Phoenix B. Asher Pine Lake Resort Correspondance énigmatique

Correspondance énigmatique

Je regarde un instant le coupé de Julian s’éloigner sur la route avant de monter les marches du porche chez Chris. Il a une belle maison. Je ne m’attendais pas vraiment à ça mais à quelque chose de plus carré, masculin. Oui, je sais, c’est ridicule. Les clichés ont la vie dure.


J’attends quelques secondes avant de frapper. Et s’il m’envoyait balader ? Un nœud me tord l’estomac. Aller Charlie ! De toutes façons, je ne peux plus reculer, je ne me vois pas rentrer en courant jusqu’au Resort. Quoique… Ça me ferait un bon entrainement. Stop ! Je suis lamentable, plantée devant sa porte comme ça. Je frappe.


Chris ouvre au bout de ce qui me semble plusieurs longues minutes. En réalité, il ne devait pas être loin de la porte. Instantanément, mon cerveau court-circuite. Il doit sortir de la douche et ne porte qu’une serviette autour des hanches. Il veut ma mort ou quoi ? Je ferme les yeux un instant.


- Charlie, je…

- Attends, Chris. Laisse moi parler d’abord. Je ne suis pas venue pour m’excuser.


Son visage, sur lequel je me suis focalisée, se crispe. Il semble accuser le coup. Je m’empresse de continuer.


- Je ne veux pas m’excuser mais t’expliquer. Il faut que tu comprennes que depuis Liam, je ne me suis pas ouverte à cent pour cent à un homme. Liam Hunter m’a brisée et je ne sais même pas si un jour je pourrai retrouver confiance en moi. Alors me fier à un homme, lâcher prise, c’est extrêmement difficile pour moi. J’ai déjà fait plus de chemin avec toi en quelques jours, qu’en plusieurs mois avec Julian.


Je fais une pause, mes yeux vrillés dans son regard bleu lagon.


- C’est vrai que Julian et moi sommes proches, mais plus comme les membres d’une même famille. Il m’a sauvée et fera toujours parti de ma vie mais ça s’arrête là. Je ne sais pas où tout ça va nous mener. Ni si on a un vrai avenir tous les deux. Mais j’ai envie d’essayer. Et toi ?


J’attends. Mais il ne dit rien. Continue de me regarder intensément. Puis brusquement, je me retrouve dans ses bras, sa bouche prenant brutalement possession de la mienne. Je réponds de la même manière à son étreinte. Cet homme me fait complètement perdre la tête. Et m’embrase, littéralement. Je n’ai aucun mal à sentir qu’il est dans le même état d’esprit que moi. Et c’est là que nous remarquons la porte grande ouverte. Le quartier de Chris qui commence à s’animer. Je redescends de ses bras de la façon la plus digne possible. Il ferme la porte derrière nous. Je regarde l’heure sur la grande pendule dans son salon.


- Je vais aller m’habiller, les gars vont pas tarder à Pine Lake, me dit-il en suivant la direction de mon regard.

- Oui, je t’attends, maintenant que j’ai eu la réponse à ma question.

- Je n’ai pas fini de te répondre, ce n’est que partie remise, ajoute-t-il avec un clin d’œil.


Je le regarde s’éloigner avec un immense sourire. Il a ce don de m’insuffler sa bonne humeur.


Chris revient, après quelques minutes, vêtu d’un jean clair et d’un t-shirt blanc près du corps. Avec soulagement, je vois qu’il a de nouveau préparé son sac. Il me restait une petite inquiétude malgré sa réaction à la suite de mes explications. Le chemin vers la confiance va être long mais je suis sûre que Chris en vaut la peine. Ce matin, j’entrevoie l’espoir.


Sur la route de Pine Lake, je demande à Chris de s’arrêter au début de South Lakeshore Dr pour que je puisse relever le courrier. J’ai comme une légère impression de déjà vu. Là encore, la boite déborde presque. Mais cette fois, je repère tout de suite la carte postale.


À nouveau, pas de cachet de la poste. Elle est dans un très bon état comme la précédente. La photo est une vue de Pine Lake avec son ponton. Je retourne la carte.


« Pine Lake vu depuis le Pine Lake Resort »


Écrite à l’encre, une suite de chiffre.


