Fyctia
Chapitre 18 : Louise
Nous quittons le club aux alentours de cinq heures du matin, la bonne ambiance de la soirée se lit sur nos visages. L’insouciance du moment me ramène plusieurs années en arrière où la vie d’adulte n’était qu’un horizon inconnu. Je m’agrippe au bras de Clara, qui comme moi, peine à marcher malgré que nos chaussures soient déjà dans nos mains.
Un peu plus loin, Hugo saute sans cesse du trottoir à la route en se filmant sur son portable. Soan le suit de près comme s’il était chargé de le surveiller, mais pas suffisamment pour voir venir la chute, car la seconde suivante son pied loupe la marche et il s’étale dans un buisson qui longe la route.
Un rire commun éclate sur le parking du club, alors que je m’empresse de sortir mon portable pour le prendre en photo. Les fesses dans la haie, les jambes en l’air, le cliché est mémorable. Hugo ne peut s’empêcher de rire aussi et il semble être le plus éméché de nous quatre.
— Aidez-moi, hurle-t-il en gigotant dans tous les sens. Au secours ! Je me fais manger par Groot ! Au secours !
Je continue de rire en tendant une main dans sa direction, sans prévenir il tire tellement fort dessus que je trébuche et manque de m’écrouler sur lui. Par chance, Soan m’attrape de justesse par la taille et me tire en arrière. Puis il aide notre ami à sortir du buisson sans grande difficulté. Je continue de rire comme une baleine en prenant des clichés à tout va.
— Merci quand même d’avoir essayé de me sauver, lâche Hugo en sautant sur moi.
Je sursaute et mon portable s’échappe de ma main pour s’écraser sur le visage de Soan. Ce dernier me lance un regard en biais en se massant le nez, tandis qu’Hugo me serre dans ses bras en posant sa tête sur mon épaule, tel le grand enfant qu’il est. La vérité c’est que je suis bien trop bourré pour me sentir embarrassé par la situation.
—Il était beaucoup trop fort pour nous… murmure-t-il à mon oreille avant de se reculer.
J’éclate de rire en gardant son bras autour du mien, sans savoir lequel de nous deux je tente de stabiliser Nous continuons d’avancer tant bien que mal et Hugo continue de déblatérer sur Groot et ses acolytes jusqu’à ce qu’une voiture noire se stationne devant nous.
— Oh merde, on va se faire kidnaper !
— C’est sûr ! acquiescé-je en reculant d’un pas.
Clara s’approche en titubant et ouvre la porte côté passager en nous lançant un regard amusé.
— Calmez-vous, j’ai appelé Uber, on rentre à l’appart.
Hugo saute de joie en me repoussant pour monter dans la voiture, tandis que je m’écrase contre le torse de Soan. Sa chaleur m’enveloppe et mes muscles se relâchent immédiatement, c’est soudain si confortable que j’aimerais ne plus bouger et m’endormir là. Mais qu’est-ce que je raconte ? J’étouffe un rire face à cette pensée ridicule sans me redresser pour autant.. De son côté, il tente de garder une expression sérieuse, mais un sourire en coin ourle ses lèvres fines. Son regard émeraude capture le mien et je m’y perds immédiatement. Mon cœur bât à cent à l’heure dans ma poitrine, ma respiration devient erratique et je sens un désir longuement enfoui remonter lentement à la surface. Je mets ça sur le compte de l’alcool, peut-être que ça pourrait me servir d’excuse si j'osais… Non ! Le champagne ne me fera pas perdre de vue que je ne peux pas raviver quelconque sentiment. Il n’en reste pas moins mon premier amour et ça je ne saurais l’oublier.
— On devrait y aller, dit-il sans me quitter du regard.
— Pas possible.
— Pourquoi ?
Je réfléchis une seconde pour trouver une excuse afin de rester blotti dans ses bras quelques minutes de plus.
— J’ai perdu mes chaussures.
