Fyctia
Chapitre 6
Alinor
À la première occasion, je m’échappe du cœur des festivités pour retrouver ma bulle de solitude. À l’écart des autres, j’observe mes camarades de l’académie s’amuser. Lorsque nous entrons à Avallon, à l’aube de notre dix-septième anniversaire, plusieurs choix s’offrent à nous. C’est une Académie réputée. Les aspirants viennent des cinq royaumes pour y recevoir la formation de leurs rêves. Peu importe leurs origines, ici, tous sont les bienvenus. Entre ces murs se côtoient n’importe quel jeune humain ou surnaturel. Seules comptent nos aptitudes et notre détermination. Nombreux sont là pour être Chevalier. Certains auront la chance de servir un monarque, d’autres seront des souverains et choisiront dès maintenant leurs futurs compagnons. Une partie d’entre nous deviendront mages et useront des lois de l’Univers lui-même pour apporter soins et réconfort. Très peu auront l’honneur de combattre dans une armée. C’est un statut réservé à une poignée de cadets triés sur le volet. Il se murmure dans les couloirs, que ces enchanteurs doivent passer par des épreuves secrètes. Un grand nombre ne revient jamais en cours après. Je frissonne à cette pensée, mais peu m’importe. Je n’ai aucune envie de rejoindre les chevaliers ou les mages. J’ai d’autres ambitions.
Si beaucoup ici visent des postes militaires ou de négociations, j’aspire à devenir une Érudite. Je me donne les moyens d’y parvenir. Un jour, j’espère moi aussi évoluer parmi les immenses noms du monde de la connaissance et apporter ma modeste contribution. Pour le moment, je me contente de rêver à travers les livres et les parchemins que je dévore au quotidien.
J’observe mes amis un instant, un faible sourire aux lèvres, cependant, mon esprit est ailleurs. Une partie de moi envie leur légèreté. Ils ont leurs soucis, malgré tout ici, dans cette clairière éclairée par les flammes et la lumière de la lune, ils semblent avoir trouvé un répit que je n’arrive pas à saisir.
L’air est frais, chargé de cette odeur familière de terre humide et de bois brûlé. Un mélange de nature et de feu qui caractérise cette saison. Au-dessus de nous, les étoiles brillent, scintillantes, et pourtant, même leur éclat me paraît loin. Je ressens tout ce qu’offre Mabon, cette fête qui célèbre l’équilibre, la gratitude et la réflexion. Néanmoins, cet équilibre me fuit. Alors que tout le monde se réjouit de la fin de l’été et des récoltes, je me retrouve face à mes propres ténèbres.
Calme-toi Ali. Tu n’es pas dans un de tes cauchemars. Ici, c’est la réalité.
Physiquement, je suis présente. Mais intérieurement, je suis enchaînée à des souvenirs que je ne peux partager. Une part de moi se demande encore pourquoi je suis venue. Je savais que me retrouver au milieu des cadets d’Avallon pouvait s’avérer dangereux. Je ne dois pas perdre le contrôle. Diane me l’a enseigné : la clé réside dans les émotions. Si je reste calme, tout ira bien.
Je prends une autre gorgée de mon verre, laissant la chaleur de l’alcool se diffuser en moi. Je ne bois jamais, mais cette nuit, j’essaie de trouver un réconfort, même éphémère, dans ce moment de quiétude artificielle. Pourtant, au fond de moi, je sais que cela ne suffit pas à combler le vide qui grandit au creux de mon cœur. Ce n’est pas la solution.
Je serre les dents, tente de chasser ces pensées parasites. Lana et Gwaine ont insisté pour que je me joigne à eux ce soir. Je ne voulais pas les décevoir. Ils sont mes seuls véritables amis à l’académie, les seuls qui ne m’ont jamais posé de questions auxquelles je ne pouvais répondre. Ils m’ont acceptée telle que je suis, avec mes silences et mes mystères. Je leur dois bien cet effort, même si chaque fibre de mon être me hurle de fuir.
Soudain, une présence inhabituelle près du feu attire mon attention. Un nouveau à Avallon. En tout cas, je ne l’ai jamais aperçu auparavant, et pourtant, cela fait plus d’un an que j’étudie ici. Il est jeune, grand, d’allure imposante, avec de longs cheveux noir de jais qui encadrent une physionomie aux traits fins, presque aristocratiques. Sa peau dorée contraste avec ses iris sombres, qui scrutent les environs avec une intensité qui me met mal à l’aise. La cicatrice qui traverse son œil droit ne gâche en rien la perfection de son visage. Il est différent des autres cadets, cela se voit immédiatement. Il dégage une aura de mystère, comme s’il portait en lui des secrets millénaires.
Je le fixe un moment, curieuse. Il semble détaché de tout ce qui l’entoure, sa présence à l’académie est presque incongrue. Il est plus âgé que moi, cela se devine à la maturité de ses traits, à la manière dont il se tient, pourtant, il n’est ni un troisième ni un quatrième année, j’en suis certaine. D’où vient-il ? Avant que je ne puisse me perdre davantage dans mes pensées, un éclat de rire acide m’interrompt.
— Regarde ailleurs, Alinor. Celui-là, il n’est pas à ta portée.
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Ophélie Jaëger
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Gottesmann Pascal
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