Fyctia

- Que puis-je vous servir madame ?

- Votre alcool le plus fort s'il vous plaît.

- Je reviens tout de suite.

Même pas deux minutes après, le serveur m'apportait un verre de vodka. Je commençais à le boire quand un homme s'assit à côté de moi et demanda au serveur : "la même chose que la jeune fille à côté s'il vous plaît". Le serveur lui emmena et il but une gorgée avant de dire :

- Vodka, vous venez de vous faire larguer ?

Il avait l’air très sûr de lui et sa phrase le prouvait.

- On se connait ?

- Non mais on boit la même chose.

- Je n'y vois aucun rapport.

- Allez-vous répondre à ma question ? dit l’homme avec un sourire en coin.

En temps normal, je n’aurais jamais répondu à un inconnu qui essaye de se mêler de ma vie privée. Mais lui, c’était différent. Quelque chose d’inexplicable me poussait à lui parler.

Peut-être sa voix, elle était assez rassurante.

- Dans une discussion normale, on commence par un salut, ensuite, c'est le tour de la question des prénoms, la vôtre vient bien après.

- D'accord, je recommence. Salut, je m'appelle Ethan Wilson, j'ai vingt-sept ans, je suis architecte, j'habite à Londres, mais ma mère vît ici à New York, alors je viens la voir pour chaque Noël. À votre tour. répondit-il avec un air amusé.

- Salut, je m'appelle Hazel Foster, j'ai vingt-cinq ans, je suis avocate, et je n'habite pas loin d'ici.

- Parfait, Hazel, est-ce que je peux vous tutoyer.

- Si ça te fait plaisir Ethan.

- Donc tu peux répondre à ma question maintenant.

Il pencha légèrement sa tête vers la gauche et sourit.

- Je vais te répondre parce que j'ai l'impression que sinon tu ne me lâcheras jamais. Je n'ai jamais eu personne dans ma vie, de ce fait, non, je ne me suis pas faite larguer.

- Jamais eu personne dans ta vie, intéressant. Excusez-moi, monsieur, remettez-nous la même chose.

- Tu commandes déjà pour moi, impressionnant, tu as eu le coup de foudre.

- Voyons Hazel, on sait tous les deux que c'est toi qui l'as eu, tu projettes juste tes pensées sur moi.

En disant ça, il fit semblant de balancer ses cheveux en arrière. Il essayait d’imiter un faux air hautain, mais ses cheveux ne dépassaient pas ses oreilles, alors il envoya seulement l’air en arrière.

Le serveur nous a apporté les verres et le mien était aussi chargé que le premier qui m'avait déjà fait tourner la tête.

- Mais oui, bien sûr Ethan, je suis déjà folle de toi, je n'ai jamais eu de copain et j'adorerais vraiment que le premier habite une autre ville et ne vienne qu'une fois par an pour boire au comptoir d'un bar avec une inconnue, vraiment le rêve.

- Je sais Hazel, je suis l'homme parfait, pas besoin de me dire à quel point tu aimes déjà notre relation. Mais bon, avant le mariage, il faudrait déjà que je sache pourquoi ma future femme était assise dans un bar à boire de la vodka toute seule.

En arrivant dans ce bar, j’étais sur les nerfs, mais depuis son arrivée j’étais détendue. Tellement détendue que j’allais lui expliquer d’une manière très calme la raison de ma venue ici et de mon énervement.

- Je suis la ratée de ma famille. Mon frère et ma sœur sont mariés et ont des enfants, certes, ils ont très mal choisi avec qui faire leur vie, mais au moins, ils ont une vie normale d'après mes parents. Pendant une dispute, je leur ai dit que j'emmènerai mon copain, qui est parfait, pour manger avec tout le monde durant le réveillon alors que je n'ai absolument personne. Et toi, pourquoi t'es venu à côté de moi ?

- Chère Hazel, je me suis assis ici parce que tu m'avais l'air désespérée et je l'étais aussi. Ma mère a un nouveau compagnon absolument détestable et je dois le supporter pour le repas du vingt-cinq décembre à midi. Et voyons, ne dis pas de bêtise, tu l'as juste en face de toi ton copain parfait.

- Sans vous vexer, cher époux, je parle sérieusement.

- Moi aussi, j'ai une proposition, je sauve ton soir de réveillon et tu sauves mon midi de Noël. Ça te va ?

Je ne comprenais pas comment il pouvait rendre sa proposition réelle, il n’y avait aucune solution. Pourtant la réponse m’intriguait.

-Explique toi.

- J'ai vu un film un jour, une fille avait besoin d'un homme à présenter à sa famille, alors un inconnu se faisait passer pour son copain pendant les fêtes de toute l'année. Moi, je te propose de modifier ça, je suis à New York seulement pour Noël, j'ai besoin de compagnie pour supporter mon repas et toi de présenter un copain. Alors, chaque année, pour Noël, tant qu'on n'a pas trouvé autre chose, je sauverai ton repas et toi le mien. Il n'y a aucune obligation de se parler en dehors de Noël, mais pour cette fête, on joue nos rôles.

- Ça ne marchera jamais.

- Tu préfères annoncer à ta famille que ce fameux copain parfait n'est que le fruit de ton imagination ? dit-il en levant les sourcils.

- Non, bien sûr que non. Je ne sais pas si j'accepte uniquement parce que je suis bourrée avec ces deux verres, mais j'accepte. Tu es mon faux copain parfait de Noël et moi ta fausse copine parfaite de Noël, c'est ça ?

- Exactement. On a du pain sur la planche, il faut qu'on se connaisse parfaitement dans une semaine. Je suis désolé de t'apprendre que tu vas devoir répondre à toutes mes questions.

- Et toi aux miennes.

On a passé la soirée à se raconter l'intégralité, ou presque, de nos vies, pour ne pas dire n'importe quoi pendant nos deux repas. On a continué à boire, mais de l'alcool moins fort et on a échangé nos numéros de téléphone et nos réseaux sociaux. Puis complètement souls, on est rentré à pied jusqu'à nos appartements respectifs. Heureusement qu'aucun de nous deux n'habitait loin ni ne travaillait le lendemain. Je n'aurais jamais pensé qu'un inconnu dans un bar sauverait mon repas de réveillon, je dirais même ma vie. Ma famille allait croire que j'avais enfin un copain et me prendrait moins la tête avec ça.