Ner_or Outburst Chapitre 11.3 - Le collier

Chapitre 11.3 - Le collier

— C’est bizarre.


— Quoi encore ?


— Que t’aies jamais vu ces choses avant.


Je fronçais les sourcils.


— Pourquoi ?


— T’as un lien avec l’Entre-Monde, non ?


Je clignais des yeux, les mots résonnaient sans que je comprenne immédiatement.


— Pour une fois, il dit un truc intelligent.


Erden ignora la remarque de Charlie, toujours braqué sur moi.


— Si t’es une Seylar, ça veut dire que t’as un lien avec l’Entre-Monde, continua-t-elle en suivant la pensée d'Erden. Alors pourquoi t’as jamais vu ces trucs avant d’arriver ici ?


Une boule d’inconfort se forma dans ma gorge. Pourquoi n'avais-je rien vu de tel auparavant ? Pourquoi Kampos était-elle si dangereuse ? Si envoûtante pour moi ?


— Peut-être parce que je suis pas née ici.


— Ça veut rien dire.


Son ton était calme, quelque chose clochait avec moi et ils venaient de le capter. Nous trois.


Charlie s’approcha, plissa les yeux en me scrutant.


— Attends une seconde…


Elle tendue la main vers moi et frôla mon cou, elle cherchait quelque chose. Je reculais d’un pas embêtée.


— Qu’est-ce que tu fais ?


Elle ne répondit pas tout de suite. Après une seconde de réflexion, elle ouvrit grand les yeux.


— T’as pas de pierre de protection ?


— De quoi ? lâché-je confuse.


— Tous les Seylar en ont une. Elle me montra la sienne, pendue à son cou sous son pull. Une pierre sombre, légèrement luisante sous la lumière diffuse. C’est genre… la base.


Je baissai les yeux vers mon propre cou, où il n’y avait rien. Mon poignet, mes poches… rien non plus.


— J’en ai jamais eu.


Charlie et Erden échangèrent encore un regard, ils avaient l’air vraiment surpris.


— Une seylar de ton niveau qui n'a aucune protection, marmonna-t-elle.


— Tu peux éviter de dire " Seylar" comme si c’était une espèce à part ? claqua la voix d'Erden, plus sèche que d’habitude.


Charlie leva un sourcil.


— Bah c’est ce qu’elle est, non ?


— Tu la compares aux Seylars de l'île qui se font appeler les Messagers. Elle l'est peut-être pas. Y'a que vous qui portez des pierres.


— Arrêtes de parler d'eux comme si c’était une foutue secte.


Charlie garda son calme, néanmoins son ton était tranchant.

Eren serra la mâchoire.


— C’en est une.


Son regard glissa vers moi avec un mélange de frustration et d’agacement. Comme si le simple fait que je sois liée aux Seylars lui posait problème. Comme si, par extension, je posais problème.


Je les observai s’affronter du regard et, j’eu l’impression d’être un pion dans un jeu auquel je pigeai rien.


C'était le cas.


— Euh, j’suis encore là.


Charlie détourna enfin les yeux d’Erden et me désigna d’un geste bref.


— N’empêche que c’est bizarre qu’elle ait jamais eu de pierre.


Erden irrité frappa dans une branche non loin de lui, celle-ci s'envola dans la forêt.


— Bon, vous avez fini ? On a mieux à faire. En tous cas, moi, oui, et je suis crevée. Restez là à vous chamailler si ça vous chante.


Nous marchions quand un son brisa la tranquillité de la forêt.


Des sirènes.


D'abord lointaines, puis de plus en plus fortes.


Un frisson me parcourut l'échine.


— C'est quoi, ce bordel ? murmura Charlie.


On accéléra instinctivement le pas.


Deux voitures de police déboulèrent sur le chemin, soulevant un nuage de poussière. Elles nous dépassèrent à toute vitesse avant de s'arrêter brusquement un peu plus loin.


Les portières claquèrent, des agents en sortirent précipitamment et s'engouffrèrent dans un sentier.


Un silence tendu s'installa.


Sans prévenir, Erden leva son majeur en direction des voitures.


Charlie lui donna un coup de coude, furieuse.


— T'es complètement con ou tu fais exprès ?!


— J'dis juste bonjour.


Je soufflai, exaspérée.


