Fyctia
23. Ethan
Le lendemain, on s'est réveillés vers treize heures. J'avais toujours ma tête sur son torse au réveil. Sa main était posée sur mon dos. J'avais dormi habillé.
- Je vais me laver. expliquais-je.
- D'accord. répondit-il.
Je suis allée dans la salle de bains et j'ai pris une douche express. En moins de dix minutes j'étais déjà sortie.
- Je vais faire ce que tu m'as demandé Hazel. Je vais te parler.
J'étais soulagée de ne pas avoir eu à lui redemander de m'expliquer. Je ne voulais pas trop forcer même s'il le fallait.
- Je t'écoute Ethan. Prends ton temps.
Il a pris une profonde inspiration et a commencé.
- Tu te rappelles de Jenny ?
- La femme qui est venue te parler le lendemain de notre rencontre ?
- Oui elle. Tu te rappelles aussi qu'elle avait parlé de la sortie de ma mère ?
- Oui.
- Elle faisait référence à la prison. Ma mère est allée en prison.
Je restai interdite. Sa mère avait fait de la prison. Mais pourquoi ? Cette femme avait l'air totalement inoffensif.
- Tout se passait parfaitement bien entre mes parents, jusqu'à ce que je naisse. Je n'étais pas désiré. Ma mère m'avait aimé immédiatement, mais pas mon père… Il était jaloux. Il voulait ma mère pour lui tout seul. Il avait commencé à la frapper pendant sa grossesse en espérant qu'elle fasse une fausse couche. Mais ce n'est pas arrivé. Je suis né. expliqua-t-il.
Je l'écoutais avec attention. Je comprenais déjà que le reste du récit n'allait pas aller en s'arrangeant.
- Après ma naissance, mon père continuait de battre ma mère.
Je voyais que les larmes au coin de ses yeux n'allaient pas tarder à couler.
- Quand je suis entré à l'école, personne ne voulait rester avec moi. J'avais très peu de vêtements et n'avait pas le droit à une douche quotidienne. Dès le primaire, j'ai commencé à recevoir des coups de la part de mon père. Ma mère avait essayé de me défendre au début, mais quand elle le faisait, il la frappait deux fois plus fort. Alors, elle a arrêté de réagir. Je ne lui en veux pas, elle ne pouvait pas faire autrement. continua-t-il.
Une boule se forma dans ma gorge. J'avais envie de pleurer. Comment pouvait-on être aussi cruel ?
- En entrant au collège, je suis devenu le paria de l'établissement. J'étais la cible parfaite. Je puais, je ne me changeais pas, j'avais des énormes cernes et comme je mangeais seulement les restes des repas, j'étais squelettique. Je n'étais en sécurité nulle part. Où que j'aille, je me faisais tabasser. Si ce n'était pas à la maison, c'était à l'école. Certains professeurs ont remarqué qu’il y avait un problème. Les services sociaux sont passés à la maison mais il n’y avait rien de suspect. Mon père faisait toujours en sorte que rien ne soit visible. Les bleus étaient cachés sous les habits et la maison était occupée de tout ce qui était nécessaire.
La première larme coula sur sa joue.
- À partir de maintenant, je vais l'appeler George, il ne mérite pas le nom de père. Je l'ai utilisé au début, mais là, je ne peux plus. expliqua Ethan. C'est quand j'avais quinze ans que le drame s'est produit. Mon géniteur, George, était devenu complètement fou. Il était alcoolique et drogué. Le peu d'humanité qui lui restait l'avait quitté. Un soir, je mourrais de faim. Alors, je suis allé chercher à manger dans la cuisine le plus discrètement possible. Mais il m'a entendu. Il est arrivé avec une ceinture à la main. Il m'a battu avec. Il frappait tellement fort que je saignais. Je l'ai supplié d'arrêter, mais mes ça ne l’a pas arrêté. Ça l'a excité. Il a commencé à me déshabiller et là, j'ai compris ce qu'il allait faire. J'ai hurlé le plus fort possible. Ma mère m'a entendu et est venue.
Ses larmes coulaient à flots. J'ai pris sa main et il l'a serrée. Comme si c'était son seul soutien.
- Quand elle est arrivée, il... il me violait. Je ne réagissais plus. J'étais complètement mort de l'intérieur. Je ne pourrais t'expliquer exactement comment ça s'est passé car je n'étais pas totalement conscient, mais ma mère a poignardé George. Il s'est effondré. Il était mort. Ma mère m'a éloigné de lui et m'a pris dans ses bras. Elle a directement appelé la police pour se dénoncer. Ils l'ont arrêtée. Elle a pris douze ans de prison. J'ai été placé en foyer. C'est là que j'ai commencé à me faire du mal. La scarification est devenue une addiction et n'est toujours pas partie. J'étais suivi par un psy, mais ça ne m'a pas empêché de faire plusieurs tentatives de suicide. Pour extérioriser ma souffrance, en plus de me faire du mal, j'enchainais les conquêtes. Je ne restais jamais plus d'un soir avec la même fille. J'avais essayé d'avoir une relation sérieuse, mais je n'étais pas amoureux. Je lui ai brisé le cœur.
Il me regarda dans les yeux.
- Je t'ai menti. J'ai déménagé à Londres pour repartir à zéro. Je ne voulais pas qu'on sache ce qui était arrivé à ma famille. Ma mère est sortie de prison en septembre de l'année de notre rencontre. Elle a décidé de rester vivre à New York, où elle a rencontré Billy. En réalité, je le trouve adorable. Il la rend heureuse. Je ne t'ai pas demandé de fêter Noël avec moi pour le supporter. C'était pour que ma mère soit encore plus heureuse. Je n'ai pas encore réussi à me reconstruire totalement, mais ça va un peu mieux. Ma mère voulait que je vive normalement. Elle voulait que j'avance. Alors, je t'ai emmené à Noël pour qu'elle croie que je m'en sortais.
Je restais muette. J'étais bouleversée par son récit. Quand je voyais Ethan, il souriait toujours. Je n'imaginais pas que tant d'horreurs avaient pu lui arriver.
On pleurait tous les deux.
- Elle ne m'avait jamais vu heureux. Jusqu'à ce que tu entres dans ma vie. Hazel, je suis heureux en ta présence. avoua-t-il.
- Je te rends heureux ? demandais-je.
- Oui Hazel. Toute ma vie, j'ai eu l'impression d'être bloqué dans le noir, mais quand tu es entré dans ma vie, tu as allumé une allumette dans cette noirceur. Tu m'as apporté de la lumière.
Il m'a prise dans ses bras.
- Merci. souffla-t-il.
- Je suis tellement désolée pour tout ce qui t'est arrivé.
- Tu n'as pas à être désolée. Tu n'y es pour rien.
- Ethan, je te promets que tu vas t'en sortir. Je serai avec toi jusqu'au bout.
Sans prendre le temps de réfléchir, je rajoutai :
- Je t'aime Ethan.
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cedemro
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