Fyctia
Chapitre 7
J'acquiesce quand Louis me dit d’un ton décidé
« On y va ».
Je demande juste un sursis de quelques minutes, le temps d’aller aux toilettes.
Nous quittons le restaurant. Le repas était très bon mais je ne l’ai pas apprécié. C’est de ma faute, je n’aurais jamais dû m'imaginer quoi que ce soit en allant dîner avec lui.
Karl monte à côté de son frère et je prends place à l’arrière, après avoir posé ma veste dans le coffre.
Louis me demande l’adresse exacte de mon hôtel pour la rentrer dans le GPS. Cela veut donc dire que je n’aurais même pas eu 2 minutes, seule, avec lui.
Le temps du trajet, j’essaie de me remémorer cette soirée particulière. Je me dis que je ne reverrai plus Louis… C’était comme un voyageur en transit dans ma vie. Il est passé, s’est fait remarquer à sa manière puis il est reparti inopinément. C’est dommage il m’aurait plu, gentil, intelligent, futé, rempli d’humour et beau comme un dieu, ce qui ne gâche rien.
Arrivé devant l’hôtel, il s’arrête, descend de son véhicule pour récupérer ma veste et m’accompagne jusque devant la porte vitrée.
Il se retourne vers moi, me prend contre lui et me serre très fort, l’espace d’un instant je me sens apaisée, soulagée, envahie par des ondes de plénitude. Le temps est suspendu, tout est figé et j’aime ça. Il m’embrasse sur la joue et me dit au revoir puis tourne les talons en direction de son frère.
Je crois que jusqu’au dernier moment j’ai cru naïvement, à ce baiser complètement irréaliste !
Juste avant de disparaître à l’intérieur de sa voiture, il me dit « à bientôt ».
Automatiquement j'acquiesce par un « oui » mais il n’est pas prévu de se revoir. Il n’a même pas demandé mon numéro. La seule chose qu’il sache, c’est où je dors, sans même savoir jusqu’à quand.
9h. Il fait beau, le temps est doux.
Mon programme pour aujourd’hui, partir en ville, arpenter les rues jusqu’au vieux port, aller vers les calanques, pénétrer dans des petites boutiques indépendantes, pour essayer de trouver un cadeau pour Carole et visiter la cathédrale Notre-Dame de la Garde.
Petit déjeuner pris dans la grande salle du rez-de chaussé, face à la mer, je suis fin prête.
Je remonte vite dans la chambre pour prendre mon sac et mon téléphone, encore en charge et me dirige vers la sortie.
Direction le cœur emblématique et historique de la ville, le vieux port situé en bas de la Canebière. Je me balade le long des quais, regardant le ballet des pêcheurs qui vont et qui viennent pour le plus grand plaisir des passants.
Je regarde le Ferry-Boat, bateau cher à Marcel Pagnol, effectuer les rotations plusieurs fois par jour, pour traverser le vieux port.
Je sillonne les allées parfumées et colorées du marché aux fleurs. Il n’y est que 2 jours par semaine mais par chance c’est aujourd’hui.
Entendre les gens parler avec leurs accents chantants me fait sourire sans explication. Les gens ont l'air tranquille ici, sans stress, sans soucis. Qu’il est bon de profiter de ces quelques jours pour prendre du temps pour soi.
Je repense à Louis et à ce rendez-vous manqué. Je me rappelle ce « à bientôt » et n’en comprends toujours pas la signification. Une pointe me transperce quand mon esprit se propulse un jour en arrière.
Je continue ma virée vers la cathédrale Notre-Dame de la Garde, visible d’ailleurs des quatres coins de la ville. Du haut de sa colline, elle veille sur les habitants, les pêcheurs et les marins.
Ici, elle est appelé « la Bonne Mère » et la vue de là haut offre un panorama magnifique, une vue à 360 degrés.
Je décide de prendre le petit train touristique pour redescendre. Ce moyen de transport, ridicule et identique d’une ville à l’autre, permet de découvrir différents monuments en un temps record. Il se faufile d’une ruelle à l’autre et laisse apparaître des recoins typiques.
Je plonge ma main dans le sac pour attraper ma paire de lunettes de soleil. J’empoigne ce qui me semble être ça et remonte la boîte sans hésiter. Un petit bout de papier reste collé à la pochette. Je me demande quel ticket de carte bleue j'ai pu laisser traîner. Je suis plutôt ordonnée généralement.
Je l’ouvre et lis rapidement ce qu’il y a écrit.
Un numéro de portable suivi de deux mots « Appelle moi » trône au milieu du vieux ticket de caisse.
Ma mémoire s’active, se torture en cherchant la personne responsable de cette énigme.
Je ne comprends pas. Je ne me souviens pas avoir parlé avec qui que ce soit aujourd’hui? Et puis personne n’a eu accès à mon sac, il était toujours accroché à mon bras.
Peut-être que ce message ne m’est pas destiné, et si la personne s'était trompé de destinataire ?
Il n’y a qu’une solution pour le savoir, appeler !
Au fond de moi, j’aspire à ce que ce numéro soit celui de Louis. Je n’arrive pas à effacer la trace indélébile de son visage dans la brume de ma mémoire.
J’attends 20h pour appeler.
Première sonnerie, deuxième sonnerie, troisième sonnerie… je me dis que ce numéro c’est juste une blague. La messagerie se déclenche.
« Vous êtes bien sur le téléphone de Karl, laissez moi.. » à ces premiers mots je raccroche brutalement comme pour passer inaperçue, tel un fantôme ne laissant aucune trace derrière lui.
Malheureusement nom numéro n’est pas caché et donc on verra que j’ai essayé d’appeler à mon tour.
A peine le téléphone posé sur la table qu’il se met à sonner. J’approche la main, tremblante et hésitante, est ce qu’il faut que je décroche ?
A quoi bon puisque je n’ai rien à dire à Karl et je n’ai pas envie d’en savoir plus d’ailleurs. Il est gentil mais je pense qu’ il doit gérer ses problèmes de couple avant de se lancer dans une nouvelle relation.
A croire que ça ne lui a pas servi de leçon tout ça! Et puis sans même chercher d’excuse à cet appel refoulé, ce n’est pas Karl qui m’attire et provoque en moi ce je ne sais quoi..
Je laisse sonner l’appel dans le vide.
Il insiste, mais je ne cède pas.
Je pars m’installer confortablement dans ce grand lit taille « king size » recouvert d’un épais couvre lit en plume, blanc cassé.
Je vois au loin mon téléphone se rallumer. J’ai du mal à saisir l’insistance de ses appels. Il voit bien que je ne réponds pas, ce n’est pas pour rien.
Après cette longue mais très agréable journée au travers des ruelles de la Canebière, le sommeil s’empare de mon corps et de mon esprit. Il ne reste de la place que pour un avenir doux et coloré, comme le souvenir de l’enfance mêlant l’odeur de son doudou à celle de la douceur de la peau de sa mère. Je m’endors en flottant dans les airs, légère comme une plume virevoltant au milieu des nuages, jusqu’au lever du soleil…
Je m’étire et ce n’est que les gargouillis de mon estomac qui arrivent à me faire sortir de ce lit aux effets magiques.
Je prends tout de même le temps de voir le nombre d'appels, sans réponse, qu’à reçu mon téléphone.
5 appels et 1 nouveau message.
Ben voila qui sera clair au moins, je serai enfin fixé sur ses intentions.
« C’est Louis, rappelle moi s’il te plaît »
2 commentaires
Megane K.
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Il y a 3 ans
Azalyne Margot (miss Ninn)
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Il y a 3 ans