Fyctia

J’ai l’impression de nager en plein cauchemar. Je n’ai pas pensé une seule seconde qu’il puisse être membre de l’Odyssey. Je prie de toutes mes forces pour que ce soit une hallucination. Comment j’ai pu être aussi stupide? Je n’ai même pas cherché à savoir, il était si gentil avec moi. Je ne sais même pas quoi dire. Notre petite escapade d'hier soir me semblait si vrai mais tout a dû être organisé, comploté, pour savoir en apprendre plus sur moi. Je me sens vraiment humiliée et trahie. Il me plait et pour une fois, j'ai laissé mes craintes de côté pour lui donner ma confiance, encore une fois j'ai accordé ma confiance trop vite et à la mauvaise personne. J'ai les larmes aux yeux mais je refuse de leur montrer à quel point ils m'ont touchée.

- Je crois que tu connais déjà Mace?

Mace? Heu, je connais Thomas mais je n'ai jamais entendu parler de Mace. Peut être qu'il change de nom après l'initiation, comme preuve d'être un membre à part entière. Dans ces cas là pourquoi ne pas s'être présenté en tant que Mace dans ce cas? Je suis tellement perdue que je ne pense même pas à répondre. J'ai l'impression d'être une simple observatrice, que ce n'est pas vraiment à moi qu'on parle. Thomas, enfin Mace, me rejoint au centre de la pièce, je n'ai vraiment pas envie qu'il m'approche mais m'éloigner serait leur donner raison.

- Pas Mace.

- Tu lui as présenté qui? Thomas?

- Oui.

Je suis la conversation en ayant l'impression d'avoir raté un épisode. Ce n'est pas très agréable mais je ne peux pas m'éclipser. Sarah part d'un rire hystérique. Elle adresse un clin d'oeil à celui qui, à partir de maintenant, est en charge de me former. Aucun moyen de lui échapper et je ne peux pas non plus lui montrer que je le déteste. Je suis obligée de continuer ce petit jeu de séduction. Ils se font un signe de tête et je me retrouve seule avec lui. Ses yeux bleus me fixent. L'espace d'une seconde j'oublie ce qu'il a fait et la seule envie que j'ai c'est de sentir ses lèvres se poser de nouveau sur les miennes mais la douleur de la trahison revient avant que je fasse quoi que ce soit.

- Contente?

- Oui.

Je me force à paraître la plus joyeuse possible. Si j'arrive à lui faire croire à tout ce cinéma je pourrais vraiment envisager une carrière d'actrice. Il m'attrape par la main et m'attire contre lui. La douceur de ses caresses sur mon bras me fait frissonner et j'ai vraiment besoin de tout mon self-control pour ne pas succomber à son effet envoûtant. J'ai beau faire de mon mieux pour le détester plus il est proche de moi et plus ma détermination s'effrite. Lorsqu'il se penche pour m'embrasser je me laisse faire et lui rend son baiser. Quitte à lui faire croire que mes sentiments à son égard n’ont pas changé autant prendre du plaisir aussi. Nos langues se trouvent et notre baiser est encore plus incroyable que ceux de la veille. J'aime sentir qu'il a ce besoin de possession. Même si je me doute que je ne dois pas être la seule fille qu'il embrasse mais à cet instant j'ai envie de croire que c'est le cas, que je suis celle qui a le pouvoir sur nous deux.

- C'est quoi exactement l'initiation?

- Tous les nouveaux ont un parrain ou une marraine qui les forme aux quatre épreuves. Les épreuves sont très différentes et visent à évaluer quatre concepts clés: le courage, la loyauté, la rapidité et l’intelligence. Si tu passes les quatre épreuves tu es officiellement une des nôtres et tu peux alors choisir ton nom.

J’avais donc raison avec cette histoire de nom. Ils doivent voir ça comme le départ d’une nouvelle vie, ça expliquerait pourquoi maman n’est jamais revenue à la maison. Qui dit nouvelle vie dit repartir à zéro, sans mari et sans enfant. La gorge nouée je hoche la tête pour lui montrer que j’ai bien compris ce qu’il m’a dit. Je pensais être en mesure d’en apprendre plus aujourd’hui mais toutes ces révélations m’ont déjà bien perturbée et je n’ai qu’une envie: rentrer à la maison et réfléchir à tout ça. Mace me raccompagne jusqu’au lycée ou je récupère mon vélo. Il m’embrasse de nouveau pour me dire en revoir mais cette fois-ci je ne suis pas aussi présente que tout à l’heure. J’ai l’impression qu’il est déjà à des kilomètres de moi. Je ne pense pas à lui demander ce qui se passe entre nous, la seule préoccupation est de rentrer.

Le chemin jusqu'à chez moi me parait passer à la vitesse de la lumière, bien trop vite à mon goût. Sur mon vélo j'ai au moins l'avantage de pouvoir penser librement sans être dérangée. Une fois rentrée à la maison, et vu l'état dans lequel je suis, je vais devoir tout expliquer à mon père.