Fyctia
Chapitre 6-2
“Mes cauchemars ? - Edin se redressa, un sourcil levé - de quoi est-ce que vous parlez ?”
“Ça fait quelques jours - continua-t-elle sans lever le regard - que je te trouve tous les matins en train de serrer ta couette dans les bras, exactement comme on enlacerait quelqu’un pour trouver du réconfort. Ces choses sont supposées tenir chaud, pas compagnie ! Il fait bon en ce moment, mais continue comme ça jusqu’à l’automne et tu attraperas la mort. Sans compter que ça ne marchera pas pour apaiser ce qui te fait vraiment souffrir.”
La respiration d’Edin se coupa. Elle n’avait aucun souvenir de ces supposées terreurs nocturnes, pourtant elle comprenait sans mal ce qui pouvait les causer. Ce qui la hantait la nuit, quand son inconscient prenait le contrôle de son être et de son âme. Elle imita sa mentore et fixa la ligne des arbres, au loin, pour ne pas avoir à regarder de face la personne à qui elle parlait. S’imaginer seule, qu’elle ne parlait qu’à elle-même, l’aida à passer outre sa gorge serrée.
“J’étais - elle luttait pour former des sons, mais aussi pour trouver ses mots - très proche de quelqu’un. On passait notre temps ensemble, il était tout ce que j’avais. Mon protecteur face à tous ceux qui ont peur de moi. Mais il…”
Des larmes coulèrent le long de sa joue gauche.
“Il est parti. Sans que je puisse lui dire au-revoir. J’aurais juste voulu…”
Elle empoigna le rebord de la fenêtre. Dans le silence, la pression fit blanchir ses doigts. Un sanglot se coinça dans sa gorge sans vouloir en sortir. Finalement, ce fut à Illina de reprendre.
“Personne n’a jamais ramené un mort à la vie. Beaucoup ont essayé, de beaucoup de façons, mais aucune n’a fonctionné. C’est voué à l’échec.”
Edin passa une manche sur son visage et renifla.
“Je veux pas le ramener. Mais il lui est arrivé quelque chose à l’université, et ils ne veulent pas nous dire quoi. Tout ce que je veux, c’est savoir la vérité.”
Illina hocha la tête. Une inspiration tira des crépitements de sa pipe. Puis, sans un mot, elle posa une main au creux du dos de la grande échalas pleine de traumatisme qui s’était incrustée chez elle, et elle frotta doucement.
“Prends ton temps pour souffler. Quand tu te sentiras prête, rejoins-moi dehors. Il est temps de te faire lancer ton premier sort. Tu en auras besoin si tu veux chercher des poux à Eltogirse.”
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Mary Lev
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Il y a 5 mois