Fyctia
C44 - Cookies et malice
AXEL
Un brin euphorique, j’observe mon sac de sport plein à craquer d’objets utiles à cette première journée de désintoxication sentimentale, comme l’a rebaptisé Constance. Une fois sûr d’être prêt, j’attrape mes écouteurs et me lance dans mon footing matinal. Mes pas me portent jusqu’à la place Grenette qui dort encore à cette heure. Je m’engage dans les venelles et tombe sur Adélaïde Cookie, la boutique de gâteau préférée de Constance et de sa mère.
Mes jambes se figent devant l’échoppe fermée en raison de l’heure. Je scrute la vitrine et revois Valérie qui tente de freiner l’enthousiasme de sa fille, déterminée à acheter tout le magasin. Un sourire nostalgique s’installe au coin de mes lèvres et mon cœur se pince.
Comment j’ai pu me perdre autant ?
Dans quel monde j’ai raté la maladie et la mort de la personne qui m’a quasiment élevé ? La réponse s’imprime, douloureuse et irrévocable : dans ce monde. Moi qui me targue d’être quelqu’un d’altruiste, parce que je suis pompier, je n’ai pas su être présent quand l’univers de Constance s’est écroulé.
J’ai été un ami à chier.
Je soupire et secoue la tête pour me redonner de l’élan. Si j’ai bien retenu une chose, c’est qu’on ne réécrit pas le passé, on ne peut qu’aller de l’avant. J’ai été à côté de la plaque pendant dix ans, mais maintenant je suis là et je peux faire la différence.
Je me remets à trottiner, focalisé sur les aveux que Constance m’a faits l’autre soir. Je comprends sa détresse et aussi loin que je me souvienne, elle disait à qui voulait l’écouter qu’elle aurait une ribambelle de mômes. Une réponse juvénile à sa condition d’enfant unique, mais pas seulement. Elle a toujours eu ça en elle et s’est souvent portée volontaire pour encadrer les plus jeunes qu’elle. Je me rappelle de l’anniversaire d’un de ses voisins, qu’elle m’a forcé à coanimer. Ce jour-là, elle avait tout donné et le sourire radieux, imprimé sur la bouille du petit, avait été sa plus belle récompense.
Une moue attendrie se peint sur mes lèvres. Elle a toujours été un rayon de soleil partout où elle est passée et malgré les épreuves de la vie ça n’a pas changé. Même si elle a ajouté à son arc une forme de cynisme bien tournée qui naît dans l’adversité.
Je repense à cette nouvelle bataille qui se profile devant elle, et sans même avoir besoin d’y réfléchir, je sais déjà que je veux l’aider. Lui laisser une chance de réaliser son rêve et de goûter aux joies et déconvenues inhérent au rôle de parent.
Mais comment ?
J’allonge la foulée pour regagner le domicile familial et jouir d’une bonne douche avant de rejoindre mon acolyte pour notre première journée thérapeutique.
Je pousse la porte d’entrée et ma mère, en tenue de combat postnuit agitée, se traîne jusque dans le vestibule, passant ses doigts dans sa coupe en pétard.
— Je croyais que tu étais en vacances, ronchonne-t-elle, comme si je l’avais réveillé.
Je ris et dépose un baiser sur sa joue avant de m’écarter.
— C’est le cas. Mais je sors avec Constance, on a une journée chargée.
Quand je mentionne le nom de mon amie, les traits de ma mère s’illuminent comme Strasbourg à Noël.
— La Constance ? me demande-t-elle avec un brin de malice dans le regard.
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