Fyctia
Chapitre 4 - Eloïse (partie 3)
Des bouteilles sont posées devant moi, mais je n’ai pas le temps de me servir que plusieurs mains se lèvent déjà. Je respire un bon coup avant de me redresser et de hocher la tête, prête à affronter ce moment qui est sans doute, le plus dur. Celui où vous ne contrôlez plus ce qu’il se passe puisque n’importe quelle question peut être posée. Il faut être rapide, impassible et forte.
— Pourquoi avoir lancé cette opération avec des enfants ?
Celle-là, je m’y attendais.
— Tout simplement parce que nous voulons que le football touche également les plus jeunes. Beaucoup de nos joueurs ont aussi été des enfants de bas âge qui voulaient jouer au foot, mais qui n’en avaient pas les moyens ou l’occasion. Ici, l’important sera de montrer à ces enfants qu’à partir de rien, sauf de courage et d’envie, ils peuvent aussi y parvenir. Ils pourront en discuter avec des professionnels de ce monde et bien sûr, ils pourront également jouer et apprendre avec eux.
Je souris, satisfaite de ma réponse et le journaliste en chemise noire semble également content. Je dois avouer que ce projet me touche beaucoup et c’est sans doute pour cela que j’ai partagé le projet au club. Je pense qu’en plus, de montrer une belle image des joueurs, cela permettra de vraiment faire une bonne action.
Un homme en costard noir et chemise blanche lève la main et son sourire amer en dit long sur ses intentions.
— Pourquoi le PSG a-t-il fait le choix d’embaucher une femme en tant qu’attachée de presse ? Qu’est-ce que cela pourra leur apporter comme positif ? me défie le journaliste.
Mes nerfs menacent de lâcher d’une seconde à l’autre, alors j’essaie tant bien que mal de reprendre mon souffle. Inspirer, expirer en douceur, sans nervosité.
Comment se peut-il que de tels propos soient tenus ? Cet homme n’a-t-il pas peur d’être ridicule voire d’être blessant ?
Pourtant, je ne devrais pas perdre mon calme aussi rapidement. Je suis bien familiarisée avec cette situation. En tant que femme, évoluer dans le monde du sport, un domaine qui était autrefois dominé uniquement par les hommes, soulève des problèmes pour certains. Même dans l’entreprise de mon père, on ne me voyait pas pour ce que je pouvais apporter à l’entreprise, mais plutôt comme un morceau de viande. Je ne peux, selon eux, gravir les échelons que grâce au sexe. Mais même ces propos blessants et les actes qui en ont suivis, je n’ai pas baissé les bras parce que ce ne sont pas à eux de gagner. Ceux qui ont besoin de rabaisser les femmes pour se montrer supérieurs ne méritent pas de gagner.
Même si je voudrais lui répondre d’aller se faire foutre ou de plutôt revoir sa position à lui, je prends une mine sérieuse et pas le moins du monde, touchée pas ces propos. Alors que Dieu seul sait à quel point, même si je me montre forte, je suis toujours autant blessée par ce genre de mots.
— J’ai donné toutes les informations nécessaires pour aujourd’hui. Dans les jours à venir, le club se chargera de vous faire parvenir un communiqué de presse avec plus d’informations. Merci pour votre attention, terminé-je en souriant et faisant un bref signe de la main.
Je finis enfin ma phrase, et un silence lourd mais libérateur s’installe autour de moi. Je me lève et en me dirigeant vers les coulisses, je ferme les yeux un instant, ressentant la tension qui m’avait envahie depuis le début de cet exercice se dissiper peu à peu. La pression de chaque mot prononcé, chaque regard scrutateur des journalistes, semblait m'avoir comprimée, mais maintenant, je réalise que je reprends doucement mon souffle. La lourdeur qui pesait sur ma poitrine commence à se relâcher, comme une brume qui se lève. Je prends une grande inspiration, mes épaules se détendent, mon cœur retrouve son rythme, et un léger sourire se dessine sur mes lèvres. Je l’ai fait.
Je sors de la salle et rentre chez moi pour retrouver mon confort. Mon chez moi, un appartement que j’ai trouvé et que je loue dans le centre de Paris. Heureusement que j’ai pu économiser de l’argent pour l’acquérir parce que la vie à Paris coûte très cher. Pour 30 mètres carrés, je paie pratiquement huit cents euros de loyer. Il est petit, mais à mon image et surtout, douillet. Un endroit où je me protège des requins de ce monde…
16 commentaires
Flozoux
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Il y a 3 mois
Sharleen V.
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Il y a 4 mois
Pjustine
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Il y a 4 mois
Samantha Beltrami
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Il y a 4 mois
Julie Alyès
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Il y a 4 mois
liacarter.auteure
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Il y a 4 mois
Stormy__a
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Il y a 4 mois