Fyctia
C49 - Nanananère !
AXEL
Constance s’agite de tout son petit cœur, ses iris me défiant de la laisser danser seule, alors que chaque pas est plus grotesque que le précédent. J’hésite et elle me fait son regard de killeuse, tendant la main vers moi. Impossible de résister, je souris en coin et m’élance. Je laisse Inaya et ce que nous partagions de côté pour n’être plus qu’avec Constance. Je saute dans la machine à remonter le temps.
Nous avons dix ans de nouveau, et nos pas font trembler les murs de la maison de Constance. Nous chantons aussi fort que faux, sur la musique en donnant tout ce qu’on a au moment où elle passe dans le film.
La chanson se termine et elle pose ses paumes sur ses genoux, écarlates.
— Bah, merde alors ! J’avais pas remué comme ça depuis une éternité. Je suis divisée entre l’idée de t’ordonner d’appeler les secours et celle de recommencer.
— Les pompiers sont déjà là, souris-je avec un brin de suffisance surjouée qui la fait marrer.
Son amusement se transforme en toux alors qu’elle s’écroule au premier rang des tribunes.
— Le survêt’ c’était pour ça ? s’enquit-elle, alors que je lui tends une bouteille.
Elle l’attrape sans se faire prier et en ingurgite un bon quart d’une traite, alors que je secoue la tête.
— C’est pour notre rando qui nous conduira au sommet de la Grande Sure.
Je lâche ça sur un ton pince-sans-rire qui fait virer mon amie au gris, alors qu’elle crache l’intégralité de l’eau contenue dans sa bouche sur elle.
— Tu te fous de moi ! s’époumone-t-elle. J’ai une gueule à…
J’éclate de rire et la seconde d’après, le reste de ma boisson atterrit sur mon t-shirt. Elle me lance une moue triomphante, à deux doigts de brailler :
Nanananère !
— L’arroseur arrosé, se moque-t-elle fière d’elle.
Je baisse les yeux sur mon vêtement, pas très ému, sachant que j’en ai pris un autre dans mon sac.
— J’ai pas peur de trois gouttes d’eau, plaisanté-je en attrapant une fringue sèche.
Je saisis le bas de mon haut et le passe par-dessus ma tête avant d’essuyer mon torse, histoire de pas me les geler une fois changé. Sentant le regard de Constance sur moi, je relève le nez et la découvre les lèvres entrouvertes à loucher sur mes abdominaux.
Quand elle comprend que je l’ai grillé, elle se détourne en toussant à nouveau.
Je la trouble !
Mon cœur fait une embardée et ce sentiment déploie une chaleur famillière dans toute ma cage thoracique. Je ne la laisse pas indifférente et l’idée me plaît. Bien décidé à savourer ce moment en le prolongeant, je fais traîner les choses.
— Je crois que je vais danser encore un peu ! Je mettrais le propre, après. Tu me le gardes ? souris-je, avec malice, avant de lui balancer mon haut. Envoie Wake me Up d’AVIICI.
Cramoisie et dans un silence qui ne lui ressemble pas, Constance s’exécute.
Les premières notes font mal, mais je m’accroche à ce que j’ai lu dans le regard de mon amie tout à l’heure. Ses iris chauffent mon épiderme et suivent chacun de mes mouvements. Tous mes muscles sont en action, je danse mon chagrin et ma rage. Je bouge au rythme des espoirs qui m’animent, je glorifie en musique ma fureur de vivre et d’avancer.
Même mon cerveau est actif, alternant entre l’ombre d’une histoire douloureusement achevée et la lumière de Constance. Je prends tout ce qu’elle me donne pour échapper à mon spleen, pour entamer le travail de deuil. Elle devient mon phare dans la nuit et je crois entendre mon cœur battre plus vite à chaque fois que je lui souffle son prénom à l’oreille.
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14 commentaires
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