— Elles sont dans ta main, rétorque-t-il secoué d’un léger rire.
Pour vérifier, je bouge mes doigts et ressens bien le contact avec les lanières de mes talons.
— Ah oui !
Dommage…
Il prend ma main et tient la portière arrière pour m’inciter à entrer dans le véhicule. Je m'exécute avec difficulté et rejoins Hugo qui est des plus joyeux, dansant en rythme avec la musique du chauffeur. Ce dernier nous ordonne de mettre notre ceinture et on s’empresse d'obéir.
— C’est amusant comme prénom Uber, lâche mon ami en se penchant vers le chauffeur.
— Je m’appelle Bento.
— Bento Uber, continue Hugo en prononçant plusieurs fois de suite. Vos parents ne vous aiment pas vraiment.
Le chauffeur ne renchérit pas, sans doute habitué aux clients alcoolisés. Le trajet jusqu’à l’appartement se fait sans encombre, je me laisse bercer par la route et ferme les yeux. C’est notre colocataire le plus éméché qui finit par me réveiller.
— C’était parfait ! Merci Bento Uber !
Sans plus attendre il sort de la voiture en claquant la porte avant de courir comme un dément le long de la rue, puis il s’arrête et se penche dangereusement vers le sol pour ramasser un trésor invisible.
— Je me dévoue pour sauver Indiana Jones, lâche Soan en levant les yeux au ciel.
Il sort de la voiture à son tour. Je lance un regard en direction de Clara, et nous pouffons en observant la scène. Soan s’agite dans tous les sens pour empêcher Hugo de s’étaler la tête la première.
Bento se tourne vers nous, dans l’attente de je ne sais quoi.
— Quarante-sept euros et dix-huit centimes, finit-il par dire.
— Waouh, c’est cher, m’écrié-je sans gêne.
— C’est la taxe vodka ma petite dame.
— C’était du champagne, s’indigne Clara avant de tendre sa carte bleu au chauffeur.
Une fois le paiement effectué, nous rejoignons nos amis. Soan aide Hugo à se redresser et l’accompagne jusqu’à l’appartement. Nous les suivons de loin, mes pieds me font mal et j’ai affreusement envie de dormir. Je m’agrippe au garde-corps des escaliers pour atteindre l’étage, tandis que Clara s’accroche marche par marche. Une fois en haut, on entend plusieurs bruits de chute derrière nous qui raisonnent dans la cage d’escalier. D’un geste commun on tourne la tête vers la source du bruit et on découvre les chaussures à Clara tout en bas.
— Tant pis, déclare-t-elle en terminant de grimper les marches.
Nous atteignons le séjour au moment où Soan sort de la chambre de Hugo.
— Il est couché, nous informe-t-il.
En guise de réponse je baille largement avant de lâcher mes talons et me traîner jusqu’à ma chambre. Je ne prends pas la peine de me changer et m’écroule directement sur mon lit fait. Je reste ainsi à écouter les bruits qui résonnent dans l'appartement. Après quelques minutes, ou deux heures pour ce que j’en sais, deux coups s’abattent sur ma porte et je réponds par un grognement inintelligible.
— Tout va bien ?
— Au top, validé-je en me contentant de lever un pouce en l’air.
Le rire de Soan me parvient comme une mélodie dont j’avais oublié l'existence.
— Bonne nuit alors, dit-il en commençant à refermer la porte derrière lui.
— Soan ?
Il ouvre de nouveau la porte et je me tourne légèrement pour l'apercevoir.
— J’ai passé une super soirée, merci.
— Bonne nuit Louise.
Le sourire qu’il m’adresse avant de fermer la porte me réchauffe le cœur et m’aide à m’endormir.
4 commentaires
Elisha Lowann / Myrtille Lalau
-
Il y a 2 ans
Jessie Moon auteure
-
Il y a 2 ans
Annie.
-
Il y a 2 ans
Maryline PIAUD
-
Il y a 2 ans