Caro Handon Permets-moi d'oublier Chapitre 6 - Numéro de séduction

Chapitre 6 - Numéro de séduction

Sascha - 27 janvier 2018


Ma main cherche l’interrupteur de ma lampe de chevet. Une lumière douce se diffuse et j’ouvre les yeux avec une lenteur matinale. Dans un geste machinal, j’attrape un élastique pour nouer mes longs cheveux.

En me levant, je me rends compte que je suis courbaturée par les efforts que je m’impose. Je ne vais pas pouvoir continuer longtemps à ce rythme ; si je pousse mon corps trop loin, il finira par me lâcher. Ma jambe droite m’a déjà envoyé des signaux alarmants que je ne peux négliger. Johan aussi m’incite à espacer mes footings. Ce qu’il ne comprend pas, c’est que courir m’est devenu vital. Je conçois que mon ami ait eu peur de me perdre, mais il exagère à me surprotéger comme il le fait. Après son petit sermon d’hier soir, je redoute d’ailleurs les prochaines semaines à ses côtés avec Maximilian dans les parages.

Je m’étire, profitant un maximum de cette chambre qui est celle que je préfère dans la maison. Elle est moins spacieuse que les autres, mais j’aime ses couleurs. Un grand triangle blanc est peint dans un coin, s’étendant sur deux murs, tandis que le reste affiche une teinte bleu nuit. Certains penseraient que c’est foncé et lugubre, mais je m’y sens à l’aise. J’ai la sensation d’être dans une bulle, un refuge, loin des tracas auxquels je fais face ces derniers temps.


Soudain, un bruit de mixeur se fait entendre et me décide à m’extirper de mon cocon douillet. C’est sans doute Johan, qui est du genre assez matinal depuis qu’il s’est lancé dans la création de sa marque de lingerie. Je croise les doigts pour qu’il ne s’agisse pas de Maximilian, mon envie de le voir étant proche du néant. Sa réputation n’est pas due au hasard, il est attirant. Entre sa taille et sa belle gueule, il est clair que son physique joue en sa faveur. Façonné comme un sportif, il est évident qu’il prend soin de lui, sans pour autant ressembler à un de ces mecs serrés dans leur tee-shirt à cause d’une prise excessive de protéines chimiques. Mais aucun homme ne peut être fait pour moi désormais…


Arrivée au rez-de-chaussée, je suis surprise que Teddy ne vienne pas me faire la fête. Je marque une pause en découvrant que celui que j’aurais préféré éviter se tient dans la cuisine. Maximilian m’offre l’un de ces sourires qui vous donnent envie d’arborer la même expression… Je reste bouche bée face au spectacle que j’ai sous les yeux : il est vêtu d’un simple caleçon et ne semble pas gêné de se montrer ainsi, la main posée sur le blender dans lequel il prépare une sorte de smoothie. Je n’ose plus bouger et sens une certaine chaleur me monter au visage. Bon sang ! Sascha, reprends-toi !

Même au saut du lit, son charme est indéniable. Des boucles dans ses cheveux châtains en passant par son regard brun et sa bouche sensuelle, tout m’attire. Mes hormones doivent dérailler, parce que depuis Alec…

Je chasse en vitesse ces sombres idées de mon esprit. Son charme est une raison de plus pour fuir cet homme qui se tient devant moi. Ni mon corps ni mon cœur n’apprécieraient le voyage. Il est hors de question que je me laisse aller à ce genre de relation sans lendemain ni à une histoire tout court.


— Sascha, ferme ta bouche. Je sais que je fais souvent cet effet la première fois, mais tu n’es pas discrète…

Je cligne des yeux et reprends un semblant de contenance face à son arrogance. Max est beau, mais il est l’un de ces putains de tombeurs, un cliché à lui tout seul, typique du mec qui a conscience de ses atouts physiques et qui en joue.

Je passe à côté de lui, nonchalante, remettant en place le masque que j’arbore depuis des mois.

— Ne prends pas tes rêves pour la réalité, Maximilian. Et dis-moi plutôt si tu sais où est Teddy.

— Il est sur la terrasse. Il m’a fait la fête ce matin et je l’ai laissé sortir. Je ne connais pas la dose de croquettes que tu lui donnes, alors j’ai préféré m’abstenir.

Je jette un œil dehors et remarque mon fidèle compagnon qui observe les alentours. Je suis étonnée, en temps normal, il ne sympathise pas avec les hommes, qu’il s’évertue à éviter. Pourtant, hier soir, son comportement envers Max a été tout autre et je ne saurais expliquer pourquoi. Alors que ce constat me perturbe, mon « invité » reprend la parole :

— Sinon, bien tentée, la technique de diversion, mais cela ne prend pas avec moi. Pas besoin de me mentir, tes joues ont parlé pour toi.

