Fyctia

Je roule depuis cinq minutes, et Milo n’a pas ouvert la bouche. Il observe la route, comme très souvent.

Je commence à apercevoir la maison de mon enfance. Une boule commence à se former au niveau de mon estomac. J’ai peur. J’angoisse. À propos de tout. De rien.

Ça faisait longtemps que je n ’avais pas eu affaire à une crise d’angoisse, et comment vous dire que ça ne m’a pas vraiment manqué !

Milo le voit, et heureusement, je lui ai expliqué par le passé comment réagir quand je faisais une crise. Ça fait un bout de temps qu’il n’a pas dû m’aider, mais il n’a pas perdu ses réflexes pour autant. Il commence à me caresser un peu le bras. Puis il met sur le lecteur CD ma chanson en cas de crise. Celle qui me calme quand je ne suis pas bien. Il me donne par la suite une petite bouteille d’eau. Je prends une gorgée, la garde quelques secondes dans ma bouche, et avale. Je répète cette opération 4 à 5 fois.

Je finis enfin par me calmer.

— Tu vas bien maman ?

— Ça va mieux mon chéri. Merci. Dis-je en lui caressant un peu la tête, tout en maintenant une main sur le volant de la voiture.

J’entre finalement sur le chemin menant à la maison. De chaque côté du chemin se trouve des champs de potirons. Milo ne manque pas ce détail :

— Des citrouilles !!!! Il y en a partout !!!

Je rigole en silence face à sa réaction plus qu’adorable.

Je me gare à quelques mètres de l’entrée de la maison. J’éteins la voiture, et Milo et moi sortons de la voiture.

Mon fils commence à sautiller partout. Il ne tient plus en place, et un sourire immense s’est dessiné sur son visage.

Il a eu le temps, entre-temps, de voir la balançoire, toujours au même endroit depuis des années.

— Je peux aller jouer là-bas s’il te plaît ? Me demande-t-il tout en me montrant la balançoire du doigt.

— Oui vas-y. Tu peux y aller, mais fais attention.

— Oui oui t’inquiètes pas ! Me dit-il en courant vers le jeu.

Je commence à faire le tour du terrain quand je repère un arbre. Il est de taille moyenne, mais est quand même imposant.

— C’est impossible.

Je m’avance. Je suis bouche-bée. Ce n’est pas possible. Je rêve. Ça ne peut pas être le même. Si ? Sam en aurait-il remit un à l’endroit même où était le précédant ?

Je suis tellement absorbée par le cerisier qui se dresse devant moi, que je n’ai même pas entendu mon frère rentrer.

Il s’approche de moi, et comme s’il lisait dans mes pensées, il me dit :

— Tu ne rêves pas Nathy. Il s’agit du même cerisier que dans notre enfance.

Je me retourne vers lui. Balbutie légèrement, et finis par répondre :

— Comment c’est possible ?

— Au moment où papa l’a coupé, il n’a pas enlevé la globalité des racines. Et il y a quelques années, peu de temps après le décès des parents, le cerisier a commencé à repousser. Et le voici aujourd’hui ! Presque aussi beau, et grand qu’à l’époque !

— Incroyable. Dis-je en chuchotant, et avec des étoiles pleins les yeux.

Sam me laissa devant mon arbre, et partit jouer avec Milo.

*

Je retourne vers la voiture, ouvre le coffre, et commence à sortir ma valise et celle de Milo.

Isaac arrive, et se gare avec son pick-up, juste devant ma voiture.

— Tu veux de l’aide avec les bagages ?

— Ça va aller. Merci. Me forçais-je à lui répondre.

Il ne me répond pas, et quand je regarde légèrement dans sa direction, je vois qu’il est parti en direction de la grange.

Je souffle un coup, prends une valise dans chaque mains, heureusement qu’il n’y a que deux valises, et commence à m’avancer vers la porte d’entrée.

Une fois devant, je pose mes valises à terre, respire plusieurs fois, et tourne finalement la poignée. La nostalgie commence à montrer le bout de son nez...