Fyctia
7.4 Confessions mère-fils
Finalement, avec les aides conjointes de Jacob et de Caroline, Niels finit ses devoirs quotidiens, ce qui n’est plus arrivé depuis… en fait, ça fait si longtemps qu’il n’en sait absolument rien !
— Merci… souffle-t-il, reconnaissant, les larmes aux yeux. À tous les deux. Et merci m’man pour c’te nuit. Pour tous nos câlins, pour tous tes mots réconfortants, pour avoir dormi dans l’canapé cont’ moi. J’me sentais mal et j’aurais jamais pu m’endormir sans toi, ’sti !
— Je suis toujours si fière de toi mon bébé, lui répond-elle en souriant, les yeux brillants d’émotion alors que son regard va du visage ému de son fils à sa feuille de devoirs immonde mais terminée puis de sa feuille de devoirs immonde mais terminée au visage ému de son fils à plusieurs reprises. Allez, va te laver, j’veux pas d’retard pour l’lycée ! ajoute-t-elle en se levant pour se diriger vers la planche à repasser pour terminer le linge qu’elle n’a pas eu le temps de faire la veille.
Doucement, Niels essuie les larmes qui perlent au coin de ses yeux en acquiesçant. Il monte, le pas traînant, à l’étage. Quand il entre dans sa chambre, il frissonne de froid : il a complètement oublié de fermer sa fenêtre avant de ramener Azalée chez elle. Il s’empresse de la fermer puis se dirige vers son dressing. Lorsqu’il l’ouvre, des vêtements roulés en boule s’écroulent sur le sol. Il les ramasse, les renifle, grimace et…
— Ça va l’faire… murmure-t-il en haussant les épaules.
Il se rend dans la salle de bain et commence à se déshabiller puis, dans un soupire, il se rhabille.
— Nan, j’peux pas puer l’f’nnec pour Azalée ! se réprimande-t-il.
Il ouvre la porte de la salle de bain avec fracas.
— M’MAAAAAAAAAAAAAAAN ! braille-t-il.
— CHIOT ! GUEULE PAS COMME ÇA, QU’EST-CE T’AS ‽ hurle-t-elle, au moins trois fois plus fort que lui, de sa voix aiguë et stridente.
— RABOULE DES GUENILLES PROPRES ! J’SENS L’OURS !
— LAVE-TOI L’CUL J’ARRIVE T’METT’ÇA SU’L’PORTE-SERVIETTES !
— OK. J’LAISSE L’VERROU OUVERT !
— OUAIS ET MAINT’NANT FERME TON OSTIE D’GUEULE, TU M’FILES LA MIGRAINE !
Niels entend Jacob s’esclaffer au loin. Son rire est contagieux : il se contient avec peine de suivre le mouvement, mais il sourit jusqu’aux oreilles.
Enfin, il se déshabille pour de bon et entre sous la douche. Lui qui a l’habitude de se laver très rapidement sous l’eau froide tous les matins, il prend une longue douche chaude sous laquelle il ne peut pas s’empêcher de penser à sa journée de la veille. Il est si heureux d’avoir rencontré Azalée, même s’il aurait aimé que ce ne soit pas parce qu’elle est malmenée au quotidien au lycée. Il est heureux de l’avoir invitée à passer la soirée chez lui. Il est heureux qu’elle ait accepté. Il est heureux tout simplement. Chaque seconde passée avec elle est une seconde merveilleusement magique. Et aujourd’hui, il compte bien tout faire pour qu’il n’arrive rien à Azalée et, pourquoi pas, pour qu’Azora, Anaïs et le reste de la bande de putes ait enfin ce qu’elles méritent et soient punies à la hauteur de leurs mauvaises actions.
Lorsqu’il sort de la douche, des vêtements immaculés aux senteurs fleuries de lessives l’attendent sagement, comme l’avait promis sa mère, sur le porte-serviettes. Il sourit, reconnaissant de tout l’amour que leur porte Caroline, à lui, Zachée, Jacob et leur père. Et tous, ils le lui rendent bien. Il ne pourrait rêver d’une famille plus unie que la sienne, il en est parfaitement conscient.
En comparaison, la famille d’Azalée, qu’il ne connaît pas encore entièrement, lui semble des plus dysfonctionnelle. Il est désolé pour elle. Il voudrait tellement qu’elle s’épanouisse dans un environnement familial agréable et heureux, avec des sœurs et des parents qui l’encouragent et la conseillent dans ses décisions, qui lui montrent toute la beauté qu’elle a en elle, tous les talents qu’elle possède.
Il serre les poings, l’air décidé : grâce à lui, Azalée passera une excellente journée aujourd’hui.
Et pour ça, il doit commencer à se faire beau et présentable pour elle. Il se met, en quantité, du déodorant sous les échelles. Puis il prend un soin tout particulier à coiffer et lisser sa longue mèche rebelle, qui finit toujours par rebiquer. Il lâche l’affaire, souffle dessus puis s’ébouriffe les cheveux. Il ne veut pas non plus être le cliché dégueulasse de l’intello coincé chef du club d’échec incapable de serrer une fille avec ses cheveux bien trop gominés qui ne bougent pas de toute la journée. Il n’est pas trop beau mec, mais il se trouve plutôt cool, dans ses éternels shorts et tee-shirts, avec ses longs cheveux en bataille sur lesquels il adore souffle pour dégager sa vision. Il se brosse si bien les dents qu’il a peur de perdre la vue en se souriant dans le miroir.
— Salut beau gosse ! s’exclame-t-il en faisant un clin d’œil à son reflet.
Lentement, il enfile le slip, les chaussettes, le short rouge sombre et le tee-shirt blanc que Carole à minutieusement lavés, repassés et pliés en repensant à la question d’Azalée la veille. C’est vrai qu’il pourrait faire un effort de temps en temps et ne pas porter les mêmes tenues toute l’année…
Pour elle, il le jure sur la bible, il va faire en effort ! Samedi, c’est décidé, il va dépenser toutes ses économies au centre commercial pour être digne d’elle et ne pas lui faire honte rien qu’avec sa simple présence !
— NIEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEELS !
Il sursaute, une main sur le cœur, avec un grand rire nerveux.
— ALLEZ DANS L’CHAR J’SUIS LÀÀÀÀÀ !
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