Leonie Lonval Ose-moi ! ...Si tu le peux Chapitre 6 bis

Chapitre 6 bis

Les épaules rejetées en arrière, il bombe le torse comme un coq et pose le plat de ses mains sur le rebord effet marbre noir. Son regard flamboie de malice et je suis pendue à ses lèvres dans l’attente.

Tim est un bel homme dans le genre blond cendré avec un petit côté surfeur. Il pourrait tout à fait devenir le personnage central d’une romance se déroulant sous le soleil de la Californie.


— Et si la rencontre se faisait sur un site libertin ?


— Quoi ?!


Je savais que son idée allait être foireuse. Elle est pire encore. Oublions l’idée de la romance californienne, on est passé au monde du libertinage ! Sacré coup de baguette, la fée !

J’imagine que mon visage parle pour moi puisqu’il me regarde avec cet air surpris. Non mais, c’est une romance bon sang pas un bad trip sexuel que je dois écrire. Je secoue vivement la tête de droite et de gauche pour marquer mon arrêt rapide. Je coule un regard vers April qui tapote ses lèvres de son index, les yeux ailleurs, au loin. On dirait…qu’elle réfléchit. C’est vrai ?


— C’est hyper original comme idée, commence-t-elle à soulever.


— Addie pourrait déconstruire les idées reçues ! Puis son éditrice veut du spicy, là ça dépote ! s’exclame Tim surexcité par son envie.


Et moi, quelqu’un a envie de savoir si je suis excitée par l’idée ?

Si envoyer mes personnages sur un site de rencontres libertines – et donc moi hein ça ne trompe personne – ça me tente ? Je regarde ces deux larrons si fiers et contents à se projeter sur mon prochain best-seller que je pourrais presque afficher un petit sourire. Tim colle son corps au comptoir et pose sa tête entre ses mains alors que ses coudes reposent sur le bar. Il boit les paroles de ma meilleure amie qui commence à lui expliquer que c’est un monde qui lui paraît très intriguant.


Ils se lancent tous les deux dans tous les sujets que je pourrais aborder dans mon manuscrit grâce au thème du libertinage. Je ne les écoute que d’une oreille, trop absorbé par mon cerveau qui mouline. Des expressions filtrent : « La liberté des culottes par le libertinage ! », « On pourrait carrément penser à une sortie en club… », « Et si ses personnages tombaient réellement amoureux comme ça ? », « Parler d’une autre forme de sexualité et d’intimité », « Ne pas cantonner le couple au missionnaire », « A bats le missionnaire, les culottes en l’air ! », « Et les pénis en l’air, ça passe aussi ? ».


Je m’arrête d’écouter après cette dernière phrase. Je contemple mes deux amis et je m’interroge.


Comment mon projet imposé peut-il les animer bien plus que moi ? Je n’arrive pas à déterminer pourquoi je ne ressens pas cette adrénaline, cette impatience qui s’emparent habituellement de moi lorsque je me lance dans un nouveau projet.


Ma conscience me rappelle que l’on m’a imposé d’écrire cette fois-ci et pas n’importe quoi puisque l’on me demande quelque chose que je n’ai jamais écrit. On me demande du hot. Du sexe. Moi, la nana romantique et féministe, qui écrit soit du fleur-bleue soit de l’engagé. Je suis cette femme pleine de paradoxes.


Je suis capable de valoriser le body positive car c’est à mes yeux essentiel pour s’accepter, pour faire la paix avec son corps et le lendemain matin commander des gélules pour m’aider à perdre de mon ventre et choisir la livraison prime. Je peux imaginer et rêver de héros sexy et passionnant, aussi engagé que généreux tout en étant célibataire, seule sur mon canapé avec un pot de glace et m’être fait larguer non pas pour une femme mais pour un homme.

Tout est possible et j’en suis l’incarnation même. En revanche, la possibilité que cette idée figure dans mon prochain livre est faible. Je n’arrive pas à réellement envisager cette idée comme probable. Je n’y connais rien en sexualité disons moins classique.


— Tu en penses quoi, Addie ?


— Hein ?


Tim et April m’observent comme une biche prise dans l’étau du prédateur. Je n’ai rien écouté des dernières minutes frénétiques qu’ils ont échangé. J’imagine cependant sans mal le sujet.


— D’inclure le monde libertin dans ton roman ? Et si Elle décidait d’avoir des rencontres légères, elle devrait passer par un site spécialisé, pas Tinder et autres sites de rencontres.


— Il faut que l’objectif soit clairement énoncé, insiste Tim en soutien à April.


— Mais enfin, je n’y connais rien en libertinage…murmuré-je par peur d’être entendue par des clients.


— ça s’apprend !


— Moi, je peux te dire ce que j’en sais !


Ils ont parlé tous les deux en même temps. April la première suivie de Tim. Ils sont vraiment raccords. Je me sens presque obligée de mettre davantage de mots sur mes doutes et mes craintes.


— Votre idée est originale, je le concède facilement. En revanche, je ne peux pas envoyer mon personnage sur un site libertin.


— Et pourquoi pas ? me contre ma meilleure amie.


— Je n’y connais rien, bon sang. Sans compter que…est-ce que ce monde plaît au lectorat ? Est-ce que je vais vraiment pouvoir détonner avec une telle histoire ? C’est déjà un gros challenge pour moi d’écrire du spicy mais là…


— Addie, faut prendre le problème dans l’autre sens, je crois, me dit Tim doucement.


April m’attrape une main et la glisse entre les siennes avec délicatesse. Tim, notre super barman et nouvel ami, montre également son soutien sans faille en posant sa main sur la nôtre. Il reprend d’une voix calme :


— Et si tu te demandais simplement si à toi, ça pouvait éveiller les sens et plaire ?


— Je…


— Addie, je sais que ça n’a pas été très souvent l’explosion de paillettes au lit ou tout du moins que tu ne te souviens plus de cette période mais…


— Merci, coupé-je April en me renfrognant.


— Mais, tu dois te sentir sexy pour être sexy et pour écrire du sexy. Si tu veux que ça matche, tu vas devoir pousser plus loin. Tu dois en savoir vraiment plus sur les sensations, sur le partage des corps et cet état de communion psychologique que peuvent créer les orgasmes ! clame-t-elle haut et fort.


Je sens mes joues s’empourprer avec fureur. Bonjour, femme de vingt-sept ans avec la capacité de gestion sexuelle d’une pucelle de quinze ans. Femme libre ok sur les idées mais la pratique ce n’est pas encore très affirmé.


Mon éducation sexuelle presque inexistante. Mes parents avaient trop jugé ce sujet de tabou pour parler contraception, protection, sensibilisation ou juste amour physique. On peut aimer avec le cœur et le corps et l’un comme l’autre s’apprend.


— Je ne me sens pas sexy, Ap’. Je ne me sens pas désirable, je me sens juste avachie dans ma vie.

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4 commentaires

Chloézoccola

-

Il y a un an

:)

sandrine13

-

Il y a un an

Rhoo je les adore tous les trois 🥰 ça va chauffer

Hopeless_

-

Il y a un an

🩵

Emeline Guezel

-

Il y a un an

🥰
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