Blogdelyosa Play, Boy Chapitre 4 - Eloïse

Chapitre 4 - Eloïse

À Paris


Même avec la plus grande préparation qu’on peut avoir, on n’est jamais prêt à revoir son premier amour. Celui qui vous a déchiré le cœur.

Je m’étais faite à l’idée que je le côtoierai souvent pour mon travail. Cependant, quand je l’ai vu, en sueur après son entrainement, ma gorge s’est asséchée et pendant le reste de ma présentation, j’ai dû essayer de ne pas le regarder. Mais purée, malgré ma colère et ma tristesse en le revoyant et en me remémorant ce jour-là, je l’ai trouvé si sexy. Il a gardé ce visage un peu enfantin, mais ces traits sont plus tendus et marqués par les efforts sportifs. Sa carrure est imposante et son maillot collant à sa peau à cause de la sueur laissait entrevoir ses biceps. Il n’y a aucun doute : c’est un bel homme.


— Pose-moi tes questions, Eloïse, souffle justement le concerné.


Je sors rapidement de mes pensées et tente de m’asperger d’eau mentalement afin d’oublier ces idées plus qu’idiotes. Il n’est absolument pas craquant. Je dois le voir comme un client, point barre.


— Décris-toi en trois mots.


Ray, assis nonchalamment sur le fauteuil, ne baisse pas son regard insistant. Au contraire, il semble essayer de lire en moi, ce que je déteste par-dessus tout.


— Comment tu me décrirais, toi ?


Beau à se damner, intelligent, sportif.

Je souffle lourdement, ne comprenant pas où cette conversation va. Avec les autres joueurs, la réunion a dû durer une quinzaine de minutes pour chacun et ils répondaient du tac au tac. Avec Ray, ça fait cinq minutes qu’on est assis l’un en face de l’autre et à part nous jauger du regard, je n’ai encore rien pu noter sur sa fiche, à l’exception de trois petits points. Autant dire que ce n’est pas très fructueux.


— Tu l’auras voulu, sifflé-je. Si je devais te décrire, je dirais que tu es un lâche, un égoïste et un connard.


Sa réaction n’est pas celle attendue, non, il n’a pas une expression choquée. Au contraire, il arbore un rictus amusé, que je voudrais autant effacer qu’embrasser.

Raaah, pourquoi sourit-il ? Pourquoi cette situation me semble aussi grotesque qu’anormale ? Je ne devrais pas être en face de Ray…cet amour d’enfance, mon premier amour, celui qui a tout détruit après son passage, tel un ouragan. Je ne devrais pas trouver son sourire ou que sais-je, mignon et sexy.


— Je perds patience, Ray.


Prononcer son prénom ne fout des frissons, bordel ! Pour la énième fois, je me frappe mentalement afin de calmer mon cœur et mon corps. Mais ce connard de Ray n’arrange pas les choses avec son sourire taquin, celui que je lui aimais tant.


— J’ai hâte de voir ça, se moque-t-il.


Ok, toutes mes pensées caliente se sont évaporées pour laisser place à une grande colère, une expression de lassitude face à son comportement.

Je ne réponds pas à sa pique et commence à ranger mes dossiers éparpillés sur mon bureau, tout en laissant celui de Ray dans un coin, au cas où il répondrait enfin à mes réponses.

Honnêtement, je ne pensais pas que cette première rencontre entre nous serait aussi intense. Je me voyais jouer l’indifférente à chaque fois qu’il serait proche de moi ou à chaque fois qu’on serait obligé d’échanger et d’être au même endroit. Mais c’était sans compter sur son sex-appeal et le comportement gamin-taquinerie qu’il a gardé.


— Qu’est-ce que tu fais ? me demande-t-il avec sa voix rauque.


— Ça ne se voit pas ? Je range mes affaires pour partir. Je ne te tirerai aucune information de toi, à part des piques complètement stupides. Ça ne devrait même plus me surprendre.

Ray se lève rapidement et d’un pas, se rapproche de mon bureau où il pose ses bras avant de lever la tête vers moi.


— La discussion n’est pas terminée, Elo’, gronde-t-il.


Mon prénom dans sa bouche ne me laisse pas indifférente, mais je tente de garder la même expression.


— Pour moi, si, sauf si tu te décides enfin à répondre à mes questions ? l’interrogé-je du regard.


Il passe la main sur son visage avant d’ancrer à nouveau, son regard dans le mien. Un regard sombre.

Une tension palpable circule dans l’air, m’étouffe autant qu’elle me procure des frissons. Que je voudrais effacer et ne plus jamais ressentir. Ce n’est pas parce qu’il a un regard intrigant et mystérieux, un regard que j’aime tant que je vais lui pardonner. Non, il m’a fait beaucoup trop de mal pour pouvoir tout effacer et oublier d’un revers de la main.


— Note les adjectifs que tu m’as donnés, lance-t-il avant de reprendre sa place sur le fauteuil.

Moi, je reste immobile, debout, la bouche grande ouverte. Sa voix éraillée rauque laissait entendre qu’il ne disait pas ça pour être tranquille. Non, autre chose se cache derrière ses paroles. Quelque chose de bien plus sombre.


Je ne m’étais pas rendu compte, jusqu’à ce qu’il aille se rasseoir, mais j’avais arrêté de respirer tant il s’était approché de moi. Je reprends alors, rapidement contenance et me rassieds. Je note sur ma fiche les trois adjectifs, mais je prends bien soin de noter un grand point d’interrogation.

Pourquoi ? Pourquoi est-ce que je lui prête autant d’attention ?


Je saute les questions qui me semblent beaucoup moins pertinentes pour lui et vais droit au but.

Je ne devrais pas poser cette question parce que ce serait à nouveau, le signe que je lui accorde un minimum d’attention alors qu’il ne le mérite pas. Malgré sa réponse plus qu’étrange, je ne peux pas laisser mes barrages se fissurer à la moindre interrogation qu’il suscite chez moi. Après ce soir-là, je me suis promis de ne plus jamais lui pardonner, de ne plus le laisser entrer dans mon intimité, dans ma vie privée. Et c’est ce que je compte faire, garder mes distances.

Ironie du sort : je dois utiliser toutes mes forces et toute mon énergie à aider celui qui m’a fait souffrir. Qui m’a, au bout du compte, rendu faible. Décidant qu’il est temps que j’arrête de penser à lui et à notre passé pour me concentrer sur la relation professionnelle, je me penche et lui demande d’une voix ferme et indifférente :


— Pourquoi tu détruis ton image ; celle que tu as obtenu très justement par ton bon jeu ?


Ray soupire et ébouriffe ses cheveux, geste qu’il n’a pas perdu de son adolescence. Il faisait toujours ça quand il se trouvait dans une situation stressante. Je comprends alors que derrière son comportement plus que déplacé, ses innombrables soirées – presque clandestines – auxquelles il participe ne sont là que pour cacher autre chose. Un secret plus profond qu’il tente de calmer ou peut-être de cacher ?

Pourquoi je me torture à essayer de le comprendre, alors même qu’il n’a pas essayé pour moi ? Pourquoi mon cœur bat-il irrégulièrement en voyant son air fêlé et en même temps, ne peut laisser sa tristesse partir ? Pourquoi cette dualité me fait si mal ?


— Ce n’est pas ce que je fais, nie alors Ray.


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3 commentaires

Alexandra ROCH

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Il y a 4 mois

L'histoire est très prenante. J'ai eu peur au début car je n'aime pas du tout le foot, mais je crois que cela va être accessoire puisque la romance débute très bien. Bravo
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