Fyctia
Chapitre 5 - Ray (partie 2)
Quel abruti, je suis ! J’aurais dû voir ce joueur s’avancer vers moi.
Les supporters crient leur déception tandis que moi, je recule vers l’arrière du terrain, la tête baissée et dégoûtée par mon manque de concentration. Peut-être parce que je l’ai vue. Elle était assise, au centre et regardait le jeu – ou plutôt moi devant le goal. Et comme un con, j’ai raté mon coup.
— Capt’aine, il se passe quoi ? T’as pas l’air concentré, aujourd’hui, me souffle Mason derrière moi.
— Je sais, j’ai merdé.
Et je ne rajoute rien parce que ce n’est pas nécessaire. Ils savent que je suis très compliqué avec moi-même. Je dois jouer à la perfection parce que sinon, cela voudrait dire que je ne mérite pas ma place ici. Que je prends peut-être la place d’un autre joueur, meilleur que moi.
Le jeu reprend et malgré mes muscles qui veulent lâcher la tension, je reste concentré. Je vais le marquer ce putain de goal.
Une fois que j’ai à nouveau le ballon dans mes pieds, je ne cherche pas à réfléchir pendant trop de temps, je fais une passe très rapide à l’autre attaquant de l’aile droite, m’avance et lui fais un appel de balle afin de pouvoir marquer vu que je suis bien centré. Le ballon à l’endroit où il doit être – à mes pieds –, je trompe le gardien en faisant semblant d’aller vers la droite alors que je tire à gauche.
GOALLLLL !
Les supporters se lèvent et applaudissent en hurlant tandis que mes coéquipiers me rejoignent et me sautent dessus pour me féliciter. Je souris et les prends tous dans mes bras avant de me tourner vers elle. Son regard se rive au mien quelques secondes, avant de se détourner. Elle a un petit sourire qui s’efface immédiatement lorsqu’elle me voit la regarder. Mais elle n’a pas pu aussi bien le cacher que ses émotions. Je l’ai vu.
À moins de dix minutes de la fin, je remarque que nous sommes tous en train de lâcher prise, nos muscles commencent à céder sous la fatigue. J’essaie de motiver mes coéquipiers parce qu’il ne faudrait pas que le camp adverse marque à un moment où on est clairement affaiblis. C’est à la défense et au gardien de tenir jusqu’au bout maintenant afin de ne pas laisser l’autre équipe marquer.
Ce sont clairement les dix minutes les plus longues. Les mêmes que celles d’une fin de journée où on ne veut que rentrer chez nous, mais en même temps, le temps semble s’allonger sans que la journée ne se termine. On est presque à la fin. On est sur le point de gagner, mais je ne peux m’empêcher de voir le pire arriver devant moi. Le joueur onze de l’autre équipe est vraiment très proche de notre goal. Alors sans réfléchir, j’abandonne mon poste d’attaquant et rejoins le joueur en question. Il arrive encore à avancer de quelques centimètres avant que je n’arrive à lui enlever le ballon et repartir dans l’autre sens.
Lorsque l’arbitre siffle, l’Angers SCO s’écroule au sol, les joueurs gardent la tête baissée, tant leur déception est grande.
Je savoure cette réussite en levant les yeux vers le ciel que je peux nettement apercevoir grâce au toit ouvert du stade. Mon regard se plonge ensuite vers la foule de supporters qui se sautent dans les bras, nous acclament, mais moi, ce qui m’intéresse, c’est elle. Eloïse Delvaux. Elle a assisté à notre match, j’ai senti son regard posé sur moi. J’aimerais mentir en disant qu’elle me laisse complétement indifférent, mais la vérité, c’est que je ressens cette tension et cette attirance physique entre nous. Je ne suis plus amoureux d’elle. Pas comme dans le passé. Mais je ne peux que reconnaitre sa beauté, son corps si joliment sculpté qui m’attirent comme un aimant.
Mais elle n’est déjà plus dans les gradins, elle a dû fuir les sauts et les mouvements brusques des supporters qui deviennent littéralement hystériques.
Je secoue la tête en rigolant. Qu’est-ce que j’aime cette sensation après avoir gagné un match. Celle de l’euphorie, de l’adrénaline qui redescend tout doucement et celle de la joie qui vient la remplacer petit à petit. J’oublie rapidement la fatigue et c’est grâce à ça que nous réussissons à rester debout jusqu’à pas d’heure pour faire la fête au bar. Le Les deux stades nous accueille toujours les bras grands ouverts. C’est un endroit derrière le parc des princes qui n’accueillent pas énormément de personnes ce qui nous facilite les choses pour ne pas nous faire repérer par des supporters.
Après avoir pris une bonne douche, nous nous rassemblons tous au bar, où l’ambiance est déjà au rendez-vous. La musique semble plaire à certains de mes coéquipiers puisqu’ils commencent déjà à danser sur la piste de manière collée-serrée avec des femmes qui y sont également. Je les regarde un instant, mais me décide à d’abord prendre une bonne bière avant d’aller les rejoindre. Peut-être que je pourrais trouver quelqu’un avec qui finir la nuit.
Je prends place sur le siège en face du barman et commande ma boisson avant de regarder les alentours. Le bar est animé, baigné dans une lumière tamisée qui crée une atmosphère chaleureuse. Les murs en briques rouges sont décorés de vieilles affiches. Derrière le comptoir, les bouteilles de spiritueux brillent sous les néons, tandis que le barman prépare des cocktails avec une habileté maîtrisée. Le bruit des conversations se mêle à la musique de fond, créant une ambiance détendue, mais énergique. J'observe les groupes de personnes qui discutent, riant et profitant de la soirée jusqu'à ce que mon regard percute le sien. Ses yeux sont posés sur son verre de mojito devant elle. Décidément, le destin a décidé de me la mettre sur le chemin à chaque instant.
— Eloïse ?
5 commentaires
M.B.Auzil
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Il y a 3 mois
lorrely
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Il y a 3 mois