Fyctia
Chapitre 6 - Eloïse (partie 2)
Evidemment, il ne semble pas le moins surpris par ce scoop…ça le laisse même indifférent ?
Bordel, pourquoi je l’étudie de cette manière ? Pourquoi le fait qu’il foute en l’air sa carrière me touche plus que de raison ?
— Ne me regarde pas comme ça, Elo’.
— Comment ? murmuré-je.
— Avec déception. En plus de ne pas du tout bien t’aller, j’essuie déjà assez de reproches comme ça.
Je ne relève pas sa remarque, trop absorbée par ce qu’il compte me dire sur le pourquoi du comment.
— Je pense que tu as perdu la main pour déchiffrer mon regard.
Ray s’approche de moi, me faisant reculer et buter contre mon bureau se trouvant juste derrière moi. Ces derniers temps, cela semble être une habitude. Lui près de moi, avec son souffle s’abattant irrégulièrement sur ma peau couverte de frissons.
— Ah oui ? Je ne suis pas d’accord. Par exemple, là, j’arrive à déchiffrer ton regard qui semble me supplier d’assouvir tes désirs.
Mon cerveau semble dysfonctionner, tant les paroles et la proximité de Ray mettent à rudes épreuves mes compétences neurologiques et rationnelles. Ma bouche s’entrouvre d’elle-même tandis que mes mains viennent durement agripper le bureau.
Reprends tes esprits, bon sang !
Je détourne mon regard de lui, pose la main sur son torse pour l’éloigner de moi et avant de reprendre place derrière mon barrage, je pose discrètement mes paumes sur mes joues – sûrement rouges.
— Quelle arrogance, ne pus-je m’empêcher de lâcher dans un souffle.
Et quelle chaleur, bordel !
— C’est bien ce que je disais. Tu ne sais plus lire en moi, dis-je en toussotant pour reprendre contenance.
Alors que le joueur numéro 11 semble vouloir prendre la parole, je ne le laisse pas faire et reprends mes explications où je les avais laissées.
— C’est de l’incompréhension dans mon regard. Je…ne comprends pas ce que tu fais et pourquoi tu le fais.
— Il n’y a peut-être pas de pourquoi, répond-il de manière tranchante.
Ray a repris son sérieux et semble m’étudier attentivement.
— Pas avec toi, ne pus-je m’empêcher de lâcher.
Il m’a abandonnée, je le sais, mais au fond de moi, je persiste à croire qu’il y a une raison à son départ. Qu’il a un minimum pensé avant de le faire. Comme pour maintenant, il y a une explication à tout ça. Il doit y en avoir une.
— Tu veux vraiment tout détruire, insisté-je. Même la carrière si durement acquise par certains de tes coéquipiers ? Tu es prêt à avoir ça sur ta conscience ?
Je l’attaque de manière totalement consciente, mais d’expérience, je sais que c’est la seule façon pour lui faire cracher le morceau. Pour qu’il me dise la vérité. Et si je la veux tant, ce n’est sûrement pas pour le réconcilier, mais pour donner une justification aux journalistes qui n’attendent que ça.
— Elo’, je t’ai dit de ne pas te mêler de mes affaires.
La rage prend possession de moi et je suis à la limite de crier tant son air mystérieux m’insupporte. Je peux essayer d’améliorer l’image du club, mais tant qu’un point d’interrogation planera au-dessus de cette équipe, la presse ne laissera rien passer. Elle n’oubliera pas aussi facilement.
— Dis-moi pourquoi tu le fais et je te laisse tranquille.
— Qu’est-ce qui te fait dire ça ? Comment tu peux affirmer qu’il y a une explication ? dit-il, presque en riant.
Je n’ai même pas le temps de prononcer un mot qu’il change de sujet.
— Tu ne ressens pas de la rage en me voyant alors que je t’ai abandonnée sans explication, hein ?
Ses paroles me déstabilisent, bien plus qu’il ne le croit. Il est aveuglé par son énervement, par les propos que j’ai dit parce qu’il sait que j’ai raison. C’est peut-être un peu exagéré, mais s’il continue comme ça, sa carrière et tout ce qu’il a bâti jusqu’ici partira en fumée.
Je ne laisserai pas une larme couler en sa présence, tout simplement parce qu’il n’a pas ce pouvoir sur moi. Il ne l’a plus. Même si ses paroles me blessent, parce qu’il ramène le passé volontairement, je ne dis rien. Je passe outre.
— Cette conversation ne mènera à rien, soupiré-je.
Ray se lève d’un bond, passe la main sur son front avant d’ébouriffer ses cheveux d’un geste nerveux. Je suis chaque mouvement du coin de l’œil tandis que je relis l’article devant moi. Celui qui va être publié dans moins de trois heures.
— L’article sera posté dans précisément deux heures cinquante. Tu veux le laisser comme ça ? « Le grand Wayne se ridiculise encore une fois, emportant avec lui son club. », lis-je. Ils font directement le lien entre tes actes et le PSG. Si ça ne pose pas de problème à ta conscience, pour moi, on peut laisser comme ça. Je pense que le titre fera sensation. Ils ont quand même une de ces imaginations pour trouver des intitulés aussi intrigants, fais-je remarquer en souriant.
Il s’est arrêté et me regarde, perplexe avant de s’avancer et de s’arrêter à nouveau tout proche de moi.
— Tu essaies de faire quoi, là ? souffle-t-il.
Je tressaille sans le vouloir, mais garde en tête mon mantra bien précieux : « Ne le laisse pas gagner. Ray n’est qu’un lâche. ». Aussi surprenant que cela puisse paraitre, ça fonctionne puisque j’arrive à me concentrer sur autre chose que sur sa proximité, ses lèvres qui s’entrouvrent proche des miennes ou encore de ses mains qui viennent toucher mes cheveux avec une délicatesse surprenante.
Je me détache rapidement de lui et le fusille du regard.
— Arrête ça, immédiatement. Entre toi et moi, il n’y a que le travail, capische ?
Il lève les mains en l’air, de manière innocente et s’éloigne de quelques pas, me permettant ainsi de me repositionner derrière mon bureau. Comme si c’était un barrage suffisant entre lui et moi. Je me laisse retomber sur mon siège.
Pourquoi son corps m’attire-t-il toujours vers lui alors qu’au fond de moi, je le déteste ? Pourquoi mes sens l’appellent ? Pourquoi est-ce que je perds toute notion dès qu’il est proche de moi ?
Je le déteste. I hate him. Nefret ettim. Le odio.
Avant que je ne puisse revenir sur notre sujet principal, quelqu’un toque à la porte.
Le coach demande la présence du grand capitaine pour un entrainement plus technique qu’il doit absolument suivre. Alors que l’entraineur repart, Ray s’avance juste de quelques millimètres, pose ses mains sur la table qui nous sépare et avance son visage vers le mien.
— On n’en a pas fini, toi et moi, murmure-t-il.
Je n’ai même pas le temps de réagir qu’il a déjà passé la porte. Bordel ! Pourquoi ne me laisse-t-il pas le temps de lui boucler le capet !
10 commentaires
M.B.Auzil
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Il y a 3 mois
J.I_WOLF
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Il y a 3 mois
Cin_dy
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Il y a 3 mois
Samantha Beltrami
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Il y a 3 mois
Amandine.02
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Il y a 3 mois
K.C Sankr
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Il y a 3 mois
TammyCN
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Il y a 3 mois