Bianka Msria PENDRAGON Chapitre 4-1

Chapitre 4-1

Meir


À mille lieues de l’agitation des rues, le lac apparaît soudainement devant nous, comme un joyau scintillant sous la lueur de la lune. Sa surface est calme, presque immobile, mais l’écho lointain de rires et de voix me parvient. Un feu de joie crépite sur la rive. Il illumine les visages des étudiants rassemblés autour. Puis, derrière eux, enfin, j’aperçois l’académie. De l’autre côté de l’étendue d’eau, les bâtiments se dressent, grandioses et pourtant inaccessibles. Comme s’ils appartenaient à un monde différent, une époque différente. Les tours élancées et les toits pointus sont en partie dissimulés par le manteau de lierre et les ombres profondes des arbres environnants. Leurs formes se fondent avec la nature, créant un tableau où l’architecture humaine et le paysage sauvage ne font plus qu’un. De ma position, je peux voir des fenêtres éclairées, témoignage de la vie à l’intérieur des murs. Ces petites lueurs, aussi rassurantes que dérangeantes, semblent m’observer. Elles m’invitent à franchir le lac pour découvrir ce qu’elles cachent.


Alors que je me tiens là, absorbé par cette vision, je réalise que je suis déjà attiré par ce lieu. L’Académie d’Avallon, avec toute sa majesté et ses mystères, m’appelle. Et même si une part de moi veut fuir, s’enfoncer dans la forêt et ne jamais revenir, une nouvelle part, plus forte, sait qu’il n’y a pas de retour en arrière. Je suis destiné à franchir ce lac, à entrer dans ce sanctuaire, et à affronter ce qui m’attend de l’autre côté. Mais, pas tout de suite.


Je reporte mon attention sur le feu et les cadets autour qui boivent gaiement. Manfred me jette un regard, un sourire au coin des lèvres, et je sais qu’il se délecte de l’idée de me replonger dans ce monde. 


— Je t’avais dit que ce serait plus agréable que cette taverne, murmure-t-il en m’entraînant vers le feu.


Je hoche la tête, même si une partie de moi reste réticente. La chaleur des flammes m’accueille, et les cadets, trop absorbés par leurs discussions et leurs éclats de rire, ne remarquent pas tout de suite notre arrivée. Pourtant, il ne faut pas longtemps avant que des yeux se tournent vers nous. Je prends une profonde inspiration, tente de me préparer mentalement à ce qui va suivre. Manfred, avec son éternel sourire en coin, m’encourage d’un signe de tête avant de s’avancer vers le feu de joie. Les discussions se taisent progressivement, les rires s’estompent, et les regards se tournent vers nous. Certains montrent une légère curiosité, d’autres une indifférence polie, mais il y a aussi cette lueur de méfiance que je connais bien.


Je souffle dépité. J’ai l’habitude de susciter cette réaction de la part des personnes que je rencontre. Surtout celles sensibles à la magie. Néanmoins, aujourd’hui c’est surtout mon apparence qui en réfrène certains. Je sais que, contrairement à mon cousin, mon visage inspire du dégoût plutôt que de la convoitise, mais j’ai appris à passer outre. Tant mieux ! Je préfère qu’ils me craignent au lieu de chercher ma compagnie, au moins j’ai la garantie d’obtenir un semblant de tranquillité. Ma vie est un éternel recommencement. Je dois me rendre à l’évidence. Le destin est en marche et, encore une fois, je ne peux pas l’éviter.


Tandis que j’évolue parmi la foule des cadets, je repense à la vision qui m’a ramené en Armorique. Les ombres rôdent dans Brocéliande, elles sont à sa recherche et ne s’arrêteront pas avant de l’avoir trouver. Si elles mettaient la main dessus, le monde serait perdu. Je n’ai pas le choix. Je dois récupérer au moins le gros de mes pouvoirs et à nouveau prendre part au combat. Pourtant, je ne peux agir seul. Je dois attendre leur éveil, mais où les dénicher ? Ont-ils conscience de ce qu’ils sont ? Ou mènent-ils leur vie comme n’importe qui ? Des visages assaillent en masse mon esprit. Je me rends compte qu’encore une fois, ils sont tous jeunes. Ai-je vraiment envie de les entraîner dans les ténèbres ?


« Myrddin annonciateur de tourment. Tu répands peine et désespoir partout où tu vas. »



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56 commentaires

Ophélie Jaëger

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Il y a 4 mois

Mais pardon ? D’où tu termines le chapitre comme ça ? Genre, la meuf est tranquille en train de rire avec ses potos, t’as Meir qui demande juste qui c’est, et l’autre pelleteuse à cheveux soyeux, décide que tiens, c’est justement le bon timing pour aller foutre une torgnole gratos à la donzelle ? Enfin, je suppose qu’elle va lui mettre une tarte, ou juste aller lui chercher querelle, comme on dit en Brocéliande, mais j’imagine que c’est un truc dans le genre, puisqu’elle insiste bien sur le “maintenant”, Miss Tractopelle.

Ophélie Jaëger

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Il y a 4 mois

Quoiqu’il en soit, cette fin de chapitre me laisse sur ma faim (très bon page turner, à nouveau) mais ce n’est pas le cas du chapitre en lui-même qui nous apprend tout plein de choses. On a déjà la confirmation de l’enfance de meir-de (jeu de mots de très grande qualité, tu apprécieras !) à cause d’un père abusif, à qui il trouve quand même des circonstances atténuantes, dis donc. Il n’a connu que la violence, mais le justifie par le décès de sa mère. Dont il se sent responsable ? Probable. Le cousin, c’est quand même la grosse caution “choupi” du chapitre (et du roman ?).

Ophélie Jaëger

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Il y a 4 mois

Tant de bienveillance qu’on a envie de le prendre dans ses bras pour lui faire un gros câlin en prévision de toutes ses futures désillusions. Parce qu’on connaît un peu l’autrice, nous autres, et qu’on se dit que le monde merveilleux qu’il dépeint à Meir, bah c’est un joli fantasme qui n’existe que dans la tête de Manfred. Pourtant, lui-même cache sa véritable nature, c’est qu’il doit bien se douter qu’il y a baleineau sous gravillon, là, non ? Oui, j’ai beaucoup de questions, mais c’est très bon signe, j’imagine.

Gottesmann Pascal

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Il y a 5 mois

Morgyd est immédiatement antipathique. Heureusement que Kaï, et surtout Gail, sont beaucoup plus accueillants.

WildFlower

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Il y a 5 mois

C'est cool avec ce chapitre on apprend à connaître un peu mieux Meir ! On découvre Morgyd et son attitude peu avenante 😅

Bianka Msria

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Il y a 5 mois

Pourquoi personne ne l'aime 😭😭😭

Mirabella

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Il y a 5 mois

Oh Morgyd... ça sent le personnage très peu aimable haha Encore une fois, j'ai dévoré vraiment rapidement tes phrases. J'aime beaucoup l'entrée à Avallon. Je me demande comment Meir va faire sans aucune source de magie. Et comment va-t-il réussir à accéder une nouvelle fois à son pouvoir ? Je continue, je continue haha

Bianka Msria

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Il y a 5 mois

Réponse bientôt 😇

Eleanor Peterson

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Il y a 5 mois

Elle n’est pas commode morgyd !

Bianka Msria

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Il y a 5 mois

En effet.
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