L'un des policiers se retourna vers nous.


Je reconnus immédiatement son visage.


Il s'approcha, l'air las.


Erden sourit, provocateur.


— Toi, dit l'agent d'un ton sec. Tu veux vraiment me gonfler aujourd'hui ?


C'était son frère.


Erden sourit de plus belle.


— J'te salue, frérot. C'est mal vu maintenant ?


Charlie roula des yeux.


— T'es immature.


— T'as vu ton style ? répliqua-t-il en jugeant son pul fleuri avec des licornes.


Kiran soupira, visiblement à bout. Il nous détailla un par un avant de prendre un ton plus sérieux.


— Vous trois, vous faites quoi ici ?


— On bosse sur un projet pour Andros. Je croisai les bras. Pourquoi ?


Il hésita une seconde, baissa légèrement la voix.


— Un randonneur a été retrouvé mort sur un sentier.


Un frisson me parcourut l'échine.


— Mort ? répéta Charlie.


Kiran hocha la tête.


— On n'a pas encore tous les détails, mais on va boucler la zone. Alors vous montez dans la voiture, je vous ramène chez vous.


J'échangeai un regard avec Charlie.


Erden haussa un sourcil.


— Depuis quand t'es mon chauffeur ?


— Depuis que t'as pas le choix.


Erden souffla, mais ne protesta pas plus.


Sans un mot, on suivit Kiran jusqu'à la voiture. Il ouvrit la portière arrière, et on s'entassa à l'intérieur.


La forêt défilait à travers la vitre. Le silence s'installa, juste troublé par le vrombissement du moteur.


Je finis par briser le calme.


— Ça arrive souvent, ce genre de truc ?


Kiran garda les yeux sur la route.


— Non.


Son ton était sec, sans appel.


Je jetai un coup d'œil à Erden. Il fixait la vitre, impassible.


Charlie, elle, triturait nerveusement une bague à son doigt.


Le silence dans la voiture me pesait. J'aurais dû me taire.


Sauf que c'est sorti tout seul.


— Vous croyez que ça a un lien avec la mort de Yuma ?


Kiran croisa mon regard dans le rétroviseur.


— Pourquoi tu dis ça ?


Je me mordis la lèvre. J'hésitai. Pas à cause de lui, à cause des autres. Erden était assis à l'avant, il n'avait presque pas bougé depuis que nous étions montés. Dès que j'avais prononcé le nom de Yuma, il avait tourné la tête vers moi. Juste lentement, prudemment, mes mots avaient un poids.


Je le soupçonnais au départ, finalement il semblait innocent. La scène de piscine me l'avait prouvé et aujourd'hui, il m'avait en quelque sorte sauvé d'une mort certaine...


Je serrai ma manche entre mes doigts.


— Esme, parle, s'impatienta Kiran.


Je pris une grande inspiration et je me lançais :


— J'ai vu quelque chose... la nuit où c'est arrivé.


La tension dans la voiture devint presque oppressante.


Kiran ne me lâcha pas du regard oubliant presque la route.


— Quelque chose ?


— Une ombre.


Il se concentra sur le feu, mais sa mâchoire se contracta.


Charlie bougea, comme s'il s'apprêtait à dire quelque chose, puis se ravisa.


— Continue, ordonna Kiran en reportant son attention sur la route.


Je déglutis.


— Ça m'a appelée.


́La voiture ralentit un peu. Pas assez pour s'arrêter, assez pour que je sente le coup de frein.


— Appelée ? répèta le policier.


— C'était comme si... quelque chose essayait de m'attirer. Un murmure, une sensation bizarre. J'ai résisté, mais Yuma... il a dû tomber dans le piège.


Erden tourna complètement la tête vers moi.


— C'était quoi, exactement ? demanda-t-il d'une voix calme, presque trop calme.


Je frissonnai.


J'en avais aucune idée.

Tu as aimé ce chapitre ?

1

0

0 commentaire

Vous êtes hors connexion. Certaines actions sont désactivées.

Cookies

Nous utilisons des cookies d’origine et des cookies tiers. Ces cookies sont destinés à vous offrir une navigation optimisée sur ce site web et de nous donner un aperçu de son utilisation, en vue de l’amélioration des services que nous offrons. En poursuivant votre navigation, nous considérons que vous acceptez l’usage des cookies.