Fyctia
Chapitre 9 - Eloïse (partie 3)
Alors que j’allais partir, debout dans les gradins, je crois qu’il me regarde car il fait un geste avec sa main, mais je comprends rapidement que ce n’est pas du tout le cas. Il enlève…son maillot, laissant apparaitre sa musculature et je note aussitôt un tatouage tout en bas. Je ne peux pas le voir entièrement car la moitié se trouve en-dessous de son short. Je me surprends à être déçue de ne pas pouvoir savoir ce qu’il représente. De la sueur coule sur son torse et au lieu de trouver cela dégoûtant, ça me donne un coup de chaud.
Qu’est-ce qui t’arrive, réveille-toi !
— Tu te rinces bien les yeux ?
Je bondis sur place et plaque ma main sur ma bouche. Merde ! Il s’est tourné et me scrute en avançant légèrement vers les gradins. Heureusement que les lampadaires n’illuminent pas mon visage parce que je jure que je suis en train de rougir comme une idiote.
— N’importe quoi, il n’y a rien à voir, soufflé-je.
— Rien ? rit-il en balançant sa tête de droite à gauche.
Avant qu’il ne puisse en dire plus, je le coupe et tente maladroitement de changer de sujet.
— Je suis surprise de te voir…ici, toussoté-je pour effacer ce qu’il vient de dire.
Il hausse un sourcil avant de laisser apparaitre un petit sourire sur le coin de sa bouche.
— J’avais besoin de me défouler.
— C’est mieux que de créer des scandales, en tout cas, murmuré-je, plus pour moi que pour lui.
Mais c’est sans compter sur son ouïe beaucoup trop développée.
— Tu n’en rates pas une, hein, ricane-t-il, en s’ébouriffant les cheveux.
J’affiche un sourire de façade, c’est un sujet – parmi un million d’autres – qui fâche entre nous. Il n’a pas l’air de comprendre que tout mon travail est détruit à chaque fois qu’il commet une nouvelle frasque.
— Je profite que tu ne me fuis pas pour te prévenir de ne plus jamais me toucher, comme tu l’as fait au gala. Ne t’avise plus jamais, tu m’entends ? m’insurgé-je, vivement.
— Ce n’est pas plutôt toi qui fuis ?
J’ouvre la bouche pour contrer ce qu’il raconte, mais il me devance :
— Ah, et il me semble que ça t’ait plu, au gala.
Mon visage devient tout rouge tandis que mes poings se resserrent.
— Pardon ? T’es aussi égocentrique que dans mes souvenirs, pesté-je.
Il rit à gorge déployé, m’énervant encore plus. Même l’air frisquet de l’extérieur ne m’atteint plus, tant je suis remontée contre lui. La guerre est (à nouveau) déclarée… Je ne sais même pas s’il y a eu un moment de paix entre nous.
— Et toi, aussi en colère qu’avant que tu ne me libères de ta rage, se moque-t-il, en affichant un sourire, fier de sa répartie.
Je mords ma lèvre inférieure pour ne pas crier. Comment arrive-t-il à me mettre hors de moi à ce point ? Je pensais qu’il n’avait plus aucun pouvoir sur moi. Mais la colère n’est-elle pas une émotion prouvant que je lui donne du crédit ?
— Je regrette déjà de t’avoir dit ça. En fait, je regrette tout ce que j’ai pu dire ou faire de gentil avec toi, craché-je.
Je mens. Clairement, c’est un énorme mensonge. Même s’il m’a fait du mal et que c’est en partie à cause de lui que je suis si brisée aujourd’hui, je ne regrette pas notre relation. Même s’il l’a détruite, moi, j’ai pu ressentir pour la première ce que c’était qu’être aimée et valorisée par un homme. Jamais je ne pourrai l’oublier ou le regretter.
— Je ne te crois pas une seule seconde, souffle-t-il en s’approchant – beaucoup trop près – de moi.
Mon corps se tend, mais je ne me démonte pas. Il faut que je m’affirme devant lui pour lui montrer qu’il n’a plus aucun pouvoir sur moi.
Au gala, ce n’était qu’un égarement. Rien de plus.
— Ne te crois pas si inoubliable, Ray, lancé-je en me retournant pour prendre la direction de la sortie.
Mais avant que je ne franchisse la porte me séparant du terrain et de la sortie, j’entends la voix du capitaine s’élever :
— C’est ce qu’on verra, princesse.
Sans le vouloir, mes lèvres se soulèvent pour former un sourire. C’est ce qu’on verra…Exactement comme lors de notre première rencontre, il y a sept ans. Tellement d’années sont passées et pourtant, son égocentrisme est toujours bien présent.
Sans s’en rendre compte, il vient de me planter un poignard dans le cœur. Il s’en rappelle. Peut-être de quelques trucs ou peut-être de toute notre relation.
Il n’a pas oublié.
Il ne m’avait pas oublié.
Mais cela veut dire qu’il m’a quitté de manière totalement consciente. Naïvement, j’avais pensé que quelque chose lui avait fait oublier notre relation…je ne sais même pas quoi. Je ne comprends même pas pourquoi je croyais à ça. L’espoir, peut-être ? Sûrement. On ne dit pas que l’espoir fait vivre ?
5 commentaires
Lou Galliwee
-
Il y a 3 mois
lorrely
-
Il y a 3 mois
Alexandra ROCH
-
Il y a 3 mois
Sofia77
-
Il y a 3 mois
Ally P
-
Il y a 3 mois