Fyctia
Chapitre 9-3
Par chance, l’introduction toucha vite à sa fin. Les différents responsables descendirent les marches un à un, appelant à chaque fois les étudiants de leur filière à les suivre. La salle se désemplit, l’air devint plus respirable. Finalement monsieur Guide-Penciate appela son nom de sa voix chevrotante et une quinzaine d’élèves s’engagèrent à sa suite dans un couloir latéral.
La rousse était en tête de ce groupe. Elle lança des regards haineux à Edin dès qu’elle s’approcha ; mais si elle était la plus démonstrative dans son mépris, elle n’était pas seule. Les autres étudiants se contentaient de regards rapides, de sourires en coin, et d’échanger entre eux du fiel ou des railleries. Même le professeur cachait mal son malaise en sa présence. Il s’acquitta malgré tout de son devoir et fit visiter le campus à sa promotion.
Il commença par l’aile gauche du bâtiment principal. Les salles de classe, réparties sur deux étages, entouraient un cloître où poussaient diverses plantes à destination des cours d’alchimie. Ensuite, derrière le hall où avait eu la cérémonie s’étendait la vaste grande salle ; et au-dessus de celle-ci, sur plusieurs étages, la bibliothèque. Elle était gigantesque, une tour carré dont il était difficile de définir la taille exacte, ses murs dissimulés par un dédale obscur d’étagères encombrées de livres. De toute l’université, cette pièce laissa la plus forte impression à Edin. Ils n’y restèrent qu’un instant, le professeur mentionna à peine qu’ils auraient l’occasion d’y revenir pour leurs recherches, avant de poursuivre son chemin.
Quelques fois durant la visite, ils croisèrent les autres groupes, et Edin en profita pour saluer les jumeaux. Leurs mines ennuyées s’illuminèrent, ils lui rendirent son geste avec enthousiasme ; ainsi que le reste de leur groupe, entièrement tourné vers la géante cornue dont tout le monde parlait. L’un d’eux s’approcha même pour lui parler, avec une attitude étrangement pacifique et une main tendue, mais Menara se dressa sur son chemin avant qu’il ne puisse l’atteindre, bras croisés contre sa poitrine, et le fit fuir d’un seul commentaire assassin.
Puis chaque enseignant poursuivit son chemin et ils se séparèrent aussi vite. Monsieur Guide-Penciate les mena dans l’aile droite du bâtiment principal. S’y trouvaient un amphithéâtre, plusieurs salles amples et vides pour les travaux pratiques, ainsi que la remise et les bureaux des différents professeurs. Les vestiaires qui les avaient accueillis durant l’examen étaient accolés à l’aile droite, le professeur se contenta de le désigner d’un geste avant de guider le groupe dans les jardins. D’abord le terrain consacré à la pratique sportive et à la magie, qui avait retrouvé sa pelouse d’un vert clair presque trop parfait, puis le bois, les serres, et enfin le dispensaire.
Ils ne s’approchèrent d’aucun, car ils étaient principalement utilisés par la filière hospitalière. Le professeur précisa même qu’ils étaient dangereux pour qui n’avait aucune raison d’y être, car on y trouvait des individus malades et possiblement contagieux, ou des substances dangereuses. Si vraiment ils avaient besoin de s’y rendre dans le cadre de leurs recherches, ils étaient encouragés à d’abord consulter les directeurs de ces établissements.
Après deux heures, ils revinrent finalement vers les salles de classe. Plusieurs des nobles les moins endurants commençaient à se plaindre de leur souffle pénible ou de leurs pieds endoloris. Leur ventripotent professeur peinant tout autant mais gardait ses difficultés pour lui. Il s’autorisa néanmoins une longue pause pour reprendre son souffle avant de s’approcher vers un bureau où plusieurs paquets étaient entreposés.
Il y prit d’abord une pile d’emplois du temps qu’il commença à distribuer pour que les étudiants puissent en prendre connaissance. Les cours s’étendaient du lundi au samedi, trois heures chaque matin puis trois heures l’après midi ; avec des matières aussi diverses que la médecine, l’arithmétique et l’histoire pour assurer l’éducation générale des futurs mages ; une dédiée à la théorie magique et une autre, très pratique, à la magie de combat ; une qualifiée de “formation artistique” ; du sport tous les mardis et jeudis ; et enfin deux plages horaires dédiées au Suivi de thèse. Cette dernière était spécifique à la filière recherche et serait prise en charge par monsieur Guide-Penciate directement, les autres seraient partagées avec au moins une autre classe.
Puis il se saisit des premiers paquets et commença à appeler leurs noms un à un pour distribuer les uniformes. Quatre pour chaque élève, deux légers pour les chaleurs de l’été et deux plus épais pour les rudesses de l’hiver. Chacun se composait d’une veste grise à col serré, rehaussée de fil d’argent le long de la boutonnière et des manches, avec l’écusson de l’université sur la poitrine ; ainsi que d’un pantalon droit de la même couleur. Ils reçurent également une paire de bottines légères et une de lourdes bottes d’équitation, d’un cuir noir luisant parfaitement ciré. Cette fois, ne put s’empêcher de remarquer l’étudiante cornue, ils étaient parfaitement ajustés à sa massive stature.
“Il vous sera demandé - expliqua le professeur de sa voix hésitante - de les porter en tout temps sur le campus de l’université. N’hésitez cependant pas à les porter fièrement hors de nos murs également, car ils sont le symbole de votre excellence.”
Edin songea à la possibilité d'arpenter la ville ainsi vêtue, et réalisa la désastreuse absence d’une capuche.
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DIANA BOHRHAUER
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Il y a 3 mois
Merle Hewitt
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Il y a 3 mois
Nathanael6
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Alyssa Well
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Clem_BOOKs
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Il y a 3 mois