Phoenix B. Asher Pine Lake Resort Intrigante (Chris)

Intrigante (Chris)

Il est à peine plus de 10h30 quand je quitte le Pine Lake Resort. Dans le rétroviseur central, j’observe Charlie Malone en train de regarder mon pick-up s’éloigner. Elle a le regard perdu dans le vague. Elle se détourne ensuite en direction du lac. Je ne la quitte pas des yeux jusqu’à ce que la route prenne une courbe et la cache à ma vue.


Bon sang, cette Charlie est indéchiffrable. Son regard est impénétrable. Elle paraît jeune et semble pourtant avoir vécu 100 ans. Et son corps… Parfait. Putain, il faut que je me calme si je ne veux pas être bientôt à l’étroit dans mon jean.


J’allume la radio par satellite pour me distraire. Une chanson que je ne reconnais pas démarre. Je lis le nom sur l’écran. Haunted – Beyoncé. Hanté. Comme les yeux de Charlie. Voilà que je repense à elle. Bordel, cette chanson est bien trop sensuelle. Je coupe finalement le système audio.


Il faut que je me reprenne. Charlie Malone est une cliente. Le chantier du Pine Lake Resort est bien trop important pour Alexander Renovation & Remodeling. Je ne peux pas tout faire foirer. Vu ce qui s’est passé la dernière fois, je ne peux plus me permettre de baiser avec les clientes. Charlie a surement quelqu’un dans sa vie de toutes façons. Je lève les yeux au ciel mentalement. Comme si ça m’avait déjà arrêté. C’était bien le problème avec Mme Evans d’ailleurs. Son mari, mécontent que je me sois tapé sa femme.


Mais cette fille n’est vraiment pas comme les autres. Franchement, quelle gonzesse ne se serait pas enfuis en courant en découvrant les chambres à la mode Shining. Non seulement, elle n’a pas pris ses jambes à son cou mais en plus elle va dormir sur place. Même moi j’aurais la trouille et je ne suis pas facilement impressionnable.


J’angoisse presque pour elle. Non mais c’est quoi ce délire ? C’était quand la dernière fois que je me suis autant pris la tête pour une fille ? Jenny Clark, en dernière année à Muskegon High School ? Ouais ça date…


Il faut vraiment que je me recentre. J’ai des tas de coups de fils à passer pour le chantier Pine Lake. Ça va sûrement me prendre une bonne partie de l’après-midi. Il faut aussi que je regarde le planning des gars pour voir s’ils peuvent déjà aller faire du déblayage à l’hôtel. Et éventuellement dans les bungalows si je trouve un ou deux ouvriers pas trop chochottes.


J’arrive au bureau vers 11h. Je me gare juste à côté de la décapotable tape à l’œil de mon bras-droit. Douglas Jones, Doug pour les intimes, travaille pour moi depuis 4 ans. Presque le tout début de la création de mon entreprise. C’est le meilleur charpentier de la région. Et c’est lui qui réalise tout le boulot de couverture sur les chantiers. Accessoirement, Doug est mon meilleur pote. On se connaît depuis le secondaire et à l’époque on a fait les 400 coups.


Quand je rentre sur notre lieu de travail, la climatisation est poussée à fond. Il faut dire que le temps débloque complètement aujourd’hui. Dépasser les 30 degrés, un 8 juin à Heaven Harbor c’est du jamais vu.


Doug est au téléphone. Je lui fais un signe et j’allume mon portable en attendant qu’il finisse. J’ouvre le planning de mes employés au moment où il raccroche le combiné.



- Salut vieux, me salue-t-il en venant s’asseoir sur la chaise devant mon bureau.

- Ça va Doug ?

- Ouais pas mal. Je passais mon petit coup de fil post-fin de chantier aux Walker. Ils sont très satisfaits.

- Super. De la bonne pub, on n’en a jamais assez.

- Oui surtout pour rattraper toute la mauvaise faite par Evans…

- C’est bon. Je sais que j’ai déconné. Tu vas me la ressortir longtemps ?

- À vie frangin ! s’esclaffe-t-il. Et sinon le nouveau chantier ? Comment ça s’est passé avec la nouvelle cliente.

- Bien mais on a du boulot. C’est un énorme chantier, il faut qu’on soit à la hauteur. Je vais voir pour qu’on puisse commencer le déblayage demain à la première heure.

- Et la cliente ? Charlie Malone, c’est ça ? déchiffre-t-il sur le dossier posé devant moi.

- Oui c’est ça. Elle est sympa.

