Fyctia
Chapitre 11.3 Dalton
– Jodie, calme toi… tente Moïra d’une voix douce et posée. Personne ne va te faire de mal.
– Vraiment ? Faut-il que je te croie, cousine bien aimée ? Je me trouve prise au piège entre une menteuse qui a très certainement croisé la route de chacun de mes frères avant qu’ils ne disparaissent, et un homme qui passe sa vie à tuer ses semblables. Peut-être même que les mains qui viennent de se poser sur moi sont celles qui leur ont oté la vie, que sais-je ?
– Ne dis pas de bêtises… Dalton n’a pas tué tes frères…
– Je ne te crois plus, Moïra…
Sa voix vacille brusquement, étouffée par des sanglots percutants de sincérité.
– Jodie, interviens-je alors, si j’avais tué vos frères, je vous aurais éliminée aussi. Vous ne seriez pas ici.
L’attention happée par ma voix, elle tourne dans ma direction un regard apeuré, telle une biche terrorisée prise dans les phares d’une voiture. Sa fragilité me percute. Les larmes qui dévalent ses joues déclenchent une culpabilité lancinante jusqu’au fond de mon âme. Je ne savais même pas que j’en possédais encore une.
– Je vous ai fait confiance… crache-t-elle avec encore plus de douleur. Je suis montée sur votre maudite moto…
– Et vous avez eu raison.
Putain, je ne sais ni comment la rassurer, ni pourquoi j’en éprouve autant le besoin.
– On doit l’emmener à Baltimore.
Cette suggestion de Moïra résonne dans mes tempes comme une alarme stridente.
– Hors de question, réfuté-je sèchement.
– Dalton, on n’a plus le choix, là.
M’attardant un instant sur le regard désorienté de Jodie qui vacille entre nous deux, je finis par plonger dans celui de Moïra.
– Il ne doit pas savoir qu’elle est ici, contesté-je avec véhémence. On va tout foutre en l’air. Tu dois la renvoyer chez elle. Je ne comprends même pas pourquoi tu ne l’as pas fait dès le départ.
– On n’a plus le choix que de changer nos plans. Il faut qu’elle sache, Dalton. Elle n’abandonnera jamais.
– Mais de quoi parlez-vous…
De nouveau, la voix chevrotante de Jodie bousille ma résistance. Je flanche. Sans le comprendre, sans le contrôler, la seule force de son regard perdu dans le mien vient saisir mon âme. À la fois résigné et irrité par la faiblesse que je me découvre subitement, j’adresse à Moïra une œillade interrogatrice.
– Tu as de l’essence ?
– Toujours.
D’un soupir capitulateur, je réceptionne d’une main les clés qu’elle m’envoie, mais les lui rend aussitôt.
– Non, tu conduis. Personne ne doit me voir dans ta voiture.
– Vrai. J’attrape une couverture.
Elle disparaît à l’étage, me laissant face au poids des suspicions de Jodie qui me scrute avec insistance.
– Je n’irai nulle part avec vous, déclare-t-elle courageusement.
– Ne vous trompez pas de combat. Nous sommes de votre côté.
– J’ai refusé de vous juger pour vos actes, monsieur Pyke. Je ne sais pourquoi, quelque chose m’a poussé à croire que vous restiez au fond un homme bon puisque vous sembliez vouloir m’aider. J’aurais dû comprendre que vous cherchiez seulement à me piéger.
Ses mots me giflent, autant lorsque je comprends à quel point cette inconnue a cherché à percevoir un faisceau de lumière dans ma noirceur, que lorsque je réalise qu’elle n’éprouve plus pour moi que crainte et mépris. Seul mon silence lui répond, je n’ai plus d’argument à lui opposer.
– Je ne resterai pas une minute de plus dans cette maison et je vous interdis de m’approcher, vous comme Moïra. J’ai cru qu’elle avait quitté notre communauté pour vivre son rêve d’exercer la médecine, j’étais tellement loin de la vérité…
Tourmenté par la déception et la tristesse qu’elle laisse entrevoir, je n’ai pas vu que Jodie avait prudemment reculé jusqu’à la porte. D’un seul coup, elle en actionne la poignée et se jette au dehors.
– Jodie !
Le cri de Moïra retentit dans l’escalier tandis que je m’élance à sa poursuite. En deux enjambées, je l’ai déjà saisie par la taille et la plaque contre moi en barrant une nouvelle fois sa bouche de mes doigts. Elle se débat furieusement, m’obligeant à remonter contre sa poitrine puis à échanger mes mains pour entourer fermement son bas ventre d’un bras et maintenir ses épaules de l’autre tout en la bâillonnant à nouveau.
– Lâchez-moi ! rugit-elle durant le court instant où ses lèvres se trouvent libérées.
Collé à son corps en furie, heurté par son courage et sa sincérité, je la ramène à l’intérieur et la garde quelques secondes ainsi contre moi.
– Jodie, je dois vous protéger, même si pour ça il faut que vous me détestiez. Nous allons vous emmener jusqu’à Baltimore, et là-bas, vous avez ma parole…
Que vaut donc ta parole, Dalton Pyke ?
– Vous avez ma parole que toutes les réponses à vos questions vous seront données.
– Jodie… ajoute Moïra en venant poser une main sur sa joue, je sais à quel point tu peux douter de moi désormais, et je le comprends. Mais, au nom de tout ce que nous avons en commun, je t’en conjure… Fais-moi confiance une dernière fois.
Si son corps méfiant s’est contracté sous le contact imposé par sa cousine, je peux sentir que Jodie intègre ces quelques mots jusqu’au plus profond d’elle-même. Sentant ses muscles abandonner un à un le combat, je desserre lentement mes bras et la laisse s’extirper de mon emprise. Envahie par de nouveau sanglots, Jodie ne quitte pas sa cousine des yeux.
– Si tu savais à quel point je t’en veux de m’obliger à ressentir autant de colère… gémit-elle comme pour conditionner l’accord qu’on lui arrache.
Acceptant la culpabilité qui lui est ainsi dédiée, Moïra ouvre la porte qui mène au garage en baissant la tête. Jodie avance sans même que nous n’ayons besoin de l’inciter à nouveau.
Elle vient de baisser les armes, pourtant aucun de nous deux ne nous en sentons victorieux.
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Et voilà, nous y sommes ! C'est la fin des chapitres disponibles pour cette histoire...
Je suppose que si tu es arrivé(e) jusqu'ici, tu comprends que Jodie s'apprête à vivre un sacré retournement et que je ne peux le livrer ici, comme ça...
Je profite de ce dernier chapitre pour remercier toutes les adorables personnes qui sont passées sur cette histoire, qui l'ont lue, appréciée et soutenue. Vos encouragement me sont toujours extrêmement précieux.
Je souhaite bien évidemment bonne chance à tou(te)s les autres participant(e)s au concours, quoi qu'il se passe, ne cessez jamais de croire en vous.
Pour les lecteurs/lectrices qui auront aimé cette histoire et souhaitent la retrouver plus tard, sachez que Pennsylvania sortira, qu'il gagne le concours ou non.
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Prends soin de toi et des tiens.
A très vite, Léana.
22 commentaires
patricia Bellucci
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Il y a 10 mois
Léana Soal
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Il y a 10 mois
JULIA S. GRANT
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Il y a 10 mois
Léana Soal
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Il y a 10 mois
lesétoiles
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Il y a 10 mois
Léana Soal
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Il y a 10 mois
Sarah🤓
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Il y a 10 mois
Léana Soal
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Il y a 10 mois
valerieF
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Il y a 10 mois
Léana Soal
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Il y a 10 mois