Léana Soal Pennsylvania Chapitre 5.2 - Dalton

Chapitre 5.2 - Dalton

IMPORTANT : Attention, ce chapitre est la suite du précédent, il contient donc également du contenu violent.



Absorbé par la noirceur de mes souvenirs, je laisse l’eau chaude couler sur mon visage comme si elle pouvait en extraire ceux que je voudrais ne plus jamais voir apparaître. Cet endroit est probablement le seul au sein duquel je laisse mon esprit se décharger, s’évader, se questionner. Un court laps de temps durant lequel je me demande souvent qui j’aurais pu devenir si Preston ne m’avait pas trouvé ce soir-là. Quel genre d’homme serais-je aujourd’hui si mes parents n’avaient pas été assassinés froidement ? Une vie différente aurait-elle pu faire de moi quelqu’un de meilleur ? J’ai beau me poser cette question chaque jour, je n’en trouve jamais la réponse.

Seule la réalité compte. Je ne suis qu’un fantôme sans passé ni avenir, un type qui ne vit pour personne, et qui ne voit que les cibles qu’il élimine pour le compte des Familles mafieuses les plus influentes de Philadelphie.

Propre et sec, une tasse de café noir à la main, je contemple comme chaque matin le lever du jour devant ma baie vitrée. Je connais les risques encourus à m’exposer ainsi, mais je n’en ai rien à foutre. On ne craint pas de mourir, quand on ne compte pour personne et que personne ne compte pour soi. Je n’ai rien à perdre en prenant une balle en pleine tête, rien à gagner à rester en vie.

Cette pensée me ramène illico au fiasco d’hier soir. Si je n’ai aucun mal à exécuter mes cibles, les victimes collatérales me rendent malade. Putain, cette baraque devait être vide, bordel ! L’abruti qu’on m’a ordonné d’éliminer était envoyé sur le cambriolage d’une villa en périphérie de Glassboro. C’était un piège, c’était facile et ça aurait dû me prendre dix secondes. Entrer, le buter puis ressortir. Bien évidemment si ce connard avait bien préparé son coup, les choses se seraient déroulées comme sur le papier.

Au lieu de ça, j’ai eu la surprise de le trouver complètement paniqué devant un couple de personnes âgées qu’il avait ligotées sur les chaises de leur cuisine. Jamais le doute ne s’empare de moi. Mais à cet instant, j’ai su que la mission allait se transformer en un bordel sans nom. Si je butais ma cible en premier, j’aurais été obligé de tuer moi-même ces pauvres vieux. Parce que c’est la règle qui conditionne ma propre sécurité. J’accepte de prendre le risque de mourir sous le feu ou la lame d’un gang, mais jamais je ne me frotterai à celui d’être attrapé par les flics. Je n’ai pas eu le temps de réfléchir à l’option suivante. Terrorisé par ma présence dont il a parfaitement saisi l’objectif, le type a abattu lui-même le couple d’innocents.

Parfaitement débile.

Il aurait dû commencer par moi s’il espérait rester en vie. Les quelques secondes qu’il lui a fallu pour loger une balle dans le corps de chacune de ses victimes l’ont empêché d’être suffisamment rapide pour s’occuper de moi. Une prise subtile pour le désarmer, son propre canon enfourné jusqu’au fond de sa gorge suppliante, puis sa cervelle s’est répandue sur les murs sans la moindre émotion de ma part.

Les gens normaux me qualifient d’insensible, et c’est probablement vrai. Mais pas lorsqu’il y a plus de morts que prévu, et encore moins lorsqu’ils n’ont rien à voir avec l’objectif qui m’est confié. Hier soir, il ne devait y avoir qu’un seul corps, pas trois. Et même si mon doigt n’a appuyé qu’une fois sur la gâchette, je ne peux m’empêcher de me sentir responsable. J’aurais dû vérifier avant d’entrer dans cette foutue baraque.

