Aime Kha Premier amour ou dernier ? Régate, 2

Régate, 2

Rose et Marc m’expliquent chacun quelles vont être mes tâches. Ma mission principale : contre-poids.

Si le bateau penche d’un côté, je dois aller de l’autre.

Je ne sais pas comment le prendre mais passons. Je n’y connais rien de toute façon.


À neuf heures tapantes, le coup de sifflet retenti. La régate commence.

Sur les deux catamarans nous hurlons comme des fous. La guerre a commencé.

J’ai l’esprit de compétition, c’est comme ça, pour moi, c’est la guerre.

Je suis attentive au moindre coup de vent, au moindre mouvement du bateau, concentrée comme pas possible.

Le bateau des garçons est légèrement plus avancé que le nôtre et ils ne se privent pas de s’en vanter.

Le brouillard finit par se lever mais la pluie vient le remplacer.

Après un petit moment de navigation, le vent se lève et les engins prennent encore plus de vitesse.

Le vent nous fait passer devant les garçons et nous hurlons notre joie.

Mais qui dit vent, dit vagues. Bientôt, je suis submergée, sans cesse à faire des allers-retours d’un côté à l’autre pendant que mes amis sont occupés à je ne sais quoi. Plus de hurlement, la concentration est de mise.


Une rafale plus importante que les autres fait se soulever violemment la coque gauche et mon estomac par la même occasion, accentuant la nausée qui me travaille depuis que nous sommes partis.

Pas comme sur un bateau, mais bien sûr !

Je me précipite pour faire contre-poids mais il me faut carrément escalader le catamaran tant nous sommes penchés.

Arrivée non sans mal en haut, je tire de toutes mes forces mais rien n’y fait.


- Reste comme ça Cam ! Continue ! Me hurle Marc.


J’obéis.

Entre l’air du vent dans mes cheveux et la hauteur, j’ai la sensation de voler. Je respire à plein poumons l’air qui me fouette le visage et je dois bien avouer que mes amis avaient raison. C’est une sensation de folie.

J’ai l’impression de voler, surtout si je tends le bras, comme ça…


- Cam, non ! Entends-je Rose crier.


La seconde suivante je suis tombée dans l’océan déchainé. Le temps que je réalise, une vague me percute et m’emmène par le fond.

Heureusement que je suis bonne nageuse et que le gilet m’aide à retrouver la surface, mais il faut vite que je remonte à bord. Je ne tiendrai pas longtemps, l’eau est glacée et malgré la combinaison, je suis gelée.

Deux bras puissants m’enserrent soudain la taille. Je tourne la tête et fais face au regard abyssal de Gabriel.

Il n’a pas l’air content.

On nous remonte à bord en nous hissant par la corde que Gabriel s’est attaché autour du ventre.


- Non mais ça va pas bien ? Hurle Gabriel une fois sorti de l’eau. Pourquoi t’as décroché une main comme ça, tu t’es prise pour Vaïana ou quoi ?


Je ne réponds rien, tout mon corps tremble et mes dents claquent si fort que c’en est douloureux. Je me contente seulement de soutenir son regard noir de rage.

S’il continue à serrer autant les mâchoires il va se casser des dents.


- La régate est finie, on rentre, aboie-t-il à ses potes sans me lâcher des yeux. Toi, tu restes là.


En un tournemain il me noue une corde autour du ventre. Ce n’est qu’en arrivant au point de départ et qu’il me détache que je me rends compte que ladite corde n’était pas attachée au bateau mais à lui.


Une fois à terre, Rose et Marc se précipitent vers moi.


- Ça va, tu n’as rien ? S’inquiète Rose.

- Elle va bien, elle a juste été complètement inconsciente, répond froidement Gabriel avant de rentrer au hangar.

- Tu nous a fait tellement peur, ajoute Marc.

- Je suis désolée, je…

- T’en fais pas, tu n’as rien c’est le principal, me réconforte ma meilleure amie avec un sourire.


Ils vont au hangar rendre leurs gilets et combinaisons tandis que je m’éloigne.

La nausée s’est étrangement accentuée maintenant que je ne suis plus sur le catamaran. J’accélère le pas, contourne le bâtiment et me penche, dans l’attente de ce qui va inévitablement arriver vu mon état.

Un premier haut le coeur me tord l’estomac, un second arrive et je rends les deux cafés et la brioche grignotée en cachette dans la voiture. Rose et Marc m'avaient pourtant conseillé de ne rien manger avant.

Ma gorge me brûle et je me sens mal. Je sens un troisième haut le coeur arriver quand soudain une main vient tenir mes cheveux.


- Respire, ça va aller, articule doucement Gabriel tout en me caressant le dos.


Quand il sent que la nausée commence à disparaitre, il m’attrape par le bassin et me fait asseoir à ses côtés, le dos contre le hangar. D’une main, il amène ma tête contre lui et caresse mes cheveux distraitement pendant que ma respiration reprend un rythme régulier. Je suis trop faible pour m’opposer à son contact alors je me laisse faire.

Sa présence me rassure, m’apaise. Dix années n’y auront rien changé.


- Tu m’as fait tellement peur, murmure-t-il.

- Ce n’était pas mon intention.

- Tu as toujours eu le don de ne jamais faire ce à quoi je m’attends Camille, mais, à l’avenir, peux-tu juste éviter de te mettre en danger s’il te plait ?


Je me dégage de son étreinte et me relève. Je plante mon regard dans le sien et rétorque :


- Le seul véritable danger dans ma vie c’est toi Gabriel.


Rien ne me semble plus vrai.

Je tourne les talons et vais, à mon tour, restituer mes affaires au hangar.


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1 commentaire

Frédérique FATIER

-

Il y a un an

😊
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