Fyctia

Alors que l’atmosphère à la ferme devient de plus en plus froide et oppressante, Palmyra trouve un prétexte pour s’échapper en ville. Elle part chercher des médicaments pour son père, ce qui lui permet de s’éloigner brièvement de la surveillance stricte de sa mère. En ville, Palmyra se sent revivre. Chaque sortie, aussi courte soit-elle, lui offre un avant-goût de la liberté dont elle rêve désespérément. La ville représente pour elle un monde de possibilités, où tout semble plus vivant, plus vibrant que la monotonie oppressante de la ferme.

C’est lors de l'une de ces sorties qu’elle tombe sur un cinéma local. Fascinée par les affiches des films projetés, elle ne peut résister à l’envie de s’aventurer à l’intérieur. La salle obscure lui offre une échappatoire immédiate à son quotidien. Là, elle rencontre le projectionniste, un homme séduisant et charismatique, qui devient instantanément une figure de fascination pour elle. Il représente tout ce qu’elle désire : un accès à la modernité, à l’évasion, et peut-être même à la célébrité qu’elle convoite tant.

Le projectionniste, intrigué par la naïveté apparente de Palmyra et son air rêveur, entame une conversation avec elle. Il perçoit rapidement son besoin d'échapper à sa vie monotone qu’elle lui accorde. Saisissant l'occasion de l'impressionner, il lui montre des extraits de films pornographiques, différents de ceux projetés publiquement. Certains de ces films sont des courts-métrages intenses et silencieux, qui éveillent en Palmyra des émotions nouvelles et interdites. Elle est fascinée, non seulement par les images, mais aussi par l’attitude pervers du projectionniste, qui semble à l’aise avec des choses que Palmyra considère comme dangereuses ou taboues.

Palmyra est hypnotisée par ce monde du cinéma qui lui paraît à la fois lointain et incroyablement accessible à travers cet homme. Elle voit en lui une porte vers une autre vie, une vie où ses rêves pourraient devenir réalité. En quelques échanges, il lui parle de ses propres voyages, des films qu’il a projetés dans de grandes villes, évoquant un univers dont elle ne connaît rien, mais qu’elle aspire à rejoindre. Il lui raconte des histoires sur les opportunités qui existent pour ceux qui osent prendre des risques et quitter tout derrière eux, alimentant les illusions de grandeur de Palmyra.

Le projectionniste, bien qu’il ne la prenne peut-être pas entièrement au sérieux, perçoit la vulnérabilité de Palmyra et semble apprécier l’attention qu’elle lui accorde. Il lui fait des avances subtiles, flirtant avec elle de manière légère mais stricte. Pour Palmyra, ce flirt représente bien plus qu'un simple jeu : il incarne la possibilité d’une liaison avec quelqu’un de différent de son mari Howard, quelqu’un qui semble comprendre ses aspirations et ses désirs. En Howard, Palmyra ne voit plus qu’un homme ordinaire, parti à la guerre pour défendre un monde qui l’ennuie. Mais dans le projectionniste, elle voit un homme connecté à la magie du cinéma, à l’évasion, à une vie bien au-delà de la ferme.

Cette rencontre éveille en elle des sentiments contradictoires : d’un côté, elle ressent une excitation qu’elle n’a jamais connue auparavant, un mélange de désir, de curiosité et d’espoir. De l’autre, elle commence à se sentir encore plus étrangère à sa propre vie. Elle réalise que la ferme, sa famille, et même Howard, sont des obstacles à son épanouissement. Sa fascination pour le projectionniste est le début d’un éloignement psychologique de son ancienne vie. Chaque moment passé avec lui renforce l’idée que sa place est ailleurs, loin de la ferme et des tâches quotidiennes qui la retiennent prisonnière.

Au fil de leurs discussions, le projectionniste encourage Palmyra à suivre ses rêves, bien qu’il semble légèrement doux dans sa manière de le faire, comme s'il parlait à une enfant. Mais elle ne s’en rend pas compte, trop captivée par cette nouvelle perspective sur la vie. Il lui suggère même de participer à des auditions ou de tenter sa chance dans une ville plus grande, en lui faisant comprendre que des milliers de filles comme elle rêvent de devenir des stars, mais qu’il faut avoir l’audace de tout quitter pour réussir. Ces paroles, bien que prononcées avec désinvolture, résonnent profondément en elle.

Après cette rencontre, Palmyra retourne à la ferme, mais quelque chose en elle a changé. La relation avec sa mère semble encore plus insupportable, et les tâches quotidiennes plus insurmontables. Tout ce qu'elle fait est désormais teinté par le rêve d’un ailleurs, d’une vie où elle pourrait briller sous les projecteurs, loin de l’obscurité de la ferme. Les conversations avec le projectionniste continuent de hanter son esprit, et elle commence à nourrir l’idée qu’il pourrait être son moyen de fuir. L’excitation qu’elle ressent à son contact devient une obsession, et elle se convainc qu'il est la clé de sa liberté.