— Et dire que beaucoup de filles te tombent dans les bras… C’est affligeant !

Je l’entends arrêter le blender pendant que je prépare la nourriture de Teddy. Son regard se dirige vers moi et, quand je l’imite, je remarque qu’il paraît blessé par mon affront.

— Hier soir, j’étais fatigué et je n’ai pas cherché la raison de ton amertume, mais si je dois rester quelque temps ici, j’aimerais savoir à quoi m’en tenir. Qu’as-tu à me reprocher ?

— Je sais qui tu es, Max. Ton petit numéro de séduction ne fonctionnera pas avec moi. Alors garde tes distances et tout se passera bien.

— Et pour quelles raisons veux-tu que je me tienne loin de toi ? Parce que tu es avec Johan, mais que tu sens que tu pourrais craquer pour moi ?

— Johan ? Tu es dingue, il est comme mon frère !

Un sourire s’étire sur les lèvres de Max et je comprends trop tard que je viens de me faire avoir. Il cherchait à savoir si Johan et moi étions en couple et, désormais, il a la certitude que ce n’est pas le cas.

— Sache que tu n’as rien à craindre de moi. Pour ta gouverne, ce sont les femmes qui viennent à moi et pas l’inverse. Je ne suis que l’instrument de leur désir. Alors il ne se passera rien entre nous. Sauf si tu décides du contraire… ajoute-t-il, bien trop sérieux.

Ce mec est exaspérant ! Et drôle aussi. Je ne peux réprimer mon sourire.

— Tu m’en diras tant…

— Tu ne me crois pas ?

— Tu te trouves crédible ? Tu as conscience de l’image que tu renvoies et tu en abuses. Tu t’arranges pour attirer les femmes et ensuite tu annonces à qui souhaite l’entendre que ce sont elles qui viennent à toi. Regarde-toi, presque à poil dans ma cuisine alors qu’on ne se connaît pas…

— Et tu penses que c’est une technique de ma part pour te faire craquer ? Je n’y avais pas pensé mais c’est une bonne idée ! Voyons l’effet que ça te fait…

Il s’approche et je retiens mon souffle en tentant de me concentrer pour lui résister. Lorsqu’il est près de moi, bien trop près de moi, j’entreprends de le maintenir à distance en posant mes paumes sur son torse. Je ne veux pas qu’il me touche, mais je n’arrive pas à le lui exprimer à voix haute. Il me saisit les coudes et m’attire vers lui avec une délicatesse rassurante. Mon regard est rivé au sien, nos corps sont presque collés l’un contre l’autre et je ne suis pas capable de réagir, trop hypnotisée par son charme magnétique, mais aussi tétanisée à l’idée que cette situation dérape. Les battements de mon cœur s’intensifient à mesure que la chaleur d’un désir inattendu monte en moi et je déglutis avec difficulté lorsque je sens son sexe gonflé contre mon aine.


— Qu’est-ce que vous faites ?

Je sursaute en entendant Johan qui arrive depuis l’escalier. Son apparition me permet de reprendre mes esprits et je me dégage vite de l’emprise de Max.

Ce que je lis dans le regard de mon ami ne me dit rien qui vaille. Je sais qu’il ne serait pas jaloux de Max, nos rapports amicaux sont clairs, mais sa façon de nous observer me fait appréhender une dispute. Je dois trouver quelque chose de crédible à lui débiter si je veux être tranquille.

— J’allais tomber, Max m’a rattrapée. Je ne suis pas très réveillée encore.

Le stress m’envahit, j’ai prononcé ces paroles de manière trop mécanique pour qu’elles sonnent juste. Je croise les doigts, plante mon regard dans celui de Max et espère qu’il comprenne le message et aille dans mon sens. Le dos tourné à Johan, il fronce les sourcils sans que mon ami puisse voir cette expression.

— Quant à moi, je m’assurais que Sascha allait bien.

Mes épaules se relâchent et j’ai l’intime conviction désormais qu’il ne dira rien à Johan de ce qu’il vient de se passer, même si, en soi, rien ne s’est vraiment produit. Le beau gosse enchaîne en pivotant sa tête vers notre ami commun.

— Bon, je vous laisse. Je vous ai préparé un petit déjeuner. Perso, je vais me changer pour aller courir.


Avant que Max s’en aille, il frôle ma hanche de ses doigts. Je réprime le frisson qui parcourt ma peau, trop heureuse qu’il n’ait rien dit.

Max sort de la cuisine pour monter les escaliers deux à deux et mon regard s’attarde quelques secondes sur ses fesses bombées.


