Fyctia
Chapitre 1 (4)
Leurs corps étaient marqués de cicatrices et de morsures, leurs visages pâles comme ceux de morts. Je poussai un hurlement primal, et ma louve répondit, brisée de douleur.
Sans réfléchir, elle prit possession de mon corps et se précipita vers la fenêtre. Elle ignora complètement la vitre et l’étage auquel nous nous trouvions.
Le verre vola en éclats.
La douleur me fit hurler, mais ma louve n’y prêta pas attention. Elle n’avait qu’un seul objectif : atteindre mes parents. Elle refusait de croire qu’ils étaient morts. Pas eux. Pas ces personnes fortes, gentilles, attentionnées, celles qui avaient toujours veillé sur moi. Pourquoi eux, parmi tant d’autres ?
Mais la réalité s’imposa brutalement à moi. Mes parents étaient comme moi : des loups-garous. Cette vérité, que je n’avais jamais pleinement acceptée, m’explosa en plein visage. Cela devait être la raison de leur assassinat.
L’image de l’homme à la balafre s’imposa dans mon esprit. J’étais quasiment certaine qu’il en était l’auteur.
Il était devant la porte de mon appartement. La balafre ensanglantée sur son visage prouvait que mes parents s’étaient battus. Mais comment cela avait-il pu se terminer ainsi ? Ils étaient les deux personnes les plus fortes que je connaissais. Ils ne faisaient qu’un avec leur loup.
Aucun humain ne pouvait les vaincre.
À moins… à moins que cet homme ne soit pas humain. Si c’était un loup, comme moi, pourquoi ne s’était-il pas transformé lorsqu’il m’avait poursuivie ? Peut-être était-il trop affaibli par son combat avec mes parents. Mais même dans cet état, un loup adulte restait bien plus puissant que moi.
Cette pensée paralysa ma louve. Elle hurla son impuissance et son désespoir.
Une idée germa alors dans mon esprit : chaque loup laisse une trace, une empreinte olfactive unique. Si je pouvais identifier l’odeur de leur meurtrier sur mes parents, je pourrais le traquer.
Motivée par cette idée, je repris ma course, déterminée à voir mes parents une dernière fois et à trouver cette odeur. Mais alors que j’approchais, un immense loup noir bondit devant moi, me barrant la route.
Folle de douleur et de rage, je continuai à courir vers lui. Il grogna, mais je grognai aussi, un son guttural et menaçant qui sembla le surprendre. Sans réfléchir, je forçai le passage, mais il me sauta dessus, son énorme poids m’écrasant au sol.
Je suffoquai sous son corps massif, gémissant furieusement. Il réajusta sa prise, mais dès qu’il relâcha un peu sa pression, j’en profitai pour me dégager et reprendre ma course.
Il grogna à nouveau, mais cette fois, une étrange force émana de lui, cherchant à me soumettre. Une aura puissante, oppressante, tenta de me faire plier, mais je résistai de toutes mes forces.
Son expression changea : il recula, choqué.
Puis, sous mes yeux, son corps commença à se métamorphoser. L’énorme loup se transforma en un humain.
C’était un jeune homme, grand, très grand, presque un géant. Il avait des cheveux noirs comme la nuit, des yeux bleu nuit si sombres qu’ils paraissaient presque noirs. Ses traits étaient parfaits, comme sculptés : un visage harmonieux, des lèvres bien dessinées, un corps musclé à la perfection.
Il me fixait avec surprise, presque incrédulité.
Une étrange force m’attirait vers lui. Il était une véritable œuvre d’art vivante.
C’est cette révélation qui me poussa à me transformer à mon tour. Je devais comprendre qui il était et d’où il venait ! À peine avais-je repris ma forme de louve que je sentis son regard me détailler. Étonnamment, là où ses yeux se posaient, une chaleur intense montait en moi. Profondément troublée, je restai figée, incapable du moindre mouvement.
Je le contemplais, étourdie, comme enveloppée dans un nuage cotonneux. Puis, une voix douce et insistante résonna dans ma tête.
« Notre promis. »
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