Fyctia
Chapitre 12- Eloïse (partie 3)
Il n’a pas totalement tort et ça me met hors de moi. Pourquoi je tente de me torturer comme ça, pourquoi j’essaie en vain de trouver ce qu’il me – nous – cache ? D’accord, je veux absolument fermer ce sujet et pouvoir travailler sans la pression des supérieurs. Mais comme le dit Ray, je pourrais très bien redorer l’image autrement, même si elle risque de se fissurer à chaque nouvelle fresque. Je le pousse pour qu’il me lâche et passe la main sur mon front.
— Ce n’est pas aussi simple. Tout n’est pas aussi facile que tu ne le croies, capitaine.
Je baisse la tête, perdue dans mes pensées.
— Pourtant, ça ne te dérange pas de trouver certains thèmes plus faciles que d’autres. Tu crois vraiment que je t’ai abandonnée comme ça, si facilement ?
Je ferme les yeux, tentant d’effacer ces images de nous dans le passé. Je ne veux plus revivre ça : cette insouciance évanouie, détruite par un simple battement d’ailes. Des petites larmes coulent lentement le long de mes joues, mais je les refoule rapidement. Je m’étais jurée de ne plus jamais en verser une seule pour lui, je dois tenir cette promesse afin de ne pas être à nouveau déçue. Démunie. Détruite.
Il tente à nouveau de changer de sujet, de se tourner vers quelque chose avec laquelle je me sens moins à l’aise.
— Je ne veux pas parler de ça, maintenant, Ray, murmuré-je.
— Tout comme je ne veux pas parler de ces scandales, maintenant.
Je déteste quand il joue avec moi. Parce que ce n’est plus juste un défi qu’il se lance – comme lorsqu’on était adolescent –, il utilise à présent sa carte Joker pour me dérouter et pour que je perde le contrôle. Seulement, ça n’arrivera jamais. Je ne vais plus foutre en l’air ma carrière pour un homme et encore moins, pour mon ex. J’ai accepté de travailler à ses côtés pour fuir mon démon à moi.
Mon démon qui danse continuellement dans la nuit, devant moi.
J’ai enfin compris comment respirer après mon déménagement à Paris et je ne compte pas arrêter de respirer. Pas pour lui.
— Peut-être que tes parents seront plus enclins à en parler, alors ?
Il s’agit d’un coup bas, j’en suis consciente. Cependant, je sais aussi que c’est la seule manière de le réveiller, de le brusquer. S’il a quelque chose à cacher, il ne voudra certainement pas que j’aille chez sa famille. Et c’est la dernière carte qu’il me reste à jouer. Les supérieurs me mettent la pression pour que j’agisse sinon ils me renvoient.
— T’es vraiment têtue, t’as pas changé, soupire-t-il.
— Certaines personnes ne changent pas du tout au tout.
Il esquisse un sourire, mais il n’a rien d’anodin. Cette conversation le touche plus que ça ne le devrait.
— Elo’, je t’ai déjà mise en garde une fois. Ne cherche pas les embrouilles, siffle-t-il, pensant que je vais lâcher l’affaire si facilement.
Pourquoi doit-il toujours tout compliquer ? Pourquoi quand je parle de Ray, les sentiments se mêlent ? Rage, déception, pincement au cœur et une amertume à peine dissimulée.
— Oh, Ray, tu sais bien que j’aime le danger. Ce ne sont pas de petites paroles pareilles qui me feront peur, rigolé-je, en pointant le doigt dans sa direction.
— Eloïse, dis-moi sérieusement. Pourquoi tu veux absolument savoir ? Pourquoi tu pousses autant ?
Je lâche un sourire parce que je sais que j’ai pratiquement gagné ce match. Je l’ai eu à l’usure. Il en a ras-le-bol de se disputer avec moi, de m’entendre critiquer ses conditions de vie – ou plutôt ses soirées – et de voir qu’il entraîne tout le monde dans son tourbillon.
Une partie de moi ne peut s’empêcher de se dire que si ça n’avait pas été moi, il n’aurait rien avoué.
Une toute petite partie. Minuscule. Ridicule.
— Parce que les supérieurs me mettent la pression et que j’en ai marre de ne pas réussir à faire mon boulot à cause d’un mec trop borné pour travailler avec moi.
— Ne me mens pas, Elo’. Tu sais aussi bien que moi que tu pourrais sortir un mensonge pour
nous sortir de cette merde et pour que le club te lâche.
— Et leur donner une raison de douter de moi quand toute la vérité reviendra à la figure des journalistes ? Non, merci. En plus, je ne veux pas baser ta carrière sur le mensonge. Peut-être que tu m’as complètement abandonnée dans le passé, mais moi, j’ai toujours cru en toi. Et ce n’est pas ma colère et mon dégoût pour toi qui changeront ça. Alors, non, je refuse de te laisser tout détruire…toi, ta carrière, mais aussi celle de tes coéquipiers et de ton club. Et je sais pertinemment qu’un vieux mensonge, malgré le fait qu’il soit bien construit, ne servira jamais à la presse.
En plus de le faire pour mes supérieurs, je le fais parce que j’aurais aimé qu’on fasse pareil pour moi. Qu’on me sauve, ma carrière et moi.
— Ne m’en veux pas d’avoir détourné les yeux de toi, Elo’. Je ne le comprends même pas moi-même, souffle-t-il.
Mes yeux s’élargissent, mais je refuse de croire en ces paroles beaucoup trop parfaites et belles pour être vraies. Il aurait dû le regretter bien avant de partir et de me laisser m’inquiéter pour lui.
Alors, je fais semblant de ne rien avoir entendu et poursuis, d’une voix lasse et fatiguée, mais forte :
— Je vais te laisser sur un ultimatum, Ray. Fais le bon choix, cette fois. Demain soir, c’est ma dernière limite. Soit tu me rejoins au bar de la rue à 20h, soit je vais rendre visite à tes parents et je ne prendrai pas de pincettes.
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