-je. Je vais aller me faire couler un café et m’y mettre.

— Au moins, tu ne vas pas le revoir tout de suite…

Ma meilleure amie sait lire en moi comme dans un livre ouvert.

— C’est préférable, confirmé-je d’une petite voix.

Un silence s’étire.

— Ça va aller quand même ?

— Oui, ne t’en fais pas.

— Surtout, Méline, si tu as besoin, tu m’appelles, OK ? insiste-t-elle.

— Hum hum.

Une phrase gentille de plus et je vais m’effondrer.

— On a du boulot, conclus-je.

— Le tien de boulot, j’espère !

— Je n’ai pas vraiment avancé vendredi soir, comme tu t’en doutes, mais j’ai pris des engagements auprès de l’agent de Mary…, tenté-je de me justifier avant que Priya ne me coupe.

— C’est le travail d’Arsène ! s’agace-t-elle. Il ne méritait pas ta gentillesse, mais avec ce qu’il t’a fait, il la mérite encore moins !

— Je sais ! répliqué-je sur le même ton. Mais, contrairement à ce que tu crois, je ne le fais pas pour lui. Enfin, vendredi, c’était peut-être le cas, mais à partir d’aujourd’hui, c’est terminé ! J’ai une conscience pro, j’ai promis que Mary aurait le texte modifié, ce sera fait. Ensuite, je te promets de ne plus faire d’heures sup ni de travailler sur des dossiers qui ne m’appartiennent pas.

— Tu ne peux pas savoir à quel point ça me fait plaisir de t’entendre dire ça !

Cela me soutire un bref sourire.

— Bon, allez, on s’y met !

— Bon courage, Mélodie !

— Bon courage, Priscille ! m’esclaffé-je.

La communication se coupe et mon cœur est un peu plus léger. Ma meilleure amie sait comment me rendre le sourire. Elle ne s’apitoie pas sur mon sort et me tire vers le haut. Je suis si reconnaissante de l’avoir dans ma vie, car je sais que ce genre d’amitié est rare et précieux. Avant de traiter la longue liste de mails non lus qui m’attend, je fais un rapide aller-retour à la cafetière. Mon mug bien chaud à la main, je prends place, prête à me retrousser les manches.

Tu as aimé ce chapitre ?

7

7 commentaires

Ludivine 27

-

Il y a 23 jours

La neige est arrivé au bon moment...

Bellaa

-

Il y a 24 jours

Trop hâte de découvrir la suite

Sonia J. SAM

-

Il y a 24 jours

Merci 🙏🏼

Bérengère Ollivier

-

Il y a 25 jours

Ah la la j'ai hâte de lire mla suiiiiiiite

Sonia J. SAM

-

Il y a 25 jours

Merci beaucoup 🤩

la-mahie

-

Il y a 25 jours

Merci la neige

Sonia J. SAM

-

Il y a 25 jours

C’est clair 😆
Vous êtes hors connexion. Certaines actions sont désactivées.

Cookies

Nous utilisons des cookies d’origine et des cookies tiers. Ces cookies sont destinés à vous offrir une navigation optimisée sur ce site web et de nous donner un aperçu de son utilisation, en vue de l’amélioration des services que nous offrons. En poursuivant votre navigation, nous considérons que vous acceptez l’usage des cookies.