Les yeux rivés sur les branches des peupliers qui dansent sous la force du vent, je bois mon café en me martelant cette culpabilité lancinante. Les victimes collatérales, c’est mon fléau depuis toujours. Ce genre de connerie a fauché la vie de mes parents et je m’interdis de pulvériser l’existence d’innocents comme eux. Prendre la vie d’ordures qui trempent dans la drogue, le trafic d’armes ou les différents marchés humains, je m’en cogne. Mais j’attache une véritable importance à ne jamais déborder sur de pauvres inoffensifs. Quelle que soit ma cible, je m’arrange toujours pour la cueillir sans témoin pour ne pas devoir les éliminer. Ça me prend parfois beaucoup plus de temps que si je n’en avais rien à foutre, mais mes commanditaires le savent, c’est ça ou rien.

Le goût prononcé de l’échec ternit rapidement celui de mon café. De nouvelles missions m’attendent et je dois me ressaisir. Il n’y a aucune place dans ma vie pour de quelconques sentiments. Rien ni personne ne saurait me détourner de ce destin qui restera le mien. Je suis Dalton Pyke, exécuteur pour les plus grandes Familles mafieuses de Philadelphie.

Claquant ma tasse sur le comptoir de la cuisine, j’enfile le cuir qui m’attend près de l’entrée puis quitte mon loft sans un regard en arrière.

Une nouvelle journée commence, et je suis prêt.


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Note de l'auteur :

Alors, cette rencontre avec Dalton ?

J'espère que l'histoire te plaît toujours et que tu es prêt(e) à continuer avec nous...

La suite arrive très vite !

A bientôt je l'espère, Léana.

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11

11 commentaires

Debbie Chapiro

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Il y a 10 mois

Olala, c'est le genre de personnage que j'adore, froid, insensible mais l'amour les transforme. J'ai quand même du mal à me dire que Jodie va tomber dans ses bras. Elle va devoir en faire des prières. Ils sont tellement opposés, je crois qu'on ne peut pas avoir deux vies si diamétralement éloignées. On ressent sa froideur dans la plume que tu utilises pour le faire parler. Ce chapitre ébauche le personnage en donnant pas mal de piste et en soulevant des questions sur son enfance après le drame.

Solann

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Il y a un an

Dalton un exécuteur et jodie un ange. Deux protagonistes différents

cindy37190

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Il y a un an

Je suis plus que prête pour la suite mais pas Jodie à mon avis 😎

labibliothequedelaromance

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Il y a un an

Un monde en totale opposition de celui de Jodie ! Dalton est un exécuteur mais on voit tout de même qu'il a une certaine morale. J'adooore 😍

Zéphira

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Il y a un an

Et bien, un monde très différent de Jodie mais tout aussi bien décrit. J’aime beaucoup cette réflexion sur les victimes collatérales, encore plus lorsque l’on sait que ses parents en sont. Ça laisse bien imaginer que Dalton n’est pas que violence. Il l’à d’ailleurs démontré lorsqu’il a prévenue Jodie.

Fanny NAJOŸ

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Il y a un an

J attend le choc des 2 mondes opposés mais qui au fond auront un but commun... ton histoire est addictive 👍😊

Sarah🤓

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Il y a un an

J'adore, j'adore!! J'espère qu on va pouvoir allez au bout dd l'histoire de Dalton 😉 J'ai hâte de lire les interactions entre Jodie et lui... ça promet 😅

patricia Bellucci

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Il y a un an

Ha mais tu vois qu'un petit ❤️ pulse au creux de toute sa noirceur, Dalton n'est pas si insensible qu'il te prétend ☺️ Est-ce l'innocente Jodie qui va lui montrer le chemin, avec du temps et beaucoup patience j'imagine 🥰 Et se découvrir elle-même par la même occasion 😁 Holala, quelle découverte du monde ...

laure laurent

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Il y a un an

😉

Cloé Mouton

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Il y a un an

Lui, je l'adore, sa façon de penser, son aversion pour la mort d'innocents... Insensible, insensible, je pense qu'il ne le restera pas longtemps au contact de Jodie 😏
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