Fyctia

On a trouvé une boulangerie pas très loin de l'hôtel. On a tous les deux opté pour une tarte au saumon. Je n'en avais jamais goûté avant mais c'était succulent.

- Regarde Hazel. Il y a un banc là-bas. indiqua-t-il pendant qu'on sortait de la boulangerie. On s'assoit un peu là ?

- Je veux bien.

La vue n'était pas particulièrement belle. Le banc donnait sur une rue. Mais le moment restait beau tant que j'étais en présence d'Ethan.

- On peut parler de ce qui s'est passé avant qu'on sorte ? proposais-je.

- Tu parles de notre baiser ou de ce que je t'ai raconté ?

- Je parlais du baiser. Si tu veux qu'on parle de ce que tu m'as dit, on peut.

- Non, je veux pas en parler plus. De toute façon, il n'y a plus rien à dire.

- Si tu as besoin de moi n'importe quand par rapport à ça ou n'importe quoi d'autre, n'hésite pas. Je suis là pour toi.

- Merci beaucoup Hazel. répondit-il. Revenons-en au sujet principal. Nous.

L'entendre dire "nous" me fit sourire. Je savais très bien ce que ça signifiait. Ça représentait tout ce qu'on était l'un pour l'autre.

- Je voulais juste savoir ce que ça représente pour toi, Ethan.

- Tu as encore des doutes sur ce que ça voulait dire ?

Je levai les épaules.

- Hazel, je suis dingue de toi. Depuis le premier jour. Dès que je t'ai vue assise dans ce bar, mon cœur n'a fait qu'un tour. Certes, je t'ai trouvée magnifique, mais il y avait autre chose. C'était comme si je te connaissais déjà. J'avais l'impression d'avoir retrouvé ce que j'avais perdu. Tu as...

- ... complété mon âme. le coupais-je.

- Comment tu as deviné ?

- Parce que c'est exactement ce que j'ai ressenti. Je ne voulais pas me l'avouer au début. Quand tu es reparti à Londres la première fois, j'ai senti une partie de moi s'en aller avec toi. Elle est revenue quand je t'ai revu. Quand tu es parti la deuxième fois, je ne pouvais plus refouler mes sentiments. Je t'aimais. Je t'aimais depuis le début.

Il s'approcha de moi et m'embrassa. Ce baiser me procura autant de plaisir que le dernier. Je retrouvais la même passion dans les deux, enfin les trois en comptant celui du cinéma. Lui aussi avait été magique.

- Ethan, j'ai une question ? interrompis-je.

- Pose là.

- Qu'est-ce qu'on est du coup ?

- On est ce que tu veux qu'on soit.

- Mais je ne sais pas ce que je veux. mentis-je.

Je savais pertinemment ce que je voulais. Je voulais qu'on soit ensemble, pour de vrai. Je ne voulais plus être sa fausse copine. Je voulais que quand il me présentait aux gens sous ce nom, ce ne soit pas un mensonge.

- Bien-sûr que tu le sais Hazel. On l'a toujours su. C'est bien pour ça qu'on n'a jamais eu de mal à faire semblant. On ne simulait pas vraiment.

- Dis-le.

- Quoi ?

- Dis-moi ce qu'on est avec des mots clairs. indiquais-je.

- Je suis ton copain Hazel. Et tu es ma copine. Pour de vrai. Ce n'est plus de la comédie.

Quand son regard croisa le mien, il me transperça. On ne se regardait pas dans les yeux. Ce sont nos âmes qui se regardaient. Elles faisaient ce qu'elles devaient faire depuis toujours. Elles se reconnaissaient et se reliaient. Notre amour était une évidence.

Le soir, nous n'avions eu aucun mal à nous coucher dans le même lit. On s'est allongés le plus près possible l'un de l'autre. On avait perdu tellement de temps à s'éloigner qu'on voulait maintenant rester collés.

Le vingt-et-un mars devint un des plus beaux jours de ma vie, mais aussi celui où j'avais brisé ma promesse la plus importante. Celle que je m'étais faite en sortant de ce vestiaire quatorze ans auparavant.