- Sympa ? Ce n’est pas un qualificatif que j’entends souvent de ta part à propos des femmes.

- Je n’ai pas grand chose à dire de plus, éludé-je en me concentrant sur l’ordinateur devant moi.

- Bordel, Chris ça sent les emmerde ce genre de réponse. Elle est bandante c’est ça ?



Je le regarde froidement sans répondre. Qu’est ce qu’il est chiant quand il s’y met.



- J’ai tapé dans le mille alors, poursuit-il.

- Elle est pas mal oui et alors ? Je sais me contrôler quand même.

- Tu déconnes là ? raille-t-il en secouant la tête. Chris, je sais que c’est toi le patron, mais si tu pouvais garder ta queue dans ton pantalon cette fois, ça serait apprécier par le petit personnel.

- C’est bon Doug, t’inquiète pas j’ai retenu la leçon avec Evans.

- Mouais…

- Bon lâche moi et tâchons de nous concentrer. On a pas mal de chose à revoir pour le chantier. Tu peux regarder le planning des gars s’il te plait. Il faudrait une équipe qui commence le déblayage demain. Je vais appeler des entreprises de nettoyage industriel, figure toi que tout a été laissé en l’état après le massacre de 74.

- Tu plaisantes ?!

- Je préfèrerais crois moi. Même 40 ans après ce n’est pas chouette à voir. Mets les gars que tu prendras dans l’équipe au courant, je ne veux pas les obliger à voir ça. Et il faudrait que tu passes aussi demain. Vérifie la solidité de l’escalier et de l’étage. Et si tu peux, jettes un œil au toit qu’on n’ait pas trop de mauvaises surprises à la prochaine pluie.

- Ok chef. Je me mets au boulot.



Le reste de la journée se passe calmement, interrompue que par les quelques coups de fils que nous passons chacun de notre côté. À 18h, nous avons réglé déjà une partie des détails. L’équipe de demain est prête. Doug et moi serons sur le chantier également à la première heure. J’ai aussi pu trouver une entreprise de nettoyage industriel qui s’est spécialisée dans les scènes de crime et de suicide. Ouais ça ne s’invente pas.


Je prends mon cellulaire pour appeler Charlie et la mettre au courant de nos avancées. Bon ok, c’est un prétexte. Je veux juste savoir si tout se passe bien au Resort. Je sors du bureau sinon je sens que Doug ne va pas me lâcher. Je tombe sur le répondeur. Je suis sur le point de rentrer quand je décide de lui envoyer un message.


« Salut Charlie. C’est Chris. J’espère que tout va bien pour vous à Pine Lake. Une équipe, le charpentier et moi viendrons à 7h demain au Resort. J’espère que ce n’est pas trop tôt pour vous. En attendant n’hésitez pas à m’appeler, si besoin. À demain. »


J’appuie sur envoyer avant même de pouvoir changer d’avis. Mais qu’est ce que je fous ? Doug a raison. Je déconne complet là. Cette fille m’a troublé. Je crois que ce sont ses yeux. Ce petit bout de bonne femme qui arrive de nul part pour faire revivre cette ruine m’a complètement retourné le cerveau. Je dois me faire violence pour ne pas sauter dans mon pick-up m’assurer qu’elle va bien. Je dois me la sortir de la tête. C’est l’avenir de ma boîte qui en dépend.

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4 commentaires

Phoenix B. Asher

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Il y a 8 ans

Oui je comprends :) En fait ça transparaît pas forcément dans le discours de Charlie mais plus dans son regard et son aplomb, son assurance.

Phoenix B. Asher

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Il y a 8 ans

Parce qu'elle est physiquement jeune mais que son vécu l'a fait acquérir une grande maturité. Je note que c'est pas très clair.

Kevin Maury

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Il y a 8 ans

C'est bien ce que j'avais compris alors :) Mais, je ne trouvais pas d'élément qui aurait pu faire penser à Chris qu'elle avait l'air si "mature" dans leur discussion. Après, c'est surtout que personnellement, cette expression est utilisée dans l'autre sens. Par exemple : Son passé l'avait tellement marqué qu'elle avait l'air d'avoir vécu quarante ans..., alors qu'elle en avait à peine vingt".

Kevin Maury

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Il y a 8 ans

Je ne m'attendais pas à ce qu'on alterne de PDV avec Chris ! Je n'ai pas trop compris le "Elle paraît jeune et semble pourtant avoir vécu plus de 100 ans". C'est un peu contradictoire, non ?
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