Aime Kha Premier amour ou dernier ? Dix ans plus tôt

Dix ans plus tôt

Rose avait déménagé en avril et nous avions convenu, avec l’accord de nos familles respectives, que nous passerions l’été toutes les deux là-bas. Je trépignais d’impatience de la retrouver. Quelle couleur de cheveux aurait-elle cette fois ? Rose adorait changer et surtout attirer l’attention.

Ses beaux cheveux châtains foncés passaient donc par toutes les couleurs, la dernière fois que je l’avais vue, elle avait tapé dans le bleu. Je l’imaginais, du haut de son mètre soixante-dix, avec des cheveux verts arrivant au milieu du dos et j’avais pouffé toute seule à l’idée de la titiller en la comparant à un arbre. Rose prenait de la place et cela me convenait parfaitement, tant qu’elle attirait l’attention sur elle, c’était de l’attention en moins sur moi.

Je n’étais ni petite ni grande, ni blonde ni brune, les yeux ni clairs ni foncés, tout dans la moyenne quoi. Un mètre soixante-cinq, cheveux longs couleur miel l’été, plus foncés l’hiver, yeux noisettes, marron par mauvais temps, vert par beau temps - je le précise car apparemment, selon Rose, cela a son importance - on disait de moi que j’étais mignonne.

J’avais fini par comprendre que c’était une façon polie de dire banale. Mais je m’en fichais complètement, j’étais heureuse ainsi. Entourée d’une famille aimante, ma meilleure amie toujours présente malgré la distance, en bonne santé et un cerveau qui fonctionnait correctement, en tout cas assez pour me permettre d’envisager n’importe quelles études par la suite. À seize ans toutefois cela me semblait encore bien loin tout ça et tout ce qui m’importait c’était de survivre à mon entrée dans le nouveau lycée auquel mes parents m’avaient inscrite.

Après un temps infini de voiture nous étions enfin arrivés chez Rose. À peine la voiture était-elle arrêtée que Rose était sortie en hurlant de chez elle, bras grands ouverts, pour m’accueillir. Elle m’avait tant manqué ces dernières semaines.

Ah, tiens, finalement elle était passée au rouge. Coupe au carré plongeant, racines noires et pointes rouges. Cela lui allait parfaitement, une couleur aussi passionnée qu’elle.

Mes parents étaient repartis peu de temps après, et Rose et moi allions passer un jour ensemble avant de partir pour un camps de vacances où nous goûterions à la liberté comme jamais nous n’y avions eu le droit avant ça.

De ces moments entre elle et moi je ne garde que des souvenirs de fous rires et de complicité. Elle était déjà devenue ma famille.

Et nous voilà enfin arrivées à Plouhinec, petite bourgade un peu paumée entre le Finistère et le Morbihan.

Accompagnées par le père de Rose, nous étions parmi les premiers arrivés. Du moins, c’était ce que nous avait appris Michael, un des animateurs.

Nous avons pris possession de ce qui allait être notre chambre durant ces deux semaines de liberté. La chambre avec trois lits nous avait séduit et une jeune fille y était déjà installée.

Nous avions vite compris qu’elle faisait partie du groupe de personnes arrivées juste avant nous. La plupart des adolescents de ce camps provenaient manifestement de Paris, sauf eux et nous. Ils étaient donc 3 et arrivaient de la côte d’Azur. Je m’étais amusée à penser qu’ils devaient en avoir ras le bol des paysages méditerranéens et voulaient découvrir les littoraux sauvages et écorchés que seule la Bretagne pouvait offrir.

Une fois nos valises vidées, nous avions fait connaissance avec Irène. Elle était très sympa, petite blondinette toute menue et visiblement pas du tout dérangée de n’être pas « à la mode », ce qui nous convenait parfaitement. Elle nous avait alors expliqué être venue ici avec son cousin, Timothéo - que nous finirions par appeler simplement Théo - et le meilleur ami de ce dernier, Gabriel. Tous deux avaient un an de plus que nous, soit dix-sept ans.


Une fois nos affaires rangées, Irène nous a proposé de se rendre dans la chambre des garçons et de jouer une partie de carte en attendant le reste des futurs vacanciers, ce que nous avions accepté avec joie.

