Fyctia
Chapitre 25
Pour ne pas plus attirer les foudres de mon père j'ai assuré à Mace que je le rejoignais directement au restaurant. Je sais qu'il voudra me raccompagner demain du coup je ne peux pas prendre mon vélo. Je vais encore devoir supporter le bus.
J'arrive un peu en avance et attends devant le restaurant. Il commence à pleuvoir. Je m'abrite sous le porche d'un immeuble à proximité. Je lui envoie un message pour le prévenir et attends. Le temps passe et aucun signe. Je commence à m'impatienter, il sait très bien que je déteste les gens en retard. Il pleut à torrent et je suis toujours coincée sous ce porche. Je vérifie mon téléphone une bonne dizaine de fois. La moindre des choses serait quand même de prévenir.
J'entends un bip qui m'indique l'arrivée d'un message et la moto de Mace surgit au même moment. Plus d'une heure de retard. J'ai envie de lui en coller une. Il arrive en courant tout sourire. Il arrive à m'énerver encore plus alors que j'étais furax.
-Je suis désolé. Je me suis retrouvé coincé au QG. Je ne pouvais vraiment pas partir.
- Et prévenir non plus je suppose?
-Syb! Je te jure que si j'avais pu faire quelque chose je l'aurais fait.
-Et je peux savoir ce qui t'a retenu aussi longtemps?
-Un problème avec ma mère...
-Ta mère ou la fondatrice?
-Tu sais bien que c'est la même personne.
-Oui mais tu as été voir laquelle des deux?
Mon ton est sec. Je n'ai pas envie de jouer à la gentille petite fille compréhensive ce soir. Je me rappelle le message et jette un oeil à mon téléphone. Encore ce numéro inconnu et une photo.
Je l'ouvre et voit Mace, une bière à la main avec Sarah et d'autres jeunes. J'aimerai croire qu'elle a été prise il y a longtemps mais le calendrier et le réveil derrière eux indiquent clairement la date d'aujourd'hui et une heure avant l'heure où il devait me rejoindre. Il me ment en plus! Comment ose-t-il?
-Tu sais quoi ne réponds pas.
Je lui montre l'écran de mon téléphone.
-Tu vas me faire croire que c'est ça ton problème familial? Boire des bières avec tes potes? Je sais pas ce qui ne tourne pas rond chez toi Mace mais il va vraiment falloir que tu règles tes problèmes tout seul.
Sans un regard pour lui je pars en courant sous la pluie. Le prochain bus n'est pas prêt de passer et je n'ai pas envie de lui donner l'occasion de me coincer à l'arrêt pour me sortir une jolie petite excuse qu'il viendra de trouver et que je croirai naïvement. Si je prends le chemin le plus court il y a au moins trois ou quatre kilomètres qui me séparent de la maison, de quoi être trempée jusqu'aux os.
-Syb! Sybille! Attends-moi... Tu ne peux pas partir comme ça...
Non seulement je peux le faire mais en plus de ça je vais le faire! Je l'entends courir pour me rattraper mais ses pas s'arrêtent avant qu'il n'arrive à ma hauteur. Il a baissé les bras. Je laisse mes larmes couler sur mes joues. Mon téléphone sonne.
Et voilà il va me sortir une jolie petite excuse sur un petit plateau doré pour que je lui pardonne. Tellement prévisible! Il n' a toujours pas compris qu'il ne pouvait pas m'avoir aussi facilement. Lorsque je suis devant lui je deviens imprévisible, je lui mange dans la main mais dès que je ne l'ai plus dans mon champs de vision je reprends mes esprits et arrive à rester une femme indépendante qui n'a pas besoin qu'on lui raconte des âneries pour être rassurée.
J'ai à peine fait la moitié du trajet que je me retrouve avec des vêtements bons à essorer, le mascara qui a dû couler jusqu'au milieu de mes joues, les yeux rougis par les larmes et les cheveux ondulant sous l'effet de l'eau. Je dois avoir une tête à faire peur.
Je verrouille mon téléphone et le range dans ma poche. Le temps passe à une lenteur incroyable quand on se retrouve à marcher seule dans les rues désertes. Lorsque j'arrive enfin devant la maison je suis exténuée. Je vois de la lumière dans le salon. J'ouvre la porte et entreprends de filer en douce dans les escaliers. Je n'ai pas vraiment envie de raconter ce qu'il s'est passé.
-Sybille?
J'ai compris, la tranquillité ce n'est pas pour ce soir. Je me dirige vers le salon, exaspérée d'avance. Quand il va voir l'état dans lequel je suis il va me faire tout un sermon. J'ai juste envie d'une bonne douche chaude et d'enfiler un pyjama confortable pour me réchauffer. On a beau être en plein été, être trempée est toujours aussi désagréable. Je m'arrête devant la porte et voit mon père sur le canapé.
-Je peux monter prendre une douche avant. Il pleut et je suis trempée.
-Si tu veux mais dépêche toi.
Alors que je cours dans les escaliers j'entends sa voix résonner.
-Ton invité ne va pas t'attendre pendant des heures.
Mon coeur s’arrête un instant et je manque de trébucher sur la dernière marche. Je sens mon rythme cardiaque s’accélérer et je commence à avoir les mains moites. Ce n’est pas possible j’ai du mal entendre.
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