Cara Loventi Pop-Corn ! Avec, ou sans paillettes ? 44.2 Intrus en vue / Maxine

44.2 Intrus en vue / Maxine

— Où est le corps ?


Le son rauque de ses cordes vocales me fait frissonner (je me déteste), mais je ne bouge pas d’un iota. Mon cerveau lent, processeur Windows 98, analyse encore sa demande incompréhensible.


Ah oui, le balai !


C’est vrai ! Suis-je bête ! J’aurais dû m'en servir pour le liquider. Un peu dur peut-être ? Le castrer alors ? Il s’avance pour ramasser l'arme du crime (potentielle) et me l’offre en souriant, ce con. Le mec ne m’a pas donné de nouvelles depuis que ma vie est partie en vrille par sa faute, et le voilà qu’il débarque comme une fleur, sans même me prévenir ! Chargé de ses fossettes et de ses mille dents qui plus est !


Il est peut-être d’accord avec mes pensées vu qu’il me tend littéralement le bâton pour se faire battre ? Mouais… ça ne vaut peut-être pas le coup de finir en prison pour autant. Ça ferait un peu tache sur ma fiche LinkedIn et passer de la une des tabloïds à la rubrique faits divers me tente bof. Vraiment.


— Bonjour Roxy.


Ce surnom… je reprends mes esprits en croisant les bras sur ma poitrine et le fusille du regard. Ça a le mérite d’effacer son sourire de pyromane.


C'est ça ! Baisse les yeux, Monsieur Colgate, tu ne m'auras pas deux fois. Enfin trois… bref, tu ne m'auras pas, point.


Je le contourne sans lui retourner son bonjour pour attraper la télécommande afin de couper le son, Hard to Handle d’Otis Redding est bien trop gai pour ces retrouvailles. Dans un film, on serait plus sur une musique de suspens ou de tension palpable. Du genre, « Va-t-elle passer à l'acte ? » avec un gros plan sur mes yeux noirs puis sur le balai. Fa, fa dièse, comme dans Les Dents de la Mer.


— Qu'est-ce que tu fous là ? je crache.


Il recule d’un pas comme si je l’avais giflé. Bien fait.


— Je viens voir ma « copine », il mime les guillemets avec ses mains.


— Oh ? Tu n’as donc pas perdu l'usage de tes doigts.


Ce serait vraiment dommage, il se sert magiquement de ses doigts. Enfin, je ne dis pas ça pour moi, hein. Pour la prochaine, ça va de soi.


Ma pique l’interloque.


— Tu sais, pour envoyer un texto, prévenir, ce genre de chose. Majesty !


Je remarque soudain le sac de voyage pendant de son épaule et je déglutis avec peine. Il a l’intention de rester ici plusieurs jours ?


Je répète, achevez-moi ! J'ai un balai à dispo.


J’aurais dû lire les petites lignes de ce satané contrat, bordel.


Je sens son regard suivre le mien alors j’esquive cet instant gênant en reportant mes yeux dans les siens. Grossière erreur. Il s’y ancre et j’ai déjà l’impression de me noyer dans ses iris noisette ornés de beaucoup trop de cils pour un humain.


— J'aurais bien aimé, mais ton numéro n’est plus attribué, me répond-il d'un ton accusateur.


Je croise les bras et fronce les sourcils.


— Ton employé ne t’a pas donné le nouveau ? Peut-être que tu ne le payes pas assez ? je le provoque.


— Tu crois ? À toi de me le dire, Princesse, il rétorque du tac au tac.


Frisson (encore). Gifle mentale (encore). Je lève les yeux au ciel en secouant la tête. Décidément, il a plus de répartie qu’avant (ou c'est moi qui en ai moins), cependant son sourire a disparu.


— Pff…, je lâche en haussant les épaules.


En effet, ma répartie a dû rester sur le canapé, j'aurais dû lui envoyer le mémo.


— Tu n’as pas perdu l’usage de tes doigts non plus, apparemment, renchérit-il.


— Exact. Motricité impeccable et surtout, 10/10 à chaque œil. Le contrat était très explicite.


Faux ! Faux ! Archi faux !


Ce soir-là, ma vision était sacrément floue et ma capacité de concentration pas meilleure. Sans ajouter que le langage juridique semble avoir été inventé pour que les gueux n’y comprennent que de chi ! Mais il n’a pas l’air de s’être renseigné du déroulé de cette opération, vu qu’il n’a même pas mon nouveau numéro de téléphone. J’en conclus que ce n’était qu’une corvée pour lui parmi d’autres qu’il a l’habitude de déléguer. Une affaire banale qui ne méritait pas son attention. L’autre Ducon paraissait bien plus préoccupé par la situation.


Il ajuste la lanière de son sac sur son épaule, trahissant un embarras. Ainsi que la grosseur de son biceps qui étouffe soudain dans la manche de sa chemise devenue trop serrée. Je détourne le regard, le sol est propre et passer la serpillère ne fait pas partie de mes passions.


— Tu comptes rester ici plusieurs jours ? je balance avec toute la nonchalance dont je suis capable.


Il acquiesce.


Merde, c’est bien ce que je pensais. J’aurais vraiment dû scruter toutes les lignes de ce fichu contrat. Ou attendre d’être sobre pour le signer. Moi qui imaginais que ça commencerait à se tasser avec le départ des paparazzis. Je prie pour qu’il ne prévoie pas une conférence de presse dans mon jardin.


— J'espère que je ne débarque pas à un mauvais moment ? il m’interroge.


Il observe mon intérieur alors que je plaque mes mains sur les hanches.


— Comme tu peux le constater, j'ai pas mal de temps libre maintenant.


— Tant mieux pour toi, lâche-t-il d’un ton agacé.


Tant mieux pour moi ?


Il ne manque vraiment pas de culot. J’ai la sensation de me retrouver à nouveau dans cet escalier à me faire accuser de l’espionner. Or, jusqu’à preuve du contraire, c’est sûrement lui qui m’a piégée pour servir ses intérêts. Je ne lui ai pas extorqué d’argent ! Je me demande si tout ce que je croyais savoir sur lui est faux. Est-ce qu’il feint toujours le prince charmant auprès de ces plans cul pour mieux les baiser ? Dans quel but ? Pourquoi moi ? Ce n’est pas comme si les prétendantes manquaient. Des prétendantes plus enclines que moi à s’afficher à son bras par-dessous tout !


Je secoue la tête pour arrêter de cogiter. Les réponses, quelles qu’elles soient, ne m’apporteront rien de toute façon. Que ce soit une lubie tordue ou parce qu’il se fout de bousiller la vie de ceux qui l’entoure n’améliorera pas ma situation. Un contrat est un contrat, je l’ai signé et à ce moment précis, j’ai beaucoup moins de regret d’avoir encaissé le chèque.



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6 commentaires

Juliette Delh

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Il y a 2 mois

ahlàlà... il va falloir communiquer les enfants !
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