Fyctia

Quand j’arrive au niveau ma classe, j’aperçois Jay et ses deux potes devant la porte en train de discuter. Il lève les yeux vers moi au moment où j’arrive devant lui :  

— Salut Lana, tu vas bien ?   

— Oui ça va et toi ?  lui demande-je chaleureusement en souriant.  

J’aime bien Jay. Il est gentil et toujours souriant. Il a remarqué que je ne suis pas très bavarde ni à l’aise quand on se parle et il n’insiste pas plus que ça, pourtant il prend toujours plaisir à me saluer et échanger quelques mots.  

— Je vais bien.  Bah qu’est-ce-qui t’est arrivée ?  fait-il en dégageant légèrement mes cheveux de mon visage.   

Je me crispe au moment où ses doigts frôlent ma joue et remarquant ma gêne il s’écarte aussitôt.   

— Je suis désolé Lana, je ne voulais pas te mettre mal à l’aise.  

— Ça va ce n’est rien, soufflé-je d’une petite voix en recouvrant ma joue de mes cheveux. Je suis juste très maladroite et j’ai chuté dans mes escaliers.   

Il reste me fixer un instant, comme s’il essayait de deviner la vérité. J’essaye de ne pas flancher sous son regard mais finis par détourner les yeux. 

— Tu devrais faire plus attention, jeune demoiselle. Ce serait dommage d’abîmer davantage un si joli visage !   

Je relève la tête, surprise par ces paroles et capte le regard malsain d’un des potes de Jay. Pas celui que j’ai bousculé vendredi dernier mais l’autre. Il lorgne sur ma bouche avec un sourire diabolique et je n’ai qu’une envie : fuir. Je ne sais pas pourquoi, mais ce type me fais peur ! L’autre me regard sans broncher, d’un air sombre. Sa mâchoire se crispe quand son regard se pose sur mon bleu et j’ai comme l’impression qu’il devine mon mensonge.   

— Ta gueule Seth ! lance Jay à son pote.  T’occupes pas de lui Lana, c’est qu’un con !   

Le fameux Seth lance un regard mauvais à Jay, que celui-ci soutient s’en sourciller. La sonnerie retentie et je lâche un soupir de soulagement. Je me précipite dans la classe, soucieuse d’échapper à toute la tension qui règne entre les trois gars.   

Je me fige en voyant Seth s’installer près de moi. Il me fait face, un sourire narquois aux lèvres.  

—  Détends-toi jeune demoiselle, je ne vais pas te manger. Pas encore du moins.  

Tremblante, je décide de mettre autant de distances que nos tables collées me le permettent entre nous, en me décalant au maximum. Il me regardant comme si j’étais sa prochaine proie, avec un air indéfinissable. Tout en lui me rebute et me confirme que je dois me méfier de lui. Jay et son pote rentrent à leur tour et se figent en voyant Seth près de moi. Ce dernier leur adresse un regard fier avant de lever son majeur vers Jay qui grommèle avant d’aller s’installer ailleurs. Je sens le regard de l’autre sur moi et lève les yeux vers lui. Ses cheveux bruns sont ramenés vers l’arrière. Il a un visage carré qu’une légère barbe vient mettre en valeur et qui le fait paraître plus âgé, alors qu’il ne doit pas avoir plus de dix-huit ans, un teint hâlé qui contraste avec ses yeux clairs dont je n’arrive pas à définir la couleur. Il est beau, vraiment très beau. Il fut un temps où je me serais intéressais à lui, mais ce temps-là est révolu… Son regard me déroute, comme à chaque fois qu’il pose les yeux sur moi. C’est comme s’il essayait de lire en moi et c’est très déstabilisant.

Le cours passe à une lenteur folle. Seth me frôle à plusieurs reprises et je le soupçonne de le faire express. Mon souffle se coupe quand il attrape une mèche de mes cheveux et commence à jouer avec.  

— Tu m’intrigues ma chère Lana. Alors que toutes les filles du bahut sont raides dingues de moi, toi, tu ne me calcules même pas. Et j’avoue que ça me peine un peu, de ne pas avoir les attentions d’une aussi jolie fille, fait-il d’une voix suave avant de poser une main sur ma cuisse.   

Je m’écarte d’un bond, faisant grincer ma chaise au passage. Toute la classe se tourne vers nous et je sens le rouge me monter aux joues.  

— Tout va bien Mlle Baker ? me demande Mr Vasquez.  

— Oui, oui, ça va. Désolée, je répond en me réinstallant sous le regard amusé de Seth.  

Je me tiens aussi loin de lui que possible pendant le reste du cours et soupir de soulagement quand la sonnerie retentie. Je ramasse précipitamment mes affaires avant de sortir et de me diriger au pas de course vers les toilettes. Par chance, la pièce est vide. Je me dirige vers un des lavabos afin de m’asperger le visage d’eau froide. Je ne sais pas ce que Seth cherche et ça m’angoisse. Depuis quelque temps je le vois sans cesse me fixer avec un air de prédateur. À une époque, j’aurais été flatté qu’un mec comme lui ou son autre pote s’intéresse à moi. Le genre mauvais garçon m’avais beaucoup attiré à un moment, comme pour beaucoup d’autres filles, et j’en avais fait les frais malgré moi ! Je sors des toilettes quand une main me saisit par le poignet, me faisant lâcher un cri de surprise. 

— Doucement jeune demoiselle, ce n’est que moi. Je voulais seulement m’excuser pour tout à l’heure, je n’aurais peut-être pas dû être aussi direct.  

Je le dévisage d’un air apeuré essayant de dégager mon poignet qu’il tient toujours fermement.

—  Que veux-tu ?  demandais-je en essayant au mieux de contrôler les tremblements de ma voix.  

— Voilà une très bonne question ma chère Lana. Comme je te l’ai dit, tu m’intrigues beaucoup et j’aimerai bien te connaître davantage.  

Son regard salace dévie sur ma bouche et j’esquisse un mouvement de recul quand il s’approche davantage de moi, me faisant percuter le mur. Paniquée, je cherche comment me sortir de cette situation quand une voix froide retentie derrière Seth :  

— Lâche-la tout de suite !  

— Tiens, tiens. Voilà que notre cher Devon vient jouer les preux chevaliers. T’en fais pas mec, Lana est moi ne faisons que discuter. Pour le moment du moins ajout-il avec un clin d’œil à mon intention avant de me lâcher et de tourner les talons.  

Je me frotte le poignet, endolori par la poigne de Seth, secouée par ce qu’il vient de se passer.

— Il t’a fait mal ? demande le fameux Devon avant de saisir délicatement mon poignet entre ses mains, pour l’observer.   

Je fremis sous son contact, le regard fixé sur ma main qui disparaissait dans sa large paume. Ses sourcils se froncent en apercevant la marque rouge que Seth m’a laissé et je retire précipitamment ma main de la sienne.   

—  Ça va aller, répondis-je d’une voix basse.  

Ses yeux rencontrent à nouveau les miens, me déstabilisant complètement. Ils sont d’une magnifique nuance de gris, une couleur peu commune qui accentue l’intensité de son regard. Nous restons plongés dans les yeux l’un de l’autre pendant quelques secondes, puis Devon fini par se détourner en secouant la tête et commence à rebrousser chemin afin de se diriger vers sa salle de cour. 

— Devon !  

Il se retourne surpris, et essayant de faire abstraction des gens qui nous observe je bredouille timidement :   

—  Merci.  

Il me fait un signe de tête discret et franchit sa salle de cours.