Fyctia
Fin de l'histoire, point final
26 ans plus tard
— Salut maman.
Comme tous les jours depuis maintenant 4 ans, je m’arrête la voir avant d’aller au travail à Beardsley.
Pour vous faire un petit topo de ce qu’il s’est passé, je suis parti à Harvard à l’âge de 16 ans. J’ai obtenu un diplôme en médecine en cinq ans, mais après plusieurs années passées dans un hôpital, je me suis finalement reconverti en soigneur animalier dans des parcs zoologiques. Après avoir fait plusieurs parcs, et en avoir même suivi un en justice car les soigneurs maltraitaient certains animaux, je suis finalement parti pour rejoindre l’équipe du Beardsley Zoo. Celui où maman m’avait emmené quand j’étais petit. Au moment même où j’ai remis les pieds là-bas, j’ai directement su que c’était ce que j’avais toujours voulu faire et que c’était là qu’était ma place.
Après quelques années, j’ai repris en parallèle de mon métier de soigneur, le « business familial » si je peux l’appeler comme ça. Soit les interventions que maman avait mit en place quand j’étais petit. J’en fait beaucoup moins qu’avant étant donné que je gère maintenant une grande partie des soigneurs du parc, mais j’essaye autant que possible.
Je sais que maman est fière même si je ne peux pas le voir.
Maman, Nathanaëlle, Nathy, Nat, Cereza. Tous ces surnoms pour une seule personne, mais tous lui allaient tellement bien... Elle est devenue quelqu’un d’extrêmement influente, dans le monde entier. Elle a pu visiter un pays qu’elle adorait depuis toujours, la France. Elle est devenue gouverneur de l’état du Connecticut, et a eu la chance de rencontrer le Président !
Et cette personne c’était ma mère. Ma maman chérie d’amour. La personne la plus forte à mes yeux. La personne la plus chère à mon cœur.
La raison pour laquelle j’ai toujours continué de me battre et de défendre mes causes, mes droits, en tant que personne faisant parti de la communauté LGBTQ+.
Je l’ai soutenu dans tous les moments de la vie.
Quand on était à Salem. Quand on est venu habiter à Monroe. Quand elle a dû se battre pour ses causes. Pour les miennes. Quand elle a perdu ma petite sœur. Et puis quand elle a dû se battre contre cette foutue maladie qui me l’a enlevé il y a maintenant 4 ans.
Isaac l’a rejoint il y a maintenant un an.
Il était anéanti à son départ, et je crois, j’en suis même sur, il ne s’en est jamais réellement remis. Il était devenu mon père adoptif, puis j’ai fini par le considérer comme mon vrai père.
Sam est toujours le même. Sauf qu’il a vieilli. Un peu. Il a des traits fatigués, et il est moins souriant qu’avant. L’ai-je d’ailleurs revu sourire depuis le jour où il a apprit la nouvelle ? Je n’en suis pas sur... En même temps il a perdu une partie de lui-même ce jour là.
Il reste tout de même jeune et le même à mes yeux.
Il a eu une fille et un fils avec Tina. Bon, ils ont fini par se séparer après quelques années, mais ils sont toujours en bons termes donc c’est cool. Surtout pour les enfants.
Bon et puis moi et les histoires d’amour c’est autre chose… Quelques relations mais rien de sérieux.
Après je ne cherche pas vraiment pour l’instant donc voila. Je ne cherche pas à provoquer le destin, pas pour ça en tout cas.
Tout ça pour conclure qu’aujourd’hui est un jour assez spécial, car ça marque la date de notre arrivée à Monroe. Et comme chaque année j’apporte un bouquet de fleurs que je dépose sur la tombe.
Maman est enterrée au cimetière de Monroe. À son décès, elle nous a ordonné à Isaac et moi de l’enterrer à égale distance entre les tombes de ses parents, et celles des Warren. Ce qui a été fait.
Isaac est enterré à côté d’elle. Il n’aurait pas voulu être séparé d’elle, alors c’était normal de les mettre à coté.
Elle a finit par pardonner à ses parents tout ce qu’ils lui avaient fait. Et je sais au fond de moi qu’elle était autant maman poule avec moi, car elle essayait par tous les moyens de ne pas reproduire ce que ses parents avaient fait, et comment ils avaient agis avec elle. J’ai compris tout ça vers mes 14 ans, quand mon oncle a commencé à me parler de son enfance à lui et maman.
Tout ça pour dire que ma mère était tout à mes yeux, et qu’elle restera à jamais dans mon cœur, et qu’elle sera toujours mon tout à mes yeux. Sans elle je n’existerai pas, et je ne serai pas devenu qui je suis aujourd’hui. C’est aussi simple que ça.
Ma mère a toujours voulu me protéger comme elle le pouvait, et je l’aime pour toutes ces choses qu’elle a fait. Pour tout ce qu’elle a fait pour me rendre heureux, même si ça impliquait de reprendre contact avec son frère. Mais au final, heureusement qu’elle a agit comme ça sinon elle n’aurait jamais rencontré Isaac et Vicki. Elle n’aurait jamais commencé les interventions, et bref vous connaissez l’histoire.
Je réalise mes rêves comme ma mère l’a fait, et comme elle m’a conseillé de le faire tant de fois.
Je regarde ma montre tout en continuant de penser à tout ça. Au passé. Au présent. Et à l’avenir quel qu’il soit.
Je pense à voix haute la plupart du temps où je me trouve en face de sa tombe. Il faut dire que je suis souvent seul dans l’enceinte du cimetière vu l’heure à laquelle je viens.
Je suis persuadé que peu importe l’endroit où elle se trouve en ce moment, elle m’entend, et peut-être même qu’elle me voit. Donc j’ai développé cette manie d’exprimer mes pensées à voix haute.
*
Juste avant de partir pour aller travailler, je me décide finalement à révéler quelque chose que je n’ai jamais pu lui dire, et au final je suis content de ne l’avoir jamais révélé quand elle était encore présente à mes côtés, en chair et en os, car ça aurait cassé la magie de son mensonge qu’elle pensait si bien gardé.
Je m’accroupis donc à côté de sa tombe, pose mon bras sur cette dernière, et dis à voix basse comme si personne d’autre ne devait entendre :
— J’ai toujours su que c’était des potirons maman.
2 commentaires
La Plume d'Ellen
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Il y a 3 ans
Laura Cetera
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Il y a 3 ans