Le bâtiment qui nous servait de dortoir n’était pas récent mais il était suffisamment rénové pour qu’on s’y sente à l’aise. Tout était… Blanc. Propre quoi.

Après deux petits coups frappés doucement à la porte, Irène était entrée. Nous la suivions en papotant à propos de je ne sais plus quoi mais Rose avait certainement dû dire un truc drôle puisque j’étais entrée dans la chambre en éclatant de rire.

Rose s’était figée tandis qu’Irène prenait place à la table où les garçons étaient déjà en train de distribuer les cartes. Tout à mon amusement, j’avais mis du temps à remarquer que Rose s’était figée et, à voir son visage s’éclairer, j’avais dirigé mon regard là où le sien était posé pour comprendre l’origine de cette réaction chez ma meilleure amie.

J’avais alors eu mon premier aller-retour cheveux-chaussettes. Mon coeur, plutôt discret jusqu’alors, avait décidé de se mettre à galoper comme si je courrais au dépends de ma vie. Face à nous se trouvaient les deux garçons, Timothéo et Gabriel. Je ne savais pas qui était l’un, qui était l’autre, mais j’étais happée par le regard sombre de celui assis sur la gauche. Pas de sourire, pas d’expression invitant à se présenter. Il semblait fermé comme une huître et, alors que j’aurais dû être mal à l’aise et refroidie par cet accueil, je m’étais sentie immédiatement curieuse.


- Les filles, voici Timothéo, et Gabriel.

- Salut, vous venez d’où ?


La question de Timothéo avait eu le mérite de me faire détourner le regard de Gabriel et Irène m’avait permis de résoudre le premier mystère. Je savais comment le ténébreux s’appelait.

Rose avait décidé de prendre la parole pour nous présenter, ce qui me convenait parfaitement. Mon regard s’était alors reporté sur Gabriel et j’avais été surprise de constater qu’il était toujours en train de me fixer. Toujours inexpressif. Ce garçon était-il en vie ou était-ce une statue de marbre ?

C’était étrange, étrangement intense. Je n’avais pas l’habitude des garçons silencieux, la plupart de ceux que je connaissais se débrouillaient pour attirer l’attention des filles ou alors étaient simplement agités de nature, mais certainement pas silencieux. Surtout pas quand ils avaient un physique à se damner, comme c’était le cas pour Gabriel. Néanmoins il était toujours assis, cela cachait peut-être une infirmité quelconque ? J’allais apprendre que mon cerveau passerait maître dans l’anticipation et l’interprétation durant ces deux semaines. Des questions, des suppositions, tout y passerait s’agissant de lui.


- Camille.


J’avais sursauté. Gabriel avait répété mon prénom à la suite de Rose une fois que cette dernière avait fait les présentation. Il avait une voix grave.

Ce mec ne clignait jamais des yeux c’était flippant.

Pour seule réponse j’avais hoché la tête. Bien, mieux valait ça que de bégayer ou couiner comme il était fort probable que ça arrive vu mon état actuel.

Et aussi simplement que ça, un lien semblait s’être créé.



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10 commentaires

KBrusop

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Il y a un an

J’aime bien ce flash back ! Il présente l’élu de son cœur….

Aime Kha

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Il y a un an

Oui c'est tout à fait ça 🥰

NadouNC

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Il y a un an

Salut, j'aime bien le début. J'apprécie et je like du coup. Je vais faire tout mon possible pour lire le plus possible ton histoire. Merci de ton passage sur mon beau roman d'amour version 2. Merci de ton soutien. Bon,moi, je vais dormir. Bonne nuit 🌃 Nadou NC

Aime Kha

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Il y a un an

Merci beaucoup ! Je ne manquerai pas de lire la suite de la tienne dès que le prochain chapitre sera débloqué. Bonne nuit Nadou 🥰

BlueMoon72

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Il y a un an

j'adore le flash-back. Hate de connaitre la suite de l'histoire

Aime Kha

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Il y a un an

Merci de me lire BlueMoon72 j'espère que tu aimeras la suite 🥰
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