« 707-760-3650 »


Je touche le bras de Chris qui est concentré sur la route accidentée. En réponse à son interrogation silencieuse, je lui montre la carte postale.


- Quoi ? Encore une ?

- Oui. Ça devient lassant.

- Et c’est ridicule. Si quelqu’un à quelque chose à te dire, autant le faire en direct non ?

- Sauf si cette personne à quelque chose à y perdre. Il faut que j’aille voir Preston.

- Qui est Preston ?

- Harry Preston. Un ami de mon père. Il est privé à Grand Rapids. Je l’ai appelé samedi mais il m’a plus ou moins envoyé balader.

- Qu’est-ce qui te dit qu’il acceptera de t’aider cette fois ? demande-t-il alors que nous arrivons au Resort.

- C’est un vieux grincheux. Il aura pas le choix une fois que je serai sur place. Je peux t’emprunter le pick-up ?

- Tout ce que vous voulez Mlle Malone, répond-il en m’embrassant.


Des sifflements se font entendre à l’extérieur.


- Cette fois, ils vont me charrier toute la journée.

- T’es mignon quand tu rougis Chris. Aller, laisse moi ta place et va bosser.

- Bien patronne ! termine-t-il en s’esclaffant.


Le trajet dure presque une heure mais je ne vois pas le temps passer tellement je suis envahie par mes pensées. Je ne comprends vraiment pas ce qu’on cherche à me dire avec ces cartes postales mais le rapport avec le massacre de 74 semble évident. Le numéro sur cette carte ressemble à un numéro de sécurité sociale mais à qui peut-il bien appartenir ?


En arrivant à Grand Rapids, je reçois un appel du Dr Rosenberg. Je presse la touche verte sur l’écran de mon téléphone.


- Charlie ? Ici, le Dr Rosenberg.

- Bonjour Docteur.

- Charlie, je m’inquiétais un peu de ne pas avoir de vos nouvelles.

- Je suis désolée de ne pas avoir appelé dimanche. Mon installation dans le Michigan est un peu mouvementée.

- Vous souhaitez en parler ?

- Quelques petits soucis avec la population locale, rien de méchant.

- Très bien. Mais vous savez que je suis disponible. Avez-vous des soutiens sur place ?

- Oui. À vrai dire, j’ai même rencontré quelqu’un.

- C’est une bonne chose Charlie. N’oubliez pas de lâcher prise. Est-ce qu’il connaît votre passé ?

- Oui, dans les grandes lignes.

- N’hésitez pas si vous voulez une séance pour en parler. Par téléphone ou par Skype, appelez moi.

- Merci Dr Rosenberg. Je le ferai.

- À bientôt Charlie.

- Au revoir.


Suivant les indications du GPS de mon iPhone, j’arrive à l’adresse des bureaux de Harry trouvée sur Google. Il est un peu plus de 8h. C’est tôt mais je vois de la lumière à l’endroit où il est inscrit Preston Investigation sur la fenêtre. C’est au premier étage d’un petit immeuble en briques rouges.


Je monte et frappe à sa porte.


- On est pas ouvert, revenez dans une heure ! ronchonne-t-il de l’autre côté de la porte.

- Harry ! C’est Charlie Malone !


J’attends une minute. Je n’entends plus rien. Peut-être que ce vieux bougon a décidé de m’ignorer. Je m’apprête à frapper de nouveau quand il ouvre enfin la porte. Il reste silencieux un instant.


- Tu es têtue, gamine.

- C’est mon deuxième prénom.

- Tu ressembles à ta mère. Entre.


J’ignore pourquoi mais je jurerais que ses yeux se sont remplis de larmes.

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4 commentaires

Phoenix B. Asher

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Il y a 8 ans

Du coup, je te réponds seulement tu vas avoir ta réponse dans le chapitre suivant ;-)

LikeAMartian

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Il y a 8 ans

Rhoo, un vieux bougre attendri par les larmes, il va bien l'aider :)

Phoenix B. Asher

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Il y a 8 ans

Oui, elle le mérite notre Charlie ;-)

black_foxx

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Il y a 8 ans

Génial ! Un peu d'espoir pour Charlie , ça fait du bien :)
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