La_petite_plume PERE NOEL CHAUD BOUILLANT Chapitre 4 : Encore lui..

Chapitre 4 : Encore lui..

Je suis dans le rayon produits laitiers, étrangement vide. C’est quoi cette rupture de stock ? On est en guerre ? Maman m’a envoyé une liste de courses sur mon téléphone, et j’en ai profité pour prendre quelques trucs en plus. J’attrape la crème fraîche, puis me dirige vers le lait. Et là… vide. Les palettes, les rayons : rien. Nada.


Je repère un homme mince, lunettes rondes, en train de mettre dans son caddie… le dernier pack de lait. Non mais je rêve. Il en a déjà quatre !


— Excusez-moi ?


Il se retourne, surpris qu’on l’interpelle.


— Je peux avoir ce pack ? Il n’y en a plus, et… vous en avez déjà pris pas mal.


— Oh ! Désolé, bien sûr. J’en prends beaucoup parce que je travaille dans un café-boulangerie, et notre fournisseur est bloqué à cause d’une tempête de neige…


Une tempête de neige… en France ? Et puis quoi encore ? Il aurait dû choisir un producteur local, hein. Il neige pas un flocon aujourd’hui. Mais bon, je ne vais pas commencer à faire des remarques à voix haute pour si peu. Je me contente d’un sourire poli et hoche la tête.


— Merci, c’est gentil. Je promets de ne rien commander à base de lait si je passe par votre café, juré.


Il sourit sincèrement. Il a des fossettes mignonnes qui pourraient me faire fondre… s’il n’y avait pas déjà un type à moitié nu qui avait dormi chez moi la nuit dernière. Il dépose le pack de lait dans mon caddie comme un gentleman.


Il jette un œil à mon caddie.


— Et je vois que vous avez dévalisé le rayon biscuits.


— Un Père Noël a tapé dans mes biscuits préférés ce matin. Je ne me ferai pas avoir deux fois.


Il rit comme si j’avais sorti une blague. Pourtant, c’est juste la stricte vérité.


— Enchanté, je m’appelle Franck, dit-il en me tendant la main. J’en profite pour faire un peu de promo : j’ai ouvert une boulangerie-café vers le centre du village. Ça s’appelle F’coffy.


— Votre initiale devant le mot coffee, c’est pas du tout prétentieux, je réponds en m’appuyant sur mon caddie.


— F pour familial, précise-t-il, un peu vexé. On a une ambiance chaleureuse, et c’est attractif pour les enfants. Une safe place. On vient juste d’ouvrir, le mois dernier.


Ma batterie sociale commençait à se vider, mais je dois admettre qu’il est plutôt charmant, et qu’il est moins pénible à écouter que ce que j’aurais cru.


— Bien. Je passerai, Franck. Merci pour le lait, et bonne journée.


Je me retourne pour partir vers les caisses.


— Et votre prénom ? appelle-t-il.


— Elena, je réponds, sans me retourner.


Après avoir mené à bien ma mission je retourne dans la ruelle où j’avais laissé Niklas. La rue est déserte. Parfait. Il a dû trouver ses clés où aller faire le SDF chez quelqu’un d’autre.


Je rentre à la maison et pose les courses. Papa, qui descend les escaliers avec sa casquette des grands jours, m’interpelle :


— On va tous à la salle des fêtes filer un coup de main, tu viens ?


Je fais un thermos de chocolat chaud pour Julia — apparemment, elle est déjà sur place, bien installée dans son rôle de lutin responsable — et je m’apprête à repartir.


Mais au moment de passer la porte… je le vois.


Niklas. Adossé au mur de la maison, jambes croisées, l’air parfaitement à l’aise. Il a une cloche de Noël entre les doigts et la fait tinter nonchalamment.


Il me lance un sourire en coin, comme s’il m’attendait depuis toujours.


Mais jamais je ne me débarrasserais de lui !!


— Alors, t’as trouvé du lait ? Ou t’as dû traire une vache au passage ?


