Fyctia
19 - Nuit blanche de baisers
—Je suis désolé, dit-il en s’écartant tout d’un coup.
Hébétée, je ne peux pas m’empêcher de sourire. De toute façon, Luc m’a toujours fait cet effet-là, de sourire pour un rien, tout le temps, mais là, je souris vraiment pour quelque chose. Je souris parce qu’il vient de m’embrasser, et que son baiser, délicieux, c’est un peu comme les popcorns finalement ; on ne peut pas se contenter d’un seul, on a envie de re-piocher dans le saladier.
—T’es désolé de quoi ?
—De m’être jeté sur toi, un peu comme les zombies de Busan.
Je ris. Le goût de sa bouche sur mes lèvres a déjà disparu. Insatiable, je me jette à mon tour sur les siennes, de lèvres, lui rendant avec ardeur son baiser, plus longtemps encore, avec la langue cette fois. Et puis, parce qu’il faut bien que l’on respire, et aussi parce que j’ai un peu soif il faut l’avouer, nos langues finissent gentiment par se décoller.
—Les zombies, ça mord ! blagué-je.
—Tu veux que je te morde ?
Il arque un sourcil interrogateur, l’air sérieux. Je n’arrive pas à savoir s’il blague ou pas. Luc pratique couramment le second degrés et parfois je me fais avoir. Du coup, je rougis. Je ne sais pas quoi répondre, préférant changer de sujet.
—J’ai soif, t’as pas soif, toi ?
—Si. Attends, je nous sers.
—Merci.
Je prends tout mon temps, bois doucement, chaque gorgée au ralenti, car je sais qu’une fois mon verre vide reposée sur la table basse, on va être gênés, se regarder bizarrement et dire de la merde. Surtout moi. Heureusement, c’est Luc qui termine son verre en premier et prend les devants :
—Bon ! Après on regarde quoi maintenant pour notre nuit d’Halloween ? Films de vampires ? Sorcellerie ? Fantômes ?
—Sos Fantômes ?
Il se marre direct.
—T’es sérieuse ? Non mais le but le soir d’Halloween, je te rappelle, c’est d’avoir peur, hein !
—Le fantôme en marshmallow géant à la fin est assez flippant, je trouve. (Silence) Bon, okay, sinon on peut…
Je n’ai pas le temps de finir ma phrase que Luc m’embrasse encore. C’est doux, et paradoxalement pressant, intense. Lui aussi semble insatiable, comme s’il rattrapait un peu le temps perdu, notre mois d’amitié faussement platonique, durant lequel j’ai pensé tant de fois à lui sauter dessus sans jamais avoir eu le courage de le faire.
Alors, cette nuit-là, la télé est restée éteinte. On n’a pas regardé de second film finalement. On n’a pas mangé d’autres popcorns ni bu d’autre soda non plus. On a rien fait d’autre que s’embrasser jusqu’au petit matin où on a quand même fini par s’endormir dans les bras l’un de l’autre, sur son canapé, pendant que le soleil, lui, était déjà en train de se lever, annonçant une journée que j’appréhendais et que j’allais forcément détester.
Le premier novembre.
La fête des morts.
La fête de papa.
3 commentaires
Zatiak
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Il y a un mois
Vanille Lemoro
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Il y a un mois
Vana Aim
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Il y a un mois