— Qu’est-ce que tu fous, Sascha ? m’engueule Johan à voix basse, de façon que Max ne nous entende pas.

— Mais je n’ai rien fait ! me défends-je immédiatement.

— Ah oui ? Et tu vas me dire que son anaconda s’est dressé tout seul dans son slip sans que tu joues la charmeuse de serpent ?

Quoi ? J’hésite entre me mettre en colère et exploser de rire. Son anaconda ! Il n’est pas sérieux, quand même ? Mais à l’expression sur son visage, je comprends qu’il est loin de me taquiner. Mon ami n’est pas censé réagir de cette manière. Quand bien même il cherche à assumer un rôle de protecteur, il doit comprendre une bonne fois pour toutes que, quoi qu’il arrive, cette partie-là de ma vie ne le concerne pas.

— Johan, tu me prends pour qui ?

— Regarde-toi deux minutes et réfléchis ! Tu te balades en short et top décolleté devant un mec que tu ne connais même pas !

La tournure que prend la conversation me chamboule. Je n’avais jamais vu mon ami aussi énervé contre moi, mais surtout, ses propos me blessent. Comment peut-il insinuer des choses pareilles à mon sujet ?

Je laisse ma colère s’exprimer. Hors de question que j’autorise à nouveau un homme à prendre le dessus sur moi !

— Alors quoi ? Mon corps lui plaît donc je suis une salope ?

— Je n’ai pas dit ça…

— Je suis encore chez moi, Johan, donc je m’habille comme je veux.

— Sascha, je te rappelle que cette maison t’appartient parce que son réel propriétaire est mort…

Je suis effarée que Johan me balance à la figure les raisons qui font que cette maison est mienne. Mon cœur se serre et je crois qu’il est nécessaire que cette discussion s’arrête.

— Est-ce que tu tiens à ce qu’on reparle de ça ?

— Sascha, écoute, je suis désolé… Mais demande-toi ce qu’Alec penserait de tout ça.

— Ferme-la, Johan !

Mon état de nerfs est tel que j’ai parlé plus fort que je ne l’aurais voulu, mais peu importe. Johan ne veut pas comprendre, alors, au lieu de laisser cette situation s’envenimer, je fuis. Je passe à côté de lui en repoussant sa tentative de m’attraper et je remonte les escaliers à toute allure sans même prendre le temps de calculer Max qui arrive en sens inverse en tenue de sport. L’unique chose que je veux, c’est m’enfermer dans mon antre.

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23 commentaires

Lili CL MARGUERITE

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Il y a 7 ans

les cicatrices de ses mains semblent minimes par rapport à celles de son coeur.... je sens qu'elle traîne des casseroles derrières ses fesses .... hâte de découvrir la suite

Valencia Herry

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Il y a 7 ans

Elle nous cache des choses cette Sascha...

Sue_Auteure

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Il y a 7 ans

J’aime ! Le titre en allemand me rebutait, mais j’avoue que l’histoire est prenante. Faut que Sacha se détende quand même hein ! :))

LAETITIA SHAYDEN

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Il y a 7 ans

Chapitre plus court que les précédent :) Sasha l’ intriguante femme... Hâte d'en savoir plus sur elle et sur ses cicatrices sur les poignets. Une tentative de suicide ou de la scarification... Oui je vais toujours trop loin dans mes hypothèse je sais. En tout cas je commence à bien entrer dans l'histoire où le rythme se fait plus vifs au fur et à mesure des chapitres. ;). Rien à dire sur ton écriture tu maîtrises la langue. Rien que ne me pique au yeux. :) Je poursuis

John Ross

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Il y a 7 ans

Classique : la demoiselle a l'air un peu sauvage, inaccessible, insensible à son charme, donc le gars commence à se faire des films et à fantasmer grave. Ca tient la route Caro et c'est très agréablement couché (les mots hein, pas les héros, mais ça ne saurait tarder avec toi...) sur le papier. bises

Claire Guilvaillant

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Il y a 7 ans

Ca mate en douce ^^ Ah bah bravo x') Bon, pas grand chose de constructif à ajouter, désolée :/

Mymy M. *Sakuramymy*

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Il y a 7 ans

Ah cette fille cache donc quelque chose hate de le.decouvrir est ce que ça explique le fait qu elle soit aussi distante ? Hâte de savoir :)

Aliena

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Il y a 7 ans

Et bien ce Max est un Mateur de première! jamais les yeux dans sa poche lol ^_-

Goetz

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Il y a 7 ans

Tout à fait!

Scred.Story

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Il y a 7 ans

Pour une fois qu’une fille ne le voit pas comme un Dieu vivant
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