Je le fixe avec l’envie de lui lancer le thermos à la tête… Et lui, toujours adossé à la façade comme si c’était lui qui m’avait abandonnée dans une ruelle et pas l’inverse. Mon père arrive vers lui et lui tend ces affaires qu'ils avaient dût laisser à la maison, dont sa fausse barbes, sa perruque et son bonnet rouge.


Le Père Noël me désigne le thermos.


— C’est pour moi ? C'est un signe de paix ?


— C’est pour Julia !


❄️❄️❄️


On arrive à la salle des fêtes. C’est l’effervescence : guirlandes qui pendent, boules à accrocher, enfants qui courent avec des chapeaux d’elfe trop grands. Et Julia, au centre, telle une généralissime du sapinage.


— ELENA ! s’écrie-t-elle, les bras ouverts comme si j’étais revenue d’une guerre.


Je tends le thermos avec la solennité d’une infirmière de Noël. Elle le prend comme si je venais de lui offrir une licorne trempée dans le chocolat.


— T’es un ange. Et… oh. Tu l’as ramené.


Elle désigne Niklas, qui est déjà en train de parler avec des enfants, il avait enfilé son déguisement. Ce qui est marrant c'est que quand je lui ai parlé de son déguisement dans la voiture, il m'a juré être le vrai père noël et que ce n'était pas qu'un "déguisement".


— Il m’a suivi. Comme un chat errant avec des tablettes de chocolat.


— Tu veux dire… comme une plaquette de chocolat errante, non ? dit Julia, rêveuse.


Je lève les yeux au ciel.


— Oh non. Pas toi aussi. Je croyais que t'aimais les femmes en plus.


Et là, Franck entre dans la salle, les bras chargés de petites boîtes en carton. Mais quel univers !


— Bonjour ! J’ai apporté des biscuits et des pains d’épices, pour la vente du goûter de Noël.


Julia s’élance vers lui avec énergie. Il la salue, puis m’aperçoit.


— Elena ! Vous êtes venue. J’ai hésité à vous glisser un biscuit en forme de cœur pour me faire pardonner de ce matin avec le lait… mais je me suis dit que ce serait trop.


Je rigole doucement sans lui demander comment il savait que je serais ici. Niklas lève la tête et laisse les enfants pour s'approcher.


— On donne des biscuits en forme de cœur maintenant ? Je croyais que c’était un marché de Noël, pas un speed-dating.


Franck sourit, aimable.


— Parfois, les deux se croisent. Et puis, certains ont volé les biscuits d’Elena ce matin, il fallait bien compenser.


— Ah, vous vous connaissez ? demande Julia, ravie comme si elle assistait à un épisode de L’amour est dans le four.


— On s’est croisés au supermarché, dis-je.


J'attrape un biscuit au passage et manque de m'étouffer quand Niklas réplique;


— Et moi je suis celui qui a dormi dans son salon cette nuit.


Franck cligne des yeux.


— Oh… vous êtes ensemble ?


Je m’étrangle avec ma propre salive.


— NON. Non, non, non. Déjà, il dormait dans la chambre d'ami de chez mes parents et pas dans mon salon. C'est parce qu’il a eu un accident. Et c’est une longue histoire.


— Une belle histoire de Noël, résume Niklas. Avec des tensions, des cookies, et peut-être… une fin heureuse ?


Julia glousse. Franck lève un sourcil.


— Eh bien, j’espère qu’elle se termine avec un bon café chaud. Chez nous, les clients ne repartent jamais les mains vides.


Niklas réplique aussitôt :


— Et chez moi, on repart rarement habillé.


Oh putain.


Julia lâche un petit “Oooooook” gêné, et moi, je décide qu’il est temps de m’éloigner avant qu’ils ne sortent les gants de boxe en pain d’épices.

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4 commentaires

Alsid Kaluende

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Il y a 7 jours

Bonne chance pour le concours! Venez lire mon thriller 🙂

loup pourpre

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Il y a 10 jours

Le dérèglement climatique. Il y a même des tempêtes de neige en plein hiver. Alors que c'est la France quand même. 😂 Et Niklas... Si c'est ça, le père Noël, je suis tout